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Une étude inédite menée par la Banque Transatlantique et le CerPhi compare les comportements philanthropiques en France et aux États-Unis. Elle bouscule les clichés : si les montants restent incomparables, les élites françaises s’engagent presque autant que leurs homologues américains, et une nouvelle génération redessine les codes de la générosité.
Le contraste est saisissant. En 2023, les dons ont atteint 557 milliards de dollars aux États-Unis, contre 9,2 milliards d’euros en France en 2022, soit un rapport de 1 à 60. Rapportée au PIB, la philanthropie pèse 2 % outre-Atlantique, contre seulement 0,3 % dans l’Hexagone.Pourtant, quand on regarde les élites économiques, les comportements se rapprochent. En 2023, 81 % des foyers français à très hauts revenus ont fait des dons, contre 85 % des High Net Worth Individuals américains. Les montants moyens diffèrent largement (6 166 € pour un foyer assujetti à l’IFI en France contre 34 917 $ pour un foyer comparable aux États-Unis), mais l’acte de donner est devenu un réflexe partagé.La différence majeure tient au cadre fiscal. Aux États-Unis, les dons sont déductibles du revenu imposable, un mécanisme particulièrement avantageux pour les plus aisés. En France, le système privilégie une réduction d’impôt forfaitaire, quel que soit le niveau d’imposition, ce qui a contribué à élargir la base des donateurs.
L’étude Banque Transatlantique – CerPhi rappelle un point peu connu : le poids du mécénat d’entreprise en France. En 2022, il représentait 42 % des dons déclarés, contre seulement 6 % aux États-Unis. Cette spécificité reflète des attentes sociétales fortes envers les entreprises françaises, perçues comme acteurs légitimes du financement des causes d’intérêt général.La France rattrape aussi son retard en matière de fondations. Avec plus de 5 600 structures actives, leur nombre croît de près de 5 % par an, quand les États-Unis connaissent une croissance quasi nulle (+0,6 %). Le volume reste incomparablement plus faible que les 100 000 fondations américaines, mais la dynamique est là.Enfin, l’étude insiste sur l’émergence d’une nouvelle génération de philanthropes. Plus jeunes, plus connectés, ils veulent des résultats mesurables et s’attaquer aux causes profondes. Là où les générations précédentes finançaient des actions réparatrices, les donateurs X, Y et Z adoptent une approche plus systémique, entre entrepreneuriat social et action non lucrative. Selon le Baromètre de la Fondation de France, la part des fondateurs de structures philanthropiques de moins de 35 ans a doublé en vingt ans (de 5 % à 10 %).
Cette transformation s’accompagne d’une exigence accrue de transparence et de cohérence. Les donateurs veulent mesurer l’impact concret de leur engagement et aligner leurs contributions avec leurs valeurs. La philanthropie devient ainsi un laboratoire d’innovation sociale, complémentaire de l’action publique, où la France et les États-Unis avancent selon des logiques différentes mais convergent vers une même ambition : transformer durablement la société.