En ce mois de juin 2025, une tendance discrète se confirme dans les stratégies d'achat immobilier : la réhabilitation du crédit sur 25 ans comme solution d'accès ou d'optimisation budgétaire. Après des mois de tension, les emprunteurs retrouvent des marges de manœuvre grâce à des taux stabilisés et des critères d'octroi plus souples. Le prêt long terme, longtemps réservé aux profils les plus jeunes ou les moins aisés, gagne aujourd'hui une légitimité nouvelle, dans un marché qui cherche son équilibre.
Les prêts longue durée retrouvent des taux accessibles
Depuis le début de l’année 2025, les taux immobiliers ont nettement reculé. Sur les prêts d’une durée de 25 ans, le taux moyen est passé de 3,40 % en janvier à 3,05 % en juin pour les meilleurs profils selon le réseau de conseillers immobiliers
Capifrance, soit une baisse de 35 points de base en six mois. Cette tendance reflète une dynamique globale de détente, amorcée fin 2024 sous l’effet d’une politique monétaire plus accommodante de la Banque centrale européenne, qui a abaissé son taux directeur à 2 % le 5 juin, marquant sa huitième baisse consécutive en un an. Sur le marché, le taux « de marché » autour de 3,98 % selon les baromètres Cafpi.
Le choix des 25 ans, réponse budgétaire à un marché encore tendu
Si les taux redeviennent accessibles, les prix de l’immobilier, eux, restent élevés dans de nombreuses zones, notamment en Île-de-France et dans les métropoles régionales. Dans ce contexte, le crédit sur 25 ans devient un levier d’ajustement budgétaire. Il permet à de nombreux ménages, notamment les primo-accédants, d’accéder à la propriété en conservant des mensualités compatibles avec leur reste à vivre.
À titre d’exemple, un emprunt de 250 000 € au taux de 3,15 % sur 25 ans génère une mensualité de 1 205 €, contre 1 450 € sur 20 ans et 1 750 € sur 15 ans. Cette économie de mensualité, parfois vitale pour le budget des ménages, s’accompagne néanmoins d’un allongement du coût total du crédit.
Cette stratégie est aujourd’hui facilitée par la révision du Prêt à Taux Zéro (PTZ), élargi en 2025 pour soutenir les projets résidentiels, et par un assouplissement progressif des critères bancaires : meilleure prise en compte des situations professionnelles stables, frais de dossier allégés, politiques commerciales plus actives des établissements régionaux.
Un outil de solvabilité… mais pas sans contrepartie
Prolonger la durée du crédit permet de maximiser le pouvoir d’achat immobilier, mais au prix d’une charge d’intérêts accrue sur la durée totale du prêt. En moyenne, un financement sur 25 ans coûte 25 % plus cher qu’un prêt sur 15 ans. Cette réalité doit être intégrée dès le montage du projet, notamment pour les investisseurs et les ménages souhaitant conserver de la flexibilité.
Autre limite : la durée augmente le risque de décrochage en cas d’événement de vie (séparation, baisse de revenus, aléas professionnels). Les banques y sont attentives et réservent les meilleures conditions aux emprunteurs dont la stabilité est avérée. De même, une revente anticipée peut fragiliser la rentabilité du projet si le capital remboursé est encore faible.
Dans ce contexte, les profils à la frontière de l’acceptabilité bancaire – jeunes actifs en mobilité, ménages avec enfants, indépendants – doivent aborder le financement long avec un conseiller capable d’anticiper les scénarios de sortie.
25 ans : levier d'achat ou instrument d'optimisation patrimoniale ?
Loin d’être une solution par défaut, le prêt sur 25 ans devient aussi un outil d’arbitrage patrimonial. En allégeant la mensualité, il permet à certains emprunteurs de conserver une capacité d’épargne, de lisser leurs flux ou d’allouer leur capital à d’autres projets : assurance-vie, SCPI, diversification mobilière.
Ce raisonnement concerne surtout les profils patrimoniaux, investisseurs locatifs ou ménages disposant d’un apport conséquent. En optimisant le ratio entre endettement et placements, ils peuvent tirer profit du levier du crédit tout en sécurisant leur horizon financier.
La flexibilité croissante de certains prêts (modulation des échéances, remboursement anticipé partiel sans pénalités) renforce encore l’intérêt du financement long comme solution d’ajustement.
Le retour du crédit sur 25 ans en 2025 ne se résume pas à un effet d’aubaine conjoncturel. Il traduit une recomposition plus profonde des arbitrages immobiliers dans un marché encore tendu. Pour les acheteurs comme pour les investisseurs, cette durée redevient un levier pertinent pour ajuster le couple mensualité/effort d’épargne, à condition d’en maîtriser les conséquences à long terme. Si la BCE maintient sa politique favorable cet été, la fenêtre reste ouverte. Mais nul ne sait combien de temps.