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Entre politiques de taux divergentes, retour du protectionnisme et chasse au rendement, les marchés obligataires s’apprêtent à vivre un second semestre sous haute tension. Les experts d’Insight Investment (BNY) livrent leur diagnostic.
Le scénario de base pour les 12 prochains mois ? Une sous-performance des obligations européennes par rapport à leurs homologues américaines. C’est ce qu’anticipe Harvey Bradley, co-directeur des investissements taux chez Insight Investment (BNY).Pourquoi ? Parce que la Banque centrale européenne (BCE) a entamé son cycle d’assouplissement monétaire plus tôt que la Fed. Elle a désormais une longueur d’avance. Résultat : les taux européens ont déjà intégré une bonne partie de la détente, alors que les rendements des bons du Trésor US à 10 ans pourraient encore grimper à mesure que la Fed se met en mouvement.Pour les investisseurs, cela implique une revalorisation potentielle des obligations américaines dans les portefeuilles, notamment en termes de rendement total. Un écart de cycle qui crée un arbitrage géographique rare sur le marché des taux.
Mais la question des rendements ne peut être isolée de celle des tensions commerciales. Pour Peter Bentley, responsable mondial du crédit chez BNY, le retour structurel du protectionnisme américain, même sous forme de droits de douane minimaux à 10 %, constitue un risque majeur pour les chaînes d’approvisionnement, la croissance et l’inflation. Les marchés ont peut-être tort de l’ignorer, avertit-il : « Une forme de complaisance s’est installée depuis le rebond post-avril. »Sur le front du crédit en euros, en revanche, April LaRusse note une dynamique toujours porteuse : résilience des bénéfices, stabilisation de l’inflation, et surtout, un volume record d’émissions en mai, au plus haut depuis le printemps 2020. La demande est telle que les spreads se sont resserrés et devraient encore baisser. « La chasse au rendement va s’intensifier », prévient-elle.Mais attention aux excès : la compétition entre investisseurs risque de compresser les primes de nouvelles émissions, rendant plus difficile la détection d’opportunités réellement attractives. La sélection de titres devient primordiale.Enfin, Adam Whiteley, responsable mondial du crédit, alerte sur les effets asymétriques des nouveaux tarifs douaniers : certaines entreprises, comme les télécoms, resteront stables malgré tout. D’autres, plus exposées à l’international, verront leur rentabilité fortement érodée. Il recommande de privilégier une approche par valeur relative, plutôt que des paris directionnels globaux.