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Dans un marché où les investisseurs oscillent entre espoir de détente monétaire et craintes de récession technique, le crédit privé continue de s'imposer comme l'une des rares classes d'actifs capables d'offrir rendement, visibilité et discipline. La présentation de l'équipe CMS de Tikehau Capital confirme une tendance lourde : la demande structurelle pour le financement non bancaire ne faiblit pas. Spreads élevés, refinancements massifs à venir, sophistication croissante des opérations : le crédit privé est devenu un pilier, bien plus qu'un segment opportuniste.
La synthèse de Tikehau CMS montre que, malgré deux ans de conjoncture heurtée, les spreads restent à des niveaux historiquement attractifs. Les financements unitranche ou senior privés rémunèrent aujourd’hui une prime significative par rapport aux obligations corporate cotées, tout en offrant une volatilité nettement inférieure. Cette configuration tient à deux facteurs structurants : la prudence persistante des banques européennes — qui continuent de resserrer le robinet du crédit après les hausses de taux — et la volonté des entreprises de sécuriser des financements stables, indépendamment des cycles boursiers.Ce contexte crée un terrain favorable aux acteurs spécialisés. Selon Tikehau, les investisseurs institutionnels — assureurs, mutuelles, caisses de retraite — réallouent progressivement leurs portefeuilles vers des stratégies de private debt afin d’obtenir un couple rendement/risque plus lisible que sur les marchés publics. La demande est d’autant plus forte que le crédit privé offre naturellement une protection contre l’inflation : de nombreux financements sont indexés, ce qui permet de capter des taux réels positifs sans subir la volatilité des marchés actions.L’équipe CMS insiste aussi sur un mouvement récent : la montée en puissance des solutions sur-mesure, conçues pour des situations complexes. Qu’il s’agisse de refinancements, d’acquisitions à effet de levier, de financements transitoires ou de situations spéciales, les investisseurs recherchent des opérations granuleuses et bien structurées, capables de combiner protection contractuelle et rendement. Le crédit privé n’est plus perçu comme un substitut au crédit bancaire, mais comme une ingénierie financière à part entière, au croisement du financement et du conseil stratégique.
Un point clé ressort de la présentation : le mur de refinancements post-2020. Les dettes contractées pendant la période de taux bas arrivent à échéance entre 2025 et 2027. Beaucoup d’entreprises découvrent aujourd’hui que les banques traditionnelles ne sont plus aussi accommodantes qu’en 2020 : ratio de solvabilité contraint, durcissement réglementaire, exigences plus fortes sur les garanties. Pour une part croissante du mid-market, le crédit privé devient l’unique solution viable.Cette situation crée un environnement propice aux fonds spécialisés. Comme le souligne Tikehau CMS, les opérations de refinancement peuvent générer des retours ajustés du risque particulièrement attractifs, surtout lorsque les entreprises disposent de fondamentaux solides mais souffrent d’un effet de levier mal calibré dans un environnement de taux plus élevé. Là où les banques hésitent, les fonds peuvent structurer des opérations modulaires, avec covenants précis, reporting renforcé et mécanismes d’amortissement adaptés.Cette granularité explique pourquoi le crédit privé se voit désormais comme un stabilisateur des marchés non cotés. Contrairement au private equity, il est moins sensible aux cycles de valorisation ; contrairement aux obligations cotées, il est moins corrélé aux flux de marché. Pour les investisseurs institutionnels, il joue le rôle de coussin intermédiaire : du rendement, avec un niveau de contrôle rarement offert ailleurs.La dynamique est telle que le crédit privé attire des capitaux au-delà des investisseurs traditionnels. Des family offices, des fondations, et même certaines banques privées commencent à créer des poches dédiées. Tikehau observe également l’arrivée d’investisseurs non européens, intéressés par la profondeur du marché européen et par la qualité des emprunteurs mid-cap, souvent plus robustes qu’anticipé.
Si la demande reste forte, le crédit privé n’échappe pas à l’exigence croissante des LPs. Les investisseurs veulent plus de transparence, des process de sélection plus stricts, et un suivi plus serré des risques. Tikehau CMS note que la discipline est revenue dans la structuration : ratio dette/EBITDA mieux contrôlé, covenants réintroduits, documentation renforcée. Cette évolution est salutaire : elle réduit le risque systémique et garantit que les rendements élevés observés en 2025-2026 ne sont pas le résultat d’une prise de risque excessive.Dans ce paysage, les acteurs capables de combiner sourcing propriétaire, expertise sectorielle et proximité avec les dirigeants sont les mieux placés. Le crédit privé européen entre dans une phase plus mature, moins spectaculaire que celle des années d’expansion, mais plus robuste et plus institutionnelle.Pour les investisseurs patrimoniaux, une conclusion s’impose : dans un portefeuille bien construit, le crédit privé n’est plus une diversification, mais une colonne vertébrale. Et les chiffres présentés par Tikehau CMS montrent qu’il le restera.