CAC 40 :
7 834,58 pts
+0.21%


Dernière mise à jour : 25/07/2025 - 17h39
Annonce
Assurance vie




🏠 Accueil   ➤    Finance

L’action Tesla confrontée à un double défi : contraction des revenus et incertitudes réglementaires

En repli de plus de 21 % depuis le 1er janvier, l'action Tesla souffre d'un climat défavorable conjuguant baisse des volumes, pression sur les marges et attentes contrariées sur le développement du Robotaxi. La publication des résultats du deuxième trimestre 2025 n'a pas dissipé ces tensions, bien au contraire.

L’action Tesla confrontée à un double défi : contraction des revenus et incertitudes réglementaires
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Mis à jour le 26-07-2025 12:26 | Publié le 26-07-2025 12:02

Une dégradation brutale des fondamentaux financiers

La publication des résultats de Tesla au deuxième trimestre 2025 marque une rupture dans la trajectoire de croissance à laquelle les investisseurs étaient habitués. Le chiffre d’affaires global recule de 12 % sur un an, à 22,5 milliards de dollars, tandis que les revenus de la branche automobile chutent de 16 %, à 16,7 milliards. Les autres divisions compensent partiellement ce recul : les services (dont la recharge) progressent de 17 % et l’énergie limite son repli à 7 %TSLA-Q2-2025-Update. La rentabilité est particulièrement affectée. Le résultat opérationnel ressort à 923 millions de dollars, en baisse de 42 %, et la marge opérationnelle chute à 4,1 %, contre 6,3 % un an plus tôt. Le bénéfice net GAAP s’établit à 1,17 milliard de dollars, soit un BPA de 0,33 dollar, en retrait de 18 % sur un an. Le free cash flow plonge à seulement 146 millions de dollars contre 1,34 milliard un an plus tôtTSLA-Q2-2025-Update. En cause : la baisse des volumes livrés, une hausse des dépenses R&D sur les projets d’intelligence artificielle et de robotique, mais aussi la diminution des crédits réglementaires (439 millions contre 890 millions au T2 2024). Le nombre de véhicules livrés au trimestre est en recul de 13 %, avec une chute marquée sur les modèles haut de gamme (-52 %)TSLA-Q2-2025-Update. Autre signal d’alerte : l’allongement des stocks. Les jours de stock passent de 22 à 24, alors même que le groupe peine à soutenir la demande dans un contexte de fin de subventions. L’inventaire progresse, et la tension sur les prix moyens se renforce, affectant l’absorption des coûts fixes. Enfin, le groupe ne donne pas de prévision de volumes pour l’ensemble de l’année 2025. Une prudence notable, motivée selon Tesla par l’incertitude sur les politiques commerciales, budgétaires et douanières au niveau mondialTSLA-Q2-2025-Update.

Annonce
Assurance vie

Robotaxis, subventions, modèle à bas prix : des promesses en suspens

La conférence téléphonique suivant la publication a concentré les inquiétudes. Elon Musk a reconnu que Tesla pourrait traverser « quelques trimestres difficiles », citant notamment la fin du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars aux États-Unis, prévue le 30 septembre 2025. La suppression de cet avantage fiscal, décidée dans la loi de finances de l’administration Trump, affecte directement la compétitivité des véhicules électriques et pourrait peser sur la demande jusqu’en 2026TSLA-Q2-2025-Update. Le directeur général a néanmoins réitéré sa conviction que le salut viendrait du robotaxi. Le service a été officiellement lancé en juin à Austin, avec une flotte limitée et un conducteur de sécurité embarqué. Tesla a aussi annoncé la première livraison autonome d’un véhicule neuf. Mais ces avancées restent très encadrées : le régulateur californien a immédiatement rappelé que Tesla n’avait pas l’autorisation de transporter du public dans des véhicules autonomes, qu’il s’agisse de trajets gratuits ou payantsTSLA-Q2-2025-Update. Ce flou réglementaire s’ajoute aux incertitudes opérationnelles. Le robotaxi, rebaptisé « Cybercab », n’entrera en production qu’en 2026. La version mobile de l’application a été lancée, mais reste pour l’instant réservée à une poignée de testeurs à Austin. Elon Musk évoque un déploiement national d’ici fin 2025, mais toujours « sous réserve d’approbation réglementaire ». La prudence s’impose : l’autorité américaine de la sécurité routière (NHTSA) a demandé à Tesla des explications sur plusieurs incidents récents liés à la conduite autonomeTSLA-Q2-2025-Update. Par ailleurs, le lancement attendu d’un véhicule plus abordable dès le second semestre 2025 suscite aussi des doutes. Bien qu’il doive élargir la clientèle potentielle, le modèle à bas prix pourrait cannibaliser la Model Y, aujourd’hui best-seller de la marque. Plusieurs analystes, dont ceux d’UBS, craignent un effet dilutif sur les marges unitaires. Tesla devra prouver qu’il peut maintenir la rentabilité en augmentant les volumes tout en réduisant les prixTSLA-Q2-2025-Update.


Newsletter Ideal Investisseur
Comme 21 000 investisseurs,
Rejoignez le briefing quotidien d'Idéal Investisseur !

Je m'inscris


Une valorisation encore élevée malgré la correction

Au 25 juillet 2025, l’action Tesla cote 316,06 dollars, en repli de 21,74 % depuis le 1er janvier. Le cours reste supérieur au consensus de 313 dollars. Mais les dernières séances ont été marquées par une forte volatilité : -4,4 % après publication, puis -8,3 % en séance le lendemain. En dépit de cette baisse, la valorisation de Tesla reste exigeante. Le titre se paie encore plus de 75 fois le bénéfice par action annualisé du deuxième trimestre. Même sur la base du BPA non-GAAP (0,40 $ sur le T2), le PER reste supérieur à 50, ce qui laisse peu de place à la déception. Certes, Tesla dispose d’un bilan solide : 36,8 milliards de dollars de trésorerie et d’investissements liquides, une dette nette quasi nulle, et des capacités de production globales dépassant les 2 millions de véhicules par an. Le groupe continue aussi de croître dans l’énergie, avec un chiffre d’affaires de 2,79 milliards de dollars sur le T2 et des déploiements de Megapack records pour le 12e trimestre consécutifTSLA-Q2-2025-Update. Mais la dynamique actuelle n’est pas favorable. La marge brute recule (17,2 %, contre 18 % il y a un an), les coûts de production restent sous tension, et la croissance de la branche « Services et autres » n’équilibre pas encore les baisses dans l’automobile. L’attrait des investisseurs pour Tesla reposait jusqu’ici sur une trajectoire de croissance fulgurante et une expansion technologique. La réalité du moment est plus prosaïque : baisse des volumes, concurrence accrue (BYD, Nio, Stellantis, GM) et cadre réglementaire encore flou pour l’autonomie. Tesla reste une valeur à part, entre constructeur automobile, plateforme logicielle et projet d’IA. Mais le marché commence à réclamer des preuves tangibles sur la rentabilité de ces paris technologiques.



Une trajectoire boursière qui appelle à la prudence

Le positionnement de Tesla en portefeuille dépendra désormais davantage du profil de l’investisseur que de la simple promesse de croissance. Pour un investisseur contrariant, la baisse actuelle peut constituer un point d’entrée à condition d’accepter une forte volatilité et des résultats possiblement décevants à court terme. Pour un portefeuille plus défensif ou axé rendement, Tesla semble inadaptée, du fait de sa faible visibilité et de l’absence de dividende. Le second semestre 2025 sera déterminant : montée en cadence du modèle à bas prix, réponse du marché américain à la fin des subventions, avancées réglementaires sur le robotaxi… autant d’éléments susceptibles d’influencer fortement la valorisation. À ce stade, Tesla traverse un « entre-deux » stratégique : trop chère pour une entreprise en ralentissement, trop risquée pour un investisseur prudent, mais potentiellement sous-évaluée si ses paris technologiques se concrétisent. Le point d’inflexion pourrait venir de l’Europe ou de la Chine, où Tesla espère obtenir les autorisations nécessaires pour déployer son système FSD (Supervised). Mais d’ici là, le titre risque de rester sous pression, tiraillé entre innovation et réalité financière.

Assurance vie