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Dernière mise à jour : 21/11/2025 - 17h35
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Volatilité américaine : pourquoi le CAC a décroché sans raison européenne

Le décrochage du CAC40 en fin de semaine a surpris par son absence d'explication locale : aucune statistique européenne, aucun choc sectoriel, aucun événement politique ne justifiait une telle nervosité. C'est donc du côté des États-Unis qu'il faut regarder.

Le point marché d'IG France montre comment une flambée soudaine de la volatilité — alimentée par l'incertitude sur la politique monétaire de la Fed et par les effets prolongés du shutdown gouvernemental — a suffi à contaminer l'ensemble des marchés européens. Une séance emblématique d'un contexte où la micro-news américaine peut réduire à néant toute rationalité européenne.

Volatilité américaine : pourquoi le CAC a décroché sans raison européenne
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par | Publié le 24-11-2025 06:30

Le VIX explose, le CAC s’effondre mécaniquement

La séance qui a vu le CAC40 glisser sous les 7 900 points a d’abord été un mouvement de contagion. IG France rappelle que l’indice VIX — baromètre de la volatilité américaine sur le S&P 500 — a soudain bondi de 12 %, atteignant un sommet intraday supérieur à 28. Cette poussée n’est pas un simple bruit de marché : elle signale un changement brutal d’appétit pour le risque à Wall Street, souvent annonciateur d’une aversion synchronisée en Europe.

Le caractère frappant de cette séance est qu’aucun indicateur européen n’expliquait la correction. Ni les PMI, ni les chiffres d’inflation, ni les publications d’entreprises n’avaient de quoi justifier un tel repli. Le CAC a été entraîné dans un mouvement extérieur, un phénomène relativement fréquent lorsque les marchés américains réagissent violemment à un changement de ton des banques centrales.

L’élément déclencheur est venu des déclarations de plusieurs membres de la Réserve fédérale. Beth Hammack, présidente de la Fed de Cleveland, a rappelé que “abaisser les taux d’intérêt pour soutenir le marché du travail pourrait prolonger la période d’inflation élevée”, envoyant un signal clair : la Fed ne souhaite pas être perçue comme tolérante face à l’inflation. Ce discours a cassé les anticipations de détente monétaire : la probabilité d’une baisse de taux en décembre, qui dépassait encore 80 % début novembre, est tombée à 30 % selon les données d’IG.

La sensibilité des marchés à ces commentaires souligne un changement d’équilibre : après avoir longtemps parié sur une Fed conciliatrice, les investisseurs doivent désormais intégrer l’hypothèse d’une politique monétaire durablement restrictive. Un changement de narratif toujours difficile à absorber.

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Shutdown : un brouillard macro qui inquiète Wall Street

Le point marché souligne un autre facteur, plus politique : le shutdown fédéral et ses effets inattendus sur la publication des statistiques économiques. Le Bureau of Labor Statistics (BLS) a confirmé que le rapport sur l’emploi de novembre — l’un des indicateurs les plus attendus par les marchés — ne serait publié que le 16 décembre, soit après la réunion de la Fed. Une situation inédite, qui plonge la banque centrale dans un “no man’s land ” statistique au moment même où elle doit décider d’un ajustement monétaire.

Cette absence de visibilité nourrit la volatilité. Une banque centrale qui manque d’informations clés devient mécaniquement plus imprévisible, ce que les marchés détestent. L’épisode renforce également l’idée que l’économie américaine entre dans une zone grise : ni franchement récessionniste, ni réellement en surchauffe, mais trop brouillée pour que les modèles traditionnels soient fiables.

La Maison-Blanche est consciente du risque politique. Selon IG, l’exécutif étudie la possibilité d’un versement exceptionnel de 2 000 dollars à destination des ménages modestes pour compenser l’effet du shutdown. De même, certaines taxes douanières sur des produits alimentaires de base ont été temporairement suspendues, non pour répondre à un enjeu commercial structurel, mais pour calmer une opinion publique exaspérée par l’inflation alimentaire. Ces mesures d’urgence ont été perçues comme un aveu de fébrilité plutôt que comme un soutien durable.

Les compagnies aériennes ont par ailleurs alerté les autorités sur un phénomène inattendu : des réservations très inférieures à la normale pour les fêtes, signe que la consommation américaine montre des signes de fatigue plus rapides que prévu. Dans un pays où la consommation représente plus des deux tiers du PIB, cette alerte ne passe jamais inaperçue.


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La fragilité de la consommation

Un enseignement important de la note d’IG France est que le narratif de marché a changé. Pendant près de deux ans, la tech — et plus spécifiquement l’IA — a servi de rempart psychologique aux investisseurs. Les géants américains ont porté les indices malgré des fragilités sous-jacentes. Mais l’accélération de la volatilité montre que cette armature psychologique se fissure. Le marché n’est plus en mode “tech first”, mais “macro first”.

Ce basculement a des implications directes pour l’Europe, dont les indices sont particulièrement sensibles aux variations d’appétit pour le risque global. Le CAC40, très exposé aux valeurs industrielles, cycliques et financières, réagit naturellement aux signaux envoyés par les États-Unis. En l’absence de catalyseurs européens, il devient un thermomètre du stress américain.

La flambée du VIX rappelle enfin que les marchés restent hypersensibles à la communication de la Fed. Une phrase mal interprétée suffit à déclencher des mouvements synchronisés. Jusqu’à nouvel ordre, c’est bien la banque centrale américaine — et non l’économie européenne — qui dicte le tempo du CAC40.