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Pékin lance une réforme inédite pour endiguer la spirale déflationniste provoquée par la surproduction. Contrairement à 2015, cette fois-ci c’est le secteur privé, moteur de l’économie, qui est ciblé.
Depuis plusieurs mois, les signaux se multiplient : la Chine est engluée dans une dynamique de déflation. En août, l’indice des prix à la consommation ressortait à -0,4 %, confirmant la faiblesse de la demande intérieure. Le chômage des jeunes a atteint près de 19 %, un record depuis 2023. Le secteur immobilier, toujours sous pression depuis 2021, peine à se redresser : les ventes de logements résidentiels reculent, et les prix dans le neuf continuent de baisser.
Dans ce contexte, les ménages épargnent plutôt que de consommer. L’enquête trimestrielle de la banque centrale chinoise (PBOC) montre que la prudence domine, accentuant le ralentissement de l’activité. En toile de fond, la guerre commerciale avec les États-Unis alimente l’incertitude et réduit les marges de manœuvre.
Le gouvernement de Xi Jinping a identifié un problème structurel : les surcapacités industrielles. Dans plusieurs secteurs stratégiques – batteries, véhicules électriques, panneaux photovoltaïques, acier –, la production a largement dépassé la demande mondiale. Conséquence : des prix en baisse, des marges comprimées et, pour la première fois depuis plus de vingt ans, 23 % des entreprises industrielles chinoises déclarent des pertes.
La nouvelle politique, baptisée « anti-involution », vise à enrayer cette spirale. L’« involution », concept importé du monde académique, désigne une concurrence excessive et improductive, où la course aux volumes détruit la rentabilité.
Pour Pékin, l’enjeu est double :
Restaurer la profitabilité des entreprises pour qu’elles puissent investir et innover.
Soutenir les prix afin de sortir du piège déflationniste.
La stratégie repose sur la consolidation des secteurs en surproduction. Dans les véhicules électriques, plutôt que de freiner brutalement l’offre, l’État veut encourager une montée en gamme : investissement dans l’intelligence embarquée, développement de la conduite autonome et normes de sécurité renforcées dès 2026. Dans d’autres industries comme le ciment ou les modules solaires, l’approche sera plus classique, avec une réduction progressive des capacités.
La démarche rappelle la « réforme de l’offre » engagée en 2015, quand la Chine avait drastiquement réduit ses capacités de production dans l’acier et le charbon. Cette politique avait permis de relancer les prix après plus de quatre ans de déflation industrielle.
Mais les différences sont de taille. En 2015, les excès de production concernaient essentiellement les entreprises d’État. En 2025, ce sont les entreprises privées – qui représentent 60 % du PIB et 80 % des emplois – qui se retrouvent au cœur de la réforme. La marge de manœuvre budgétaire est également plus étroite : la dette publique atteint désormais 100 % du PIB, après plusieurs plans de relance successifs. Enfin, la crise immobilière reste irrésolue, ce qui pèse sur la confiance des ménages.