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TRIBUNE. - Par Sabine Girault, Gérante chez HMG Finance. Dans un environnement de plus en plus influencé par l'instant et les modes, le pays du Soleil Levant proposer des opportunités insoupçonnées aux investisseurs astucieux. Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°3.
Dès son début, la décennie 2020 a été pour le moins mouvementée : crise planétaire de la COVID-19, écroulement des Bourses mondiales puis redressement, guerre en Ukraine, conflit au Moyen-Orient, crise institutionnelle en France, à laquelle le second acte du trumpisme pourrait d’ailleurs donner quelques insomnies, si l’on écoute le discours offensif envers l’Europe de J. D. Vance, le vice-président américain.Dans un environnement financier de plus en plus influencé par l’instant et les modes, le pays du Soleil Levant apparaît, comme à son habitude – tout en paradoxes et en contradictions –, proposer des opportunités insoupçonnées aux investisseurs astucieux, mais rationnels, souhaitant s’extraire de l’émotion du moment. Quelques lieux communs : pays sans croissance (0,42 % de croissance annuelle moyenne entre 1980 et 2024), population vieillissante, natalité atone.Mais aussi « japanisation » de la jeunesse occidentale via la nourriture, la J-pop, les mangas et autres dessins animés. L’ouverture au monde du marché japonais est de plus en plus grande, les sociétés japonaises communiquent de plus en plus en anglais et le pays bat chaque année son record de touristes accueillis.
Le Japon est un perpétuel contraste : tradition et modernité, art de la lenteur et frénésie urbaine, capitalisme sans complexe, mais importance également du « sh?shin koy? », ou « emploi à vie ». Un peu d’histoire : au début des années 1990, le Japon connaît ce qu’il appellera plus tard une « décennie perdue ». La bulle spéculative qui portait la Bourse et l’immobilier japonais explose avec fracas, une partie significative des investissements quitte le pays, l’avance technologique du Japon se réduit alors. Pour la première fois, le Japon fait l’expérience du chômage « de masse » avec 5,5 % des actifs, car la crise, couplée à une faible consommation domestique, ruine aussi bien les retraités, dont les biens ont vu leur valeur chuter, que des sociétés excessivement endettées par leurs crédits immobiliers.
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De nombreux dirigeants d’entreprises, principalement dans les sociétés de taille moyenne ou petite, après avoir souffert durant cette période, décident alors de renforcer, parfois jusqu’à l’excès, la solidité et la solvabilité de leurs sociétés : les trésoreries se renforcent jusqu’à devenir pléthoriques, et les actifs immobiliers sont alors évalués très prudemment. Près de vingt années de stagnation boursière s’ensuivront, le Nikkei 225 ne retrouvant son niveau de 1990 qu’en 2023. Cela est de bon augure en termes de timing : les investisseurs étrangers sont à nouveau à l’écoute des indices nippons, une première depuis 2013, le prix moyen des actions (ou PE / Price Earning, ou la valorisation divisée par le bénéfice net) est bon marché, autour de 13 fois les résultats, et les fondamentaux paraissent particulièrement solides.
Un segment de valeurs japonaises est pourtant peu étudié : celui des petites et moyennes capitalisations, celui-là même qui a bénéficié des mesures vertueuses de solidification de ses actifs. Le marché est immense : 2 123 valeurs cotent au Topix, l’indice de référence japonais. À titre de comparaison, la Bourse française ne recense que 844 valeurs, tous marchés confondus.Si la résilience de ces sociétés est une force à saluer, l’excès de prudence peut conduire à une stagnation des cours de Bourse au détriment des actionnaires, car le capital économisé ne produit pas de richesse. C’est ici que le régulateur/la place de marché – le Tokyo Stock Exchange –, conscient de l’anomalie capitalistique, va intervenir à partir de 2020, et en accentuant la pression à partir de début 2024.
Constatant des trésoreries parfois supérieures aux capitalisations, des actifs immobiliers aux prix non réévalués, le TSE va ainsi enjoindre nombre de sociétés d’améliorer sensiblement leur cours de Bourse via des rachats d’actions, des OPA ou autres opérations visant à se revaloriser afin de mieux refléter les valeurs d’actifs. Au total, sur 3 939 sociétés au Japon, la moitié se négocient en Bourse à un prix inférieur à leur actif net. Actuellement, on identifie plus de 600 sociétés qui cotent moins de 80 % de leur actif net comptable. Tous les secteurs sont concernés, toutes les tailles de sociétés, avec un biais néanmoins prononcé pour les petites et moyennes capitalisations.
Dans cet univers de sous-évaluation clairement identifié par le régulateur, deux thèmes apparaissent spécialement porteurs, quoiqu’assez confidentiels et peu médiatisés ces dernières années : les semi-conducteurs et l’intelligence artificielle ! Le Japon a de nombreux arguments : leader mondial de l’électronique, des process organisationnels efficaces et des sociétés de petites et moyennes capitalisations souples et réactives qui, comme en France, sont également bien meilleur marché en Bourse que les grandes capitalisations.L’identification des sociétés les plus décotées permettra à l’investisseur malin de découvrir un univers de croissance insoupçonné, qui ne demande qu’à se revaloriser sensiblement grâce à l’effort soutenu du TSE pour améliorer l’efficience de l’allocation du capital.La patience mène à la floraison, dit un dicton japonais. Après avoir assisté à trois décennies d’accumulation de liquidités inexploitées, les investisseurs japonais comme étrangers vont voir leurs investissements susciter l’attention, l’intérêt, et peut-être même l’admiration.
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