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Le crowdfunding immobilier traverse sa première crise



La crise immobilière provoque de nombreux retards sur les projets financés grâce au crowdfunding. Les investisseurs font part de leur inquiétude.


Temps de lecture : 3 minute(s) - | Mis à jour le 24-04-2024 17:01 | Publié le 24-04-2024 16:42  Photo : Adobe Stock  
Le crowdfunding immobilier traverse sa première crise

Des délais de remboursement qui s'allongent

Rude période pour le crowdfunding immobilier. La hausse des taux a provoqué un effondrement des achats immobiliers, notamment dans le neuf (-38,4% en 2023 selon la Fédération des Promoteurs Immobiliers - FPI). Les promoteurs voient progresser leurs stocks d’invendus. Les chantiers, qui ne peuvent débuter qu’au-delà d’un certain seuil de commercialisation, sont à l’arrêt. Les marges se réduisent. Les plans sociaux annoncés par des géants comme Vinci Immobilier, Nexity et Bouygues Immobilier témoignent de la gravité de la situation.

À l’autre bout de la chaîne, ces décalages ont des conséquences pour les particuliers qui ont investi en crowdfunding immobilier. D’ordinaire, le délai entre la souscription et le remboursement excède rarement 18 à 24 mois. Le temps que le projet se termine et que le promoteur récupère le fruit des ventes auprès des acquéreurs, après les derniers appels de fonds. Avec la crise, les plateformes sont confrontées à une augmentation inédite des demandes de prorogation des remboursements. Faute de pouvoir finir leurs projets dans les temps, les promoteurs financés n’ont pas la trésorerie nécessaire pour restituer leurs fonds aux investisseurs en temps voulu.

Depuis quelques mois, les retards de remboursement s’accumulent. « Je participe actuellement à une dizaine de projets, et 7 d’entre eux sont en retard, explique Guillaume, investisseur en crowdfunding depuis 5 ans. Pour le moment, cela représente environ 15 000 euros bloqués. Le problème se retrouve sur les 4 plateformes sur lesquelles j’ai investi. ». Si le retard n’est pas synonyme de l’échec d’un projet (et donc d’une perte pour les investisseurs), le taux de défaut pourrait néanmoins exploser d’ici à 2025.
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Le crowdfunding immobilier vit sa première crise

Ce phénomène rappelle que les 8 à 12% de rendement potentiel affichés par les projets s'accompagnent d'un risque substantiel, notamment pendant les périodes de baisse du marché. Jusqu'à présent, à l'exception de quelques échecs isolés, les investisseurs en crowdfunding n'avaient pas vécu ce risque de récession.

L'histoire montre pourtant que le marché immobilier est hautement cyclique, connaissant une phase de baisse brutale tous les dix ans environ. Il faut se souvenir que le crowdfunding immobilier est arrivé en France en 2014 - 2015, à l’aube d’un nouveau cycle haussier porté par la baisse continue des taux. Le secteur vit donc sa première crise après une décennie d’embellie continue.
Pour les plateformes, le défi est de taille : éviter ou limiter les pertes des investisseurs, préserver leur réputation et trouver des relais de croissance pour compenser les cycles baissiers de l’immobilier (certaines généralistes ont d’ailleurs particulièrement accéléré sur le financement de PME traditionnelles).

« Le risque, il est noté à chaque page lorsqu’on investit dans un projet, souligne Guillaume. Ce qu’il se passe aujourd’hui, je dirais que cela fait partie de la vie d’un investisseur, on sait qu’il n’y a pas de rendement sans risque. Je reste confiant sur le long terme. Mais ce qui rend suspicieux, c’est quand on n'obtient aucune réponse de la plateforme, ou quand on sent qu’elle botte en touche ».

Un message qu’a bien compris la plateforme Wiseed. Dans une « lettre aux investisseurs» envoyée le 21 avril, Mathilde Iclanzian, sa directrice générale, prend le parti de la transparence quant au nouveau contexte. « Vous êtes ainsi aujourd’hui nombreux et nombreuses à nous exprimer votre inquiétude face à cette situation. Plusieurs questions reviennent souvent : que se cache-t-il derrière cette vague de retards sur les remboursements ? Faut-il s’attendre derrière à une augmentation du nombre de défauts ? Malheureusement, la réponse est oui très certainement, et 2024 sera une année charnière ».

Le long mail détaille les mesures prises pour préserver les intérêts des investisseurs. Chaque demande de prorogation fait l'objet d'un examen rigoureux pour évaluer sa validité et la santé financière de l'entreprise concernée. La plateforme n'accorde désormais aucun financement sans une sécurisation via des hypothèques ou des fiducies-sûretés. Elle déclare également avoir ajusté ses contrats pour améliorer la flexibilité dans l'exigibilité des emprunts et a doublé ses ressources pour gérer les reports de paiement.


Encore des mois difficiles en perspective


Il faudra encore probablement de nombreux mois pour que l’ensemble de la filière immobilière se relève et que le crowdfunding reprenne des couleurs. Heureusement, certains signaux semblent aller dans le bon sens : selon l’Observatoire Crédit Logement, les taux de crédit ont enchaîné 3 mois consécutifs de baisse, affichant une moyenne de 3,90% en mars après un pic à 4,21% en fin d’année. Avec la baisse de l’inflation, la Banque Centrale Européenne pourrait aussi commencer à réduire les taux à partir de juin, ce qui serait un nouveau point d'étape important.

Mais le décollage restera probablement lent. D’autant que dans le neuf, la fin actée du dispositif Pinel au 31 décembre privera les projets d’une grande partie des investisseurs locatifs. Selon la FPI, ceux-ci représentaient près de la moitié des ventes depuis 2016. En 2023, après un resserrement du dispositif, leur part est tombée à 35%.



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Commentaires (1)

Une crise immobilière tous les 10 ans, le crowdfunding avait le temps de se préparer, et de préparer ses investisseurs. Soulignons aussi qu'avec du 8 à 12%, il faut s'attendre à des pertes à un moment, comme le dit celui qui témoigne, c'est le lot des investisseurs qui cherchent du rendement. Le problème est quand on donne trop facilement accès au grand public, qui a difficilement ces notions et risquent peut -être trop, en jouant la sur-confiance.