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La Bourse de Paris a vécu une séance particulièrement difficile ce lundi 26 août 2025, dans la foulée de l'annonce par François Bayrou de son intention de solliciter un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre prochain. L'indice phare français a ouvert en forte baisse, reflétant les craintes des investisseurs face à l'instabilité politique grandissante. La perspective d'une possible chute du gouvernement et l'incertitude sur l'adoption du plan d'économies budgétaires de 44 milliards d'euros ont alimenté les tensions sur les marchés financiers. Dans ce contexte tendu, la dispersion des performances s'avère particulièrement marquée entre les secteurs, révélant des stratégies d'investissement différenciées selon l'exposition des entreprises aux risques politiques et économiques français.
Le secteur bancaire français paye le prix fort de l'annonce de François Bayrou, subissant des chutes spectaculaires qui reflètent directement les inquiétudes des investisseurs sur la stabilité financière du pays. Société Générale s'effondre de 6,70%, suivie de près par Crédit Agricole qui perd 5,56% et BNP Paribas qui recule de 5,23%. L'assureur AXA n'échappe pas non plus à la défiance, chutant de 5,20%, pénalisé par les mêmes inquiétudes concernant la trajectoire budgétaire française. Les analystes soulignent que ces titres souffrent particulièrement des anticipations d'une possible dégradation de la note de crédit française par les agences de notation, scenario qui rendrait plus coûteux le refinancement de l'État et pèserait sur la valorisation des portefeuilles obligataires détenus par ces institutions financières. Le spread (écart) entre les taux français et allemands, indicateur clé de la confiance des marchés, s'est d'ailleurs creusé pour atteindre 0,77 point, témoignant de cette défiance croissante envers la signature française.
Paradoxalement, alors que la majorité des valeurs du CAC 40 souffrent de la crise politique, les géants du luxe français parviennent à tirer leur épingle du jeu avec des performances positives. Kering mène la danse avec un gain de 1,29%, suivi par LVMH qui progresse de 0,97% et Hermès International qui avance de 0,77%. Cette résistance du secteur du luxe contraste avec les difficultés récentes évoquées par les analystes, notamment les défis rencontrés sur le marché chinois et la baisse de la demande mondiale. L'Oréal complète ce tableau positif avec une hausse de 0,43%, démontrant que les valeurs orientées vers les marchés internationaux parviennent à échapper, du moins temporairement, aux turbulences politiques françaises. Cette performance peut s'expliquer par plusieurs facteurs : d'une part, ces groupes génèrent l'essentiel de leurs revenus à l'international, les rendant moins sensibles aux soubresauts politiques hexagonaux, et d'autre part, les investisseurs pourraient y voir des valeurs refuges dans un contexte d'incertitude. Sanofi, avec un gain de 0,60%, bénéficie également de cette logique de diversification géographique, le géant pharmaceutique étant largement internationalisé et moins dépendant de la conjoncture politique française que d'autres secteurs.
Les entreprises les plus exposées à l'économie française domestique subissent de plein fouet les conséquences de l'instabilité politique. Vinci, géant du BTP et des concessions, s'effondre de 5,43%, reflétant les inquiétudes sur l'impact potentiel des mesures d'austérité budgétaire sur les investissements publics et les grands projets d'infrastructure. Thales plonge de 4,09%, pénalisé par sa forte dépendance aux commandes publiques, notamment dans le domaine de la défense, secteur pourtant épargné par le gel des dépenses gouvernementales prévu pour 2026. Les services et la distribution ne sont pas épargnés : Teleperformance perd 3,74%, Edenred chute de 3,87%, tandis qu'Accor recule de 2,53%. Ces performances négatives témoignent des craintes sur la consommation intérieure française dans un contexte de rigueur budgétaire annoncée. Saint-Gobain, spécialisé dans les matériaux de construction, s'enfonce de 2,74%, victime des inquiétudes sur le secteur du bâtiment français déjà fragilisé. Orange perd 2% dans un secteur des télécommunications. Cette large dispersion des performances illustre la nervosité des marchés face à un environnement politique incertain qui pourrait durablement affecter la trajectoire économique française.