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Dans le cadre de son ambitieux plan de conquête commerciale, la Chine a scellé de nombreux accords avec la France. Xi Jinping, le Président de la République populaire de Chine, a été reçu par Emmanuel Macron, sur fonds d'inquiétudes européennes quant à la stratégie commerciale et financière menée par le pays.
La visite du président chinois aura permis de valider des accords commerciaux importants pour l'économie française. Le géant français de l'énergie, EDF, va investir 1 milliard d'euros dans deux projets de parc éolien en mer de Chine, non loin de la province du Jiangsu au nord de Shanghai, pour une capacité totale de plus de 500 mégawatts. En parallèle, l'entreprise a négocié un contrat pour l'exploitation du réseau de chaleur et de climatisation d'un quartier de la ville de Wuhan pour près de 100 millions d'euros. Un autre groupe français, Scheinder Electric, va coopérer avec Power Construction Corporation, un constructeur chinois, pour moderniser ses entreprises en Chine, Arabie saoudite et Dubaï. Ce contrat devrait lui rapporter jusqu'à 6 milliards d'euros.
Si les Chinois peuvent investir en Europe, il est encore impossible pour un étranger d'investir en Chine sans être associé à une entreprise locale ou un ressortissant. Ainsi BNP Paribas a signé un protocole d'accord avec Bank of China afin d'être présente sur le marché obligataire chinois. Grâce à cet accord ainsi qu'aux licences délivrées, ce contrat devrait rapporter 6 milliards d'euros sur les trois prochaines années. Dans le même temps, BNP Paribas et la société d'investissements française Eurazeo ont signé un pré-accord avec le groupe China Investment Corporation (CIC) pour créer un fond commun qui sera habilité à gérer un milliard d'euros afin d'appuyer le développement en Chine de groupes français.
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Ce contrat est le plus important signé par les deux pays. Il est même deux fois plus important que ce qui était prévu initialement. Airbus, le constructeur aéronautique européen, a confirmé une commande de 300 de ses appareils par des compagnies chinoises. Il y a un an, 184 Airbus A320 avaient déjà été commandés. Au total, l'entreprise China Aviation Supplies Holding Companya a signé un accord commercial portant sur 290 avions de type A320 et 10 A350. Le groupe Airbus n'a pas révélé le montant exact que représente le contrat avec CASC, mais, cela représente plus de 35 milliards de dollars, soit un peu plus de 30 milliards d'euros. Emmanuel Macron, s'est félicité de cette nouvelle en déclarant que « la conclusion d'un grand contrat pour Airbus est une avancée importante et un excellent signal (...) de la force des échanges entre la Chine et la France ».
En 2015, la Chine décrétait un embargo sur les volailles, invoquant les risques de la grippe aviaire. Les exportations avaient été stoppées net, mettant en difficulté des entreprises françaises. Avant cet épisode, 3570 tonnes de viande de volaille française étaient exportées annuellement, pour un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros selon l'organisme FranceAgriMer. Un nouvel accord négocié devrait permettre la reprise des exportations de pattes, têtes et ailes de poulets congelés français vers la Chine dans le courant de l'année.
Depuis 2013, la Chine développe une stratégie commerciale ambitieuse intitulée « les nouvelles routes de la soie ». Ce projet économique gigantesque a pour but d'offrir de meilleurs débouchés à la production commerciale du pays. Il devrait ainsi renforcer ses liaisons maritimes, digitales et ferroviaires en direction de l'Europe. Afin de parvenir à des résultats rapides et rentables, la Chine a décidé de prendre en charge la construction de ports, lignes de chemin de fer et aéroports. Le projet de création d'infrastructure stratégiques par une puissance étrangère n'est pas sans soulever des questions. D'autant que ce projet devrait représenter près de 1 000 milliards d'euros et toucher 4,4 milliards d'habitants. Soit l'équivalent de 62% du PIB mondial.
Le projet chinois inquiète fortement l'Europe qui craint une concurrence déloyale et une omniprésence du pays dans les secteurs commerciaux vitaux. Il faut rappeler que le contexte est tendu entre le Vieux Continent et la Chine. Alors que les pays européens ne semblaient pas établir une stratégie commune face à l'Empire du Milieu, le Parlement européen a approuvé le 14 février 2019 un cadre de contrôle des investissements étrangers dans l'UE dans les secteurs stratégiques (intelligence artificielle, télécoms, robotique...). Cette décision fait suite à l'inquiétude croissante des pays tels que la France, l'Allemagne et l'Italie, de voir des groupes étrangers acquérir à moindre coût et de façon déloyale des expertises et des technologies européennes clés (l'Allemagne avait été, en effet, très secoué par le rachat de l'industriel Kuka). Les pays européens vont ainsi rappeler à la Chine ses engagements en matière de réforme de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), en particulier pour faire bouger les règles en matière de subventions à l'industrie et de transferts de technologies. La Commission européenne prévoit aussi de proposer d'ici la fin de l'année de nouvelles mesures visant à encadrer la concurrence déloyale des investissements réalisés en Europe par des entreprises publiques ou par des États étrangers. Le prochain sommet Europe-Chine aura lieu le 9 avril.