Wall Street en ordre dispersé : les semiconducteurs et la santé tirent leur épingle du jeu

Les semiconducteurs et la santé en première ligne des hausses

Analog Devices s'est imposé comme le champion de la séance avec une envolée spectaculaire de 6,26%, portant le titre à 244,87 dollars. Cette performance exceptionnelle fait suite à la publication de résultats trimestriels qui ont largement dépassé les attentes, avec des revenus en hausse de 25% à 2,88 milliards de dollars et une croissance à deux chiffres sur tous les segments d'activité. Le groupe de semiconducteurs a su tirer parti de la reprise de la demande industrielle et de sa stratégie d'innovation sur l'edge computing intelligent.

Le secteur de la distribution pharmaceutique n'était pas en reste, avec McKesson qui s'adjugeait 3,85% pour clôturer à 702,94 dollars. Cette progression s'inscrit dans une dynamique favorable pour le distributeur de médicaments, porté par des volumes de prescriptions robustes et ses acquisitions stratégiques dans l'oncologie.

Medtronic complétait ce trio de tête avec une progression de 3,69% à 93,22 dollars, soutenu par l'annonce d'une prise de participation du fonds activiste Elliott Management, qui voit dans le spécialiste des dispositifs médicaux un potentiel de création de valeur significatif malgré des résultats trimestriels en demi-teinte.

Intel et Target victimes des incertitudes sectorielles

À l'opposé du spectre, Intel subissait un revers cuisant de 6,99%, ramenant l'action à 23,54 dollars. Le géant des puces cristallise toutes les inquiétudes liées aux tensions géopolitiques et à la dépendance technologique américaine. Les discussions évoquées par le secrétaire au Commerce Howard Lutnick concernant une possible prise de participation de 10% par l'État fédéral en échange des subventions du CHIPS Act ont semé le trouble parmi les actionnaires, craignant une dilution de leurs positions. Cette perspective intervient paradoxalement au moment où SoftBank injecte 2 milliards de dollars dans la société, témoignant d'une confiance dans le redressement du groupe.

Target accusait également un repli marqué de 6,33% à 98,69 dollars après avoir dévoilé des résultats trimestriels décevants. Le distributeur américain pâtit d'un environnement de consommation difficile, avec des ventes comparables en recul de 1,9% et un bénéfice par action tombé à 2,05 dollars contre 2,57 dollars l'année précédente. Cette contre-performance illustre les défis auxquels font face les enseignes de distribution dans un contexte inflationniste persistant et de changement des habitudes d'achat des consommateurs américains.

Jackson Hole dans tous les esprits des investisseurs

Cette dispersion sectorielle s'inscrit dans un contexte macroéconomique tendu, marqué par l'attente du symposium de Jackson Hole qui débute ce jeudi. Les minutes de la réunion de juillet de la Fed, publiées mercredi, ont révélé les préoccupations persistantes des responsables monétaires concernant l'impact inflationniste des tarifs douaniers de l'administration Trump. Les décideurs ont souligné que les effets tarifaires devenaient plus apparents dans les données économiques, alimentant une hausse des prix des biens tandis que l'inflation des services continuait de ralentir.

Cette configuration complexe place Jerome Powell dans une position délicate pour son discours de vendredi, les marchés anticipant une baisse de taux de 25 points de base en septembre, sans aucune certitude. La rotation observée des valeurs technologiques vers les secteurs plus défensifs témoigne d'une prudence accrue des investisseurs face aux incertitudes politiques et économiques. Les analystes soulignent par ailleurs la déconnexion croissante entre les performances boursières et la réalité économique, le S&P 500 évoluant encore près de ses plus hauts historiques malgré un ralentissement tangible de l'activité économique américaine et un marché du travail qui montre des signes d'essoufflement.