Que penser de l'action Michelin sur le long terme ? Faut-il investir ? Notre éclairage.
Bien connue pour son logo Bibendum, la société Michelin est née en Auvergne en 1889 (la même année que l'inauguration de la Tour Eiffel). Elle fait aujourd'hui partie des 40 plus grosses entreprises de France en termes de capitalisation boursière.
À la fin du XIXème siècle, l'entreprise familiale Michelin était spécialisée dans la production de patins et courroies pour les freins de vélos et de voitures à cheval. C'est en rencontrant des difficultés à réparer le pneu d'une bicyclette qu'Edouard Michelin a eu l'idée de créer des pneus démontables. Un concept révolutionnaire, qui sera rapidement mis en lumière par les courses cyclistes de l'époque.
L'essor du caoutchouc va aussi aider Michelin à sans cesse améliorer ses pneus. Ce qui signera le point de départ de la croissance exponentielle de l'entreprise et l'inclusion de l'innovation comme part importante de son identité.
Michelin, dont le siège social est toujours basé à Clermont-Ferrand, s'est hissé en quelques décennies parmi les leaders mondiaux des pneus. Aujourd'hui, le groupe est implanté dans 18 pays et emploie plus 120 000 personnes à travers le monde. L'on trouve ainsi des usines Michelin en France mais aussi en Chine, aux États-Unis, en Inde, au Brésil etc.
La stratégie de Michelin repose notamment sur l'innovation constante et la croissance externe. D'un côté, l'entreprise améliore sans cesse la technologie de ses pneumatiques et de l'autre, elle acquiert d'autres sociétés à l'activité connexe.
Le succès de Michelin s'est bâti à partir de l'invention du pneu démontable. Au fil des décennies, la société a poursuivi ses efforts en matière de recherche et développement. On lui doit par exemple l'invention du pneu radial qui équipe presque toutes les voitures aujourd'hui, ou celle des pneus mixtes été/hiver. Procédés, matériaux, types de pneus font ainsi l'objet d'une innovation permanente :
- Pneus de véhicules, de la bicyclette à la formule 1 (deux-roues, pneus miniers, agriculture...),
- Pneus d'avions,
- Pneus les plus grands du monde pour équiper les engins de chantier XXL,
- Pneus Uptis increvables sans air...
L'entreprise détient notamment les marques Michelin, BFGoodrich, Kleber, Uniroyal et Taurus.
Si l'activité pneus représente la majorité du chiffre d'affaires de Michelin, l'entreprise est depuis longtemps entrée dans une stratégie de diversification. Elle a ainsi développé des activités connexes sur le thème de la route. L'on compte par exemple :
- La chaîne de distribution de pneus Euromaster,
- Des sites Internet de vente de pneus,
- Les cartes routières, complétées à l'heure du numérique avec le site ViaMichelin,
- Les fameux Guides Michelin, dont le plus connu est le "guide rouge" qui attribue des étoiles aux restaurants (le vert concerne les lieux à visiter).
Ces deux activités sont portées par la filiale Michelin Travel Partner.
Michelin développe également l'étendue de ses activités en rachetant des sociétés existantes. L'on compte par exemple :
- la société Flex Composite Group (FCG), qui produit des matériaux composites avancés notamment pour les bateaux,
- Le site spécialiste des pneus "Allopneus",
- Le site de réservation de restaurant BookaTable,
- Mais surtout des entreprises liées aux pneus comme la start-up française AirCaptif acquise en 2016 ou le fabriquant canadien Camso acheté en 2018 pour 1,25 milliard d'euros.
Cette stratégie de croissance externe n'est pas nouvelle. Elle fait même partie de l'ADN de Michelin : en 1935, l'entreprise avait déjà racheté Citroën alors au bord de la faillite. L'ère Michelin-Citroën est notamment marquée par les lancements de la Traction, la 2CV ou la DS. La marque de voiture sera absorbée par Peugeot en 1975 après moult péripéties.
Fidèle à son ancrage local, Michelin a également racheté le club de rugby ASM Clermont en juin 2023.
Les actions Michelin sont celles de la société en commandite par actions (SCA) COMPAGNIE GÉNÉRALE DES ÉTABLISSEMENTS MICHELIN.
En 2020, suite à la crise sanitaire, l'entreprise avait annoncé un recul des ventes de 15 %, soit 20 milliards d'euros. Malgré tout, la société avait continué à générer des bénéfices, bien que divisés par près de trois. La société a fini par rapidement retrouver ses marges, avec un résultat supérieur en 2021 à celui de 2019.
En 2022, Michelin a réalisé un chiffre d'affaires de 28,59 milliards d'euros en 2022 (+20% en un an), avec un bénéfice de 2,01 milliards (+8,6%). Début 2023, les résultats de la société ont continué de progresser. Ces hausses sont notamment dues à l'augmentation des prix, qui fait plus que compenser la croissance des coûts liés à l'inflation.
Hors la période particulière de 2020 dans un contexte de pandémie, le résultat net est en progression depuis au moins 2018. Le taux de distribution a fluctué pour se stabiliser à 44% sur les deux dernières années. Ainsi, le dividende par action a progressé, atteignant 1,25€ en 2022 (contre 0,50 € en 2019), soit un taux de rendement de 4,80% (dividende sur cours de l'action au 31/12).
Pour 2023 et 2024, les estimations de dividende net par action sont supérieures à 4,5%. Le bénéfice par action pourrait augmenter de 15 % en 2023, puis de 4 % en 2024 selon les analystes. Ces données restent toutefois des estimations et ne constituent en aucun cas des garanties de rendement. Comme pour tout investissement sur les marchés financiers, rien n'est garanti et le risque de perte du capital investi est toujours présent.
Le cours du titre a beaucoup fluctué en 5 ans. L'action Michelin était d'abord passée de 21,68 € en 2018 à 36,04 € en 2021. Après une progression continue, le titre avait chuté en février 2022 suite à la crise en Ukraine, comme la plupart des valeurs boursières. Alors qu'elle dépassait brièvement les 38 euros en janvier, l'action Michelin s'était ainsi enfoncée jusqu'à 22 € en septembre 2022.
Depuis, le titre remonte lentement, oscillant entre 26 et 30 euros, cap que l'action a toujours du mal à franchir au début de l'automne 2023.
Les analystes financiers sont globalement positifs pour l'action Michelin dans les mois qui viennent. Si le cours reste bien en dessous de son plus haut historique (102,54€ lorsque l'entreprise avait remporté un contrat de 1,7 milliard de dollars avec le Pentagone en 2007), l'objectif à 3 mois se situe autour de 32,8 €. Le consensus aboutit sur le fait de "renforcer" la position.
Si l'on prend du recul, fin septembre 2023, la progression du cours de l'action Michelin a été de 10% sur 5 ans et de 43% sur 10 ans.
Le score ESG prend en considération les risques extra-financiers qui pèsent sur une entreprise. Il s'agit de risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (impact sur l'environnement, qualité du management, conditions de travail, émissions de CO2...). Des agences de notation spécialisées passent au crible les process et stratégies des entreprises pour déterminer ce score.
Le groupe s'est notamment engagé dans une vision "durable" de son activité au sein d'un plan d'ambition pour 2030, nommé Michelin in Motion. Il a ainsi défini des ambitions et indicateurs sur les trois piliers qu'il a choisis : « People, Profit, Planet ».
On y retrouve par exemple la volonté d'atteindre zéro émission de CO2 nette ou atteindre la circularité des produits d'ici 2050 (illustrés notamment par des efforts de R&D pour créer des pneus biosourcés, etc). Selon les données de la société, Michelin serait en bonne voie, ayant par exemple réduit ses émissions totales de carbone depuis au moins trois ans.
En 2023, Michelin recueille les fruits de cette stratégie avec de bons scores et un consensus qui s'oriente sur un risque ESG faible. La société jouit de bonnes notes sur presque tous les indices (changement climatique, sécurité de l'eaun management...). Michelin est d'ailleurs la société qui présente la meilleure note du secteur automobile européen sur 38 groupes analysés.
Sur le marché, la société Michelin est généralement considérée comme solide. Ses produits sont reconnus mondialement. Son image est bonne, un baromètre Posternak/Ifop de 2023 plaçant Michelin comme "l'entreprise ayant la meilleure image auprès des Français".
Même si le groupe est loin des polémiques, Michelin poursuit régulièrement la restructuration de son activité, ouvrant et fermant des sites et usines. Le 31 décembre 2020, une usine de pneus de poids lourds fermait à la Roche-Sur-Yon après 48 ans de présence. En 2021, le groupe indiquait vouloir supprimer jusqu'à 2.300 postes en France dans les 3 ans.
Fin 2022, la société annonçait "supprimer 451 postes en France, dont plus de 300 à Clermont-Ferrand et 50 à Cholet" d'après Ouest-France. "L'entreprise va supprimer 313 postes sur les sites de son siège, à Clermont-Ferrand, 51 postes à Cholet, 30 à Troyes ou encore 25 au Puy-en-Velay. Tout cela dans le cadre de la troisième année de son « plan de simplification et de compétitivité »."
D'autres sites ont été mis plusieurs fois en arrêt partiel sur quelques semaines en 2022 pour faire face à la baisse de la demande.
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