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C'est un pan discret mais précieux de l'histoire littéraire française qui ressurgit au 24, rue Visconti, dans le 6e arrondissement de Paris. Un appartement attribué à Jean Racine, où le dramaturge aurait passé les dernières années de sa vie, est aujourd'hui proposé à la vente. D'une surface de 130 m², organisé autour d'une terrasse de 35 m², ce bien rare est présenté par l'agence Varenne au prix de 2,6 millions d'euros HAI. Une actualité immobilière qui pose une question plus large : que reste-t-il, matériellement, des grandes figures de la littérature française ?
Jean Racine meurt en avril 1699 à Paris, après une vie passée à gravir les cercles les plus étroits du pouvoir et des lettres. Homme d’Église dans sa jeunesse, proche des jansénistes de Port-Royal, il s’impose à la cour de Louis XIV avec ses tragédies en alexandrins – Andromaque, Phèdre, Bérénice –, puis devient historiographe du roi. L’adresse précise de sa dernière demeure est longtemps restée incertaine. Plusieurs numéros de la rue Visconti sont évoqués jusqu’au début du XXe siècle. En 1914, un bibliothécaire de la Ville de Paris découvre un plan de 1696 mentionnant « Mr Racine » sur une parcelle allant de la porte du 24 jusqu’à l’angle de la rue Bonaparte. L’historien André Hallays reconstitue alors la chaîne de propriété jusqu’au chirurgien Mareschal, qui louait la maison à Racine. Une quittance de 1699 vient confirmer l’hypothèse. La maison d’origine n’existe plus, mais la plaque commémorative, posée au 24, marque l’emplacement exact du logis disparu.
L’actuel appartement en vente se situe en rez-de-chaussée et bénéficie d’une entrée indépendante. Il s’organise autour d’une terrasse plantée de 35 m², à laquelle s’ouvrent le salon, la salle à manger et la cuisine. Deux chambres avec salles de bains occupent l’espace de vie principal. Un studio indépendant complète l’ensemble. S’il ne s’agit pas du logement historique dans son intégrité, l’emplacement, l’agencement et la cour intérieure résonnent avec les caractéristiques des hôtels particuliers du Grand Siècle.
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Depuis Racine, les lieux ont vu passer une pluralité de créateurs. Dans les années 1940, le compositeur Guy-Bernard Delapierre y donne des concerts. Olivier Messiaen y enseigne entre 1943 et 1947. Le peintre Jacques Poirier y installe son atelier. Denise Colomb et Robert Doisneau y réalisent des photographies. Chaque génération semble avoir inscrit une nouvelle strate sur les murs. À bien des égards, le 24, rue Visconti est moins un objet patrimonial qu’un creuset : un espace privé traversé par la mémoire collective. Ce n’est ni un musée ni une reconstitution, mais un témoin actif de la façon dont un quartier conserve, malgré les mutations immobilières, l’empreinte d’un passé littéraire. Ici, Racine n’a pas seulement vécu. Il a lu, corrigé, médité, et sans doute refermé le manuscrit de sa dernière tragédie.Dans ce quartier où la mémoire affleure à chaque pierre, le 24 rue Visconti rappelle que l’héritage littéraire ne se résume pas aux bibliothèques?: il se loge aussi dans les interstices de la ville, là où les vies s’achèvent et où les œuvres demeurent.
Dans ce numéro :
- IMMOBILIER : 30 pages pour investir
- DÉFENSE : dossier spécial investissement
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