Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Longtemps symbole de puissance industrielle et d’innovation, l’automobile européenne traverse une zone de turbulences sans précédent. Entre recul des ventes, transition énergétique coûteuse et concurrence chinoise agressive, le secteur semble pris en étau.
Avant la pandémie, l’Europe immatriculait près de 18 millions de véhicules neufs par an. En 2025, les prévisions tablent sur seulement 14,9 millions d’unités, soit l’équivalent des marchés italien et espagnol perdus en cinq ans. Cette baisse traduit le double effet de l’inflation et du renchérissement du crédit automobile, qui rendent l’achat d’un véhicule neuf de plus en plus difficile pour les ménages. Beaucoup se tournent désormais vers l’occasion ou repoussent leur décision d’achat.La transition énergétique impose en parallèle un effort colossal. Sous l’impulsion des réglementations européennes, la fin des moteurs thermiques est programmée pour 2035. Les constructeurs doivent donc investir massivement dans les batteries, les logiciels et de nouvelles plateformes de production, alors même que leurs marges sont affaiblies par la baisse des volumes. Problème : la demande pour les véhicules électriques reste en deçà des attentes. En Allemagne, le marché recule depuis la fin des subventions publiques, et le prix élevé des modèles continue de freiner les consommateurs.« L’automobile européenne fait face à une équation impossible : moins de ventes, plus d’investissements, et une demande électrique qui patine », résume Antoine Fraysse-Soulier, analyste marché chez eToro.
La troisième menace est venue de l’extérieur : la Chine. En 2025, le pays produira plus de véhicules que les États-Unis et l’Europe réunis. Ses constructeurs, tels que BYD, Nio ou SAIC, bénéficient d’une avance stratégique dans les batteries et proposent des modèles souvent 20 à 30 % moins chers que leurs équivalents européens. Résultat : leurs parts de marché progressent rapidement sur le Vieux Continent.Les Japonais et les Coréens tirent aussi leur épingle du jeu, grâce à une offre hybride et électrique jugée plus fiable et accessible. L’Europe, elle, paie son retard stratégique dans la filière batteries et sa dépendance persistante vis-à-vis de l’Asie.Côté image, seules Mercedes et BMW semblent encore résister grâce à leur haut de gamme. Volkswagen, Renault et Stellantis souffrent, eux, d’un déficit de crédibilité face à Tesla et aux nouveaux entrants asiatiques, plus agiles et innovants. Ce qui fut longtemps un héritage industriel protecteur – la puissance des marques historiques – devient une faiblesse face à des concurrents capables de bousculer les codes en quelques années.
Le salut pourrait venir d’une montée en gamme et d’une réorganisation plus agile. Une meilleure intégration dans la chaîne de valeur des batteries et logiciels apparaît indispensable pour éviter un déclassement durable. Faute de quoi, l’automobile européenne pourrait perdre son statut de pilier économique et social du continent.