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Les entrepreneurs le savent, trouver un financement pour une société lors de ses premiers stades de développement est difficile. Le financement en amorçage est devenu la spécialité d'Angelsquare, qui anime une communauté de business angels experts en la matière. Rencontre avec Charles Degand, co-fondateur de la société qui a déjà financé 160 entreprises.
Charles Degand. - Avec mon associé nous avions créé la société Fundme en 2013, qui était un annuaire public de startups et de business angels. L'objectif était de faciliter la recherche de fonds pour les uns et la recherche de startups dans lesquelles investir en amorçage pour les autres. Cette activité nous a permis de rapidement nous constituer un réseau, de comprendre le raisonnement des business angels et des entrepreneurs. Et il se trouve que c'est à ce moment que le secteur des levées de fonds a explosé. Nous avons alors voulu aller plus loin, en aidant les « bons investisseurs » à trouver les « bonnes sociétés » en phase d'amorçage. Nous avons donc créé Angelsquare. Aujourd'hui, nous réunissons une communauté de 600 investisseurs, qui investissent en moyenne entre 50.000 et 75.000 euros, voire jusqu'à 200.000 euros pour les family offices. Nous recevons en moyenne 300 dossiers d'entreprises par mois et en retenons seulement une dizaine. Depuis la création d'Angelsquare, nous avons financé plus de 160 startups.
Environ 80% des levées de fonds que nous bouclons sont de l'amorçage, les autres relèvent de la série A [stade plus avancé de développement, ndlr]. L'amorçage est en adéquation avec le ticket d'investissement des business angels. Quand on a moins de 100 000 euros à investir, on ne peut pas accéder à de grosses levées de fonds de société déjà bien implantées, celles-ci étant plutôt réservées aux fonds de capital-risque. De fait, l'amorçage est aussi le stade d'investissement le plus risqué, car ce sont des PME qui sont plus petites. Mais attention, quand on dit « amorçage », on ne dit pas « stade de création » : nous sélectionnons les startups après leur création, elles ont donc déjà un début d'activité. L'entrepreneur a eu le temps de structurer sa société, de faire du chiffre d'affaires, de comprendre les forces et les faiblesses de son modèle.
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Les sociétés peuvent être de tous les secteurs avec une dimension d'innovation et un potentiel de croissance rapide : e-commerce, robots, intelligence artificielle... En amorçage, elles lèvent entre 300 000 et 1 million d'euros. Pour la série A, on parle plutôt de 1 à 4 millions. Les seuls secteurs que nous ne finançons pas sont la biotech, la pharmacie et l'immobilier.
Nous avons effectivement développé des expertises sur des secteurs particuliers. C'est pour cela que nous avons décidé de créer des « structures sectorielles » sur des thématiques spécifiques. A ce jour nous avons lancé « Angelsquare impact » et « Angelsquare fintech ». Nous avons réuni pour chacun une dizaine de business angels experts qui sont membres du comité d'investissement. « Angelsquare Impact », par exemple, finance des entreprises qui ont pour but de « rendre le monde meilleur ». Elles appartiennent au secteur de l'énergie, de la santé, de l'éducation ou de l'agroalimentaire. Attention, il ne s'agit pas de philanthropie, puisque nos exigences en matière financière sont les mêmes que pour n'importe quelle autre société. Lorsque l'on sélectionne une startup, on consulte le comité d'investissement. S'il souhaite investir, nous créons un véhicule dédié dans lequel nous coinvestissons. Puis, le fonds est ouvert à l'ensemble de la communauté Angelsquare. Pour le moment nous avons ouvert deux thématiques, et d'autres vont suivre. A terme, nous souhaitons devenir une référence sur chaque secteur en matière d'amorçage.
Pauline Duval, Directrice Générale du Groupe Duval, a rejoint le comité d'Angelsquare pour les startups à impact positif. « L'âme de notre Groupe familial nous a conduit à porter une grande attention au monde qui nous entoure et aux enjeux de développement durable qui y sont liés. Cet engagement s'inscrit sur le long terme. Rejoindre le board d'AngelSquare est une opportunité de continuer à soutenir en tant qu'entrepreneure mais aussi en tant qu'investisseure des start-ups à impact environnemental, social et économique positif », a-t-elle déclaré.
Le carried interest (c'est-à-dire la plus-value générée à la sortie) est prévu pour être partagé, allant d'un côté à Angelsquare et les membres du comité impliqués dans la startup, et de l'autre à des associations caritatives. Celles-ci seront sélectionnées en fonction du secteur de la société financée et des affinités des membres du comité d'investissement.
Il se trouve que le phénomène des business angels est très récent. En France il n'est apparu qu'il y a 15 ans environ. Actuellement de nouveaux profils émergent à côté des business angels traditionnels, comme par exemple de jeunes entrepreneurs qui ont revendu leur société et qui, tout de suite, veulent réinvestir dans des startups. Beaucoup utilisent le système fiscal incitatif du remploi de plus-value, c'est-à-dire qu'ils sont fiscalement encouragés à réinvestir le bénéfice de la vente de leur société dans une PME. Ces investisseurs étaient entrepreneurs il y a 5 ou 10 ans. Cette nouvelle génération a des codes différents par rapport à la génération précédente. Par exemple, ils sont plus impliqués dans les entreprises, investissent dans des secteurs qu'ils comprennent bien et qui leur permettent d'apporter de la valeur à l'entreprise autrement que grâce à leur argent. Ils investissent aussi parce qu'ils s'entendent bien avec les entrepreneurs. La personnalité des fondateurs compte beaucoup.