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Le prochain plan quinquennal place la haute technologie au cœur du modèle économique chinois. Une transition stratégique pour remplacer l’immobilier comme moteur de croissance.
Les signaux révélés par le plénum sont clairs : la Chine entre dans une phase d’accélération technologique sans précédent. Selon les données compilées par DWS, la part de la haute technologie dans la demande finale totale va atteindre 18,3 % du PIB dès 2026, soit presque le double de son poids d’il y a dix ans. Cette progression n’est pas anecdotique. Elle reflète un repositionnement structurel : remplacer un moteur de croissance épuisé — l’immobilier — par un secteur dont la productivité est appelée à porter l’avenir économique.Entre 2022 et 2024, la fabrication de haute technologie a apporté 1,1 point de croissance annuelle au PIB chinois. À l’inverse, le secteur immobilier a amputé la croissance de 1,7 point en moyenne chaque année sur cette même période. Le contraste illustre le changement d’ère : l’immobilier, longtemps pilier du modèle chinois et responsable de 30 à 35 % de l’activité, tombe désormais sous la barre des 20 %. Dans le même temps, la densité des robots industriels progresse de 50 % en cinq ans, la Chine domine les demandes mondiales de brevets, et concentre 70 % des octrois mondiaux liés à l’IA en 2023.Ces chiffres traduisent une ambition géopolitique autant qu’économique. Pékin veut réduire sa dépendance aux technologies étrangères dans les domaines jugés critiques : microprocesseurs, communications, électronique avancée, robotique, informatique industrielle. Le virage vise à la fois l’industrie civile et les applications stratégiques, dualité au cœur du modèle chinois. L’innovation devient ainsi un levier de souveraineté.
La stratégie chinoise ne se limite toutefois pas à la montée en puissance technologique. Le prochain plan quinquennal donne aussi une place centrale au secteur des services, déjà responsable de plus de la moitié de la croissance, mais encore sous-développé face aux standards des économies avancées. Les autorités identifient des poches de demande inexploitées dans les services à la personne, l’éducation, la santé, le tourisme ou l’hôtellerie. Dans ces secteurs, la demande dépasse encore largement l’offre.Pour Elke Speidel-Walz, économiste en chef marchés émergents chez DWS, le gouvernement chinois œuvre aussi à renforcer la demande intérieure. Cela passe par l’augmentation du revenu disponible des ménages, des réformes de la sécurité sociale et une meilleure redistribution. L’objectif : réduire le taux d’épargne élevé, véritable frein à la consommation. Pékin espère que le tissu technologique, plus productif et moins intensif en dette que l’immobilier, générera des salaires plus élevés, des recettes fiscales plus dynamiques et une consommation plus robuste.
L’ensemble dessine une Chine en transition : une Chine qui cherche à concilier productivité, souveraineté technologique et élargissement de la consommation intérieure. Reste une question clé : ce nouveau modèle pourra-t-il offrir une croissance aussi ample et régulière que celle qu’a permise l’immobilier pendant deux décennies ? Si la réponse n’est pas encore certaine, la direction est claire. La Chine fait le pari du futur plutôt que celui du béton.