Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Il n'y a pas à dire : cumuler investissement et convictions en matière de développement durable est aujourd'hui une gageure. Car si l'ensemble des intermédiaires financiers européens proposent désormais de plus en plus “d'investir durable”, derrière cette expression se cache toute une sémantique qui apporte de la lourdeur à la lisibilité du sujet. À tel point que comprendre dans quoi on met les pieds devient un vrai casse-tête. Voyons ensemble comment mobiliser les notations ESG pour faire des choix d'investissement en accord avec ses valeurs.
Le caractère durable d’un investissement a été déterminé par le règlement Sustainable Financial Disclosure (SFDR) du 10 mars 2021.“Est durable ce qui contribue à un objectif environnemental ou social, sans causer de préjudice significatif à d’autres objectifs environnementaux ou sociaux, et dans une entreprise qui applique de bonnes pratiques de gouvernance”. C’est cette définition que l’Autorité des Marchés Financiers plébiscite sur son site internet.
Les notations ESGLes notations ESG (environnementaux, sociaux, de gouvernance) permettent à l’investisseur de se donner une idée du caractère durable d’un émetteur ou d’un produit grâce à des repères chiffrés. Cette connaissance est une aide précieuse pour limiter les erreurs et mieux piloter ses décisions d’investissement. La plupart du temps, ces notations sont basées sur des modèles d’analyse extra-financiers propres aux évaluateurs indépendants qui les publient, comme Refinitiv, qui propose un système basé sur une évaluation des 3 piliers ESG, de 0 à 100. Certaines banques françaises disposent également de leurs propres équipes d’analystes et méthodes d’évaluation internes (F.R.e.D chez Crédit Mutuel…). F.R.e.D propose par exemple un modèle basé sur l’évaluation de 5 piliers : ESG, économie et sociétale et engagement de l’entreprise pour une démarche socialement responsable.Notations ESG : encore un long chemin à parcourir !S’il est évident que ce manque de déterminants réglementaires peut amener son lot d’abus (clientélisme, manque de repères normatifs clairs…), l’investisseur doit savoir que la finance durable et la prise en compte des critères extra-financiers sont deux “arts” encore extrêmement jeunes. Même si les notations ESG de certains émetteurs peuvent prêter à sourire, elles ont - au-delà du simple mérite d’exister - un ancrage “data” qui émane des informations délivrées par les entreprises ou les ONG : rapports RSE (responsabilité sociale des entreprises), rapports annuels, études indépendantes… Certes, il ne faut pas se voiler la face : oui, le Greenwashing existe. Mais il serait sévère de dire que les notations ESG ne concourent pas à impulser une trajectoire plus éthique et responsable au monde de la finance.
Rejoignez la communauté Idéal investisseur ! Je m'inscris
Selon un sondage AMF de 2021, 76% des Français considèrent que l’impact environnemental de leurs investissements est important. Certes, mais un investisseur désintéressé par les questions extra-financières ne peut pas non plus faire l’impasse sur la finance durable. La raison est double :1. Les projets durables sont plus simples et moins coûteux à financer (green bonds, prêts verts à taux avantageux) que les projets qui ne prennent pas en compte les critères ESG. Traduction : un coût de financement moins important ne peut qu’aider à améliorer le retour sur investissement.2. Les émetteurs mieux notés d’un point de vue ESG sont moins sujets à controverse. Le risque de polémique et donc d’impact sur la valeur des investissements est moins important. Tout investisseur particulier, même le plus récalcitrant en matière de durabilité, se doit de prendre en compte les notations ESG dans sa sélection d’émetteurs ou de produits. Elles l’aideront à apporter de la qualité à sa prise de décision et à optimiser le rendement ajusté au risque de son portefeuille d’investissement.
Au vu de la difficulté que représente la prise en compte des notations ESG, l’investisseur scrupuleux peut commencer son approche responsable en prenant certaines voies. Comprendre les notations ESGPour apporter du crédit aux notations extra-financières et choisir en connaissance de cause, l’investisseur particulier peut approfondir la méthodologie utilisée par les analystes. Source : Refinitiv
Du côté des exigences environnementales, l’utilisation de ressources, les émissions de CO2 seront par exemple des critères fondamentaux. Pour le social, Refinitiv évalue la capacité des entreprises à apporter de la qualité de vie au travail, de répondre aux droits humains fondamentaux ainsi qu’à élaborer des produits durables. Pour la gouvernance, le fournisseur de données financières s’attarde sur la relation entre les parties prenantes, le management ainsi que la démarche RSE. Connaître les labels et le règlement SFDR des fondsEn France, il existe toute une série de labels qui permettent à l’investisseur de s’assurer plus facilement de la nature extra-financière des produits qu’il rencontre. On peut citer les labels Greenfin, ISR ou encore Finansol. Ces labels, délivrés par des organismes indépendants accrédités par l’État (Afnor certification ou Novethic par exemple), ou par des organes gouvernementaux, sont des gages clairs et efficaces en matière de notation ESG. Maintenant, cela n’empêche pas l’investisseur d’aller au-delà des certifications et d’appréhender l’activité et les projets de l’émetteur avec un regard critique plus subjectif. Par exemple, certains investisseurs sont très enthousiastes lorsqu’il s’agit d’analyser la trajectoire de TotalEnergies en matière d’énergies renouvelables, là où d’autres pointent du doigt certains projets controversés dans les énergies plus traditionnelles (Ouganda, Mozambique…). Du côté des fonds (OPC…), le règlement SFDR offre une classification intéressante que tout investisseur doit connaître : - Article 9 : objectif d’investissement durable - Article 8 : prise en compte de critères environnementaux ou sociaux- Article 6 : pas de déclaration de prise en compte des critères environnementaux ou sociaux, pas d’objectif d’investissement durable.Utiliser les stratégies durables classiquesSi vous avez des difficultés à faire confiance aux organismes de notation ou de labellisation, vous pouvez tout autant construire vous-même votre portefeuille de titres ou de fonds (OPC…) en utilisant des stratégies que les professionnels du secteur utilisent : 1. Best-in-class, soit investir dans les projets d’émetteurs les mieux notés de leur secteur),2. Best-in-universe, soit investir dans les meilleurs émetteurs sans discrimination sectorielle), 3. Exclusion, c’est-à-dire exclure les entreprises qui opèrent dans des secteurs controversés (traditionnellement le tabac, l’armement, la pornographie ou les énergies fossiles).Attention tout de même aux biais sectoriels qui peuvent en émerger lors de l’élaboration des portefeuilles !
Il paraît aujourd’hui difficile pour un investisseur particulier de ne pas participer au virage durable que le monde de la finance est en train de prendre à vitesse grand V. Avec une approche citoyenne exigeante et sans complaisance, ses choix d’investissements contribuent à l’amélioration de la qualité des notations ESG au fil des années. Son action aide ainsi à mieux définir la sémantique extra-financière, apporter plus de lisibilité au sein de son portefeuille financier (et donc d’en diminuer son risque), répondre au défi climatique mais aussi et surtout, participer à la construction d’un monde plus éthique.
A propos de l'auteur Certifié AMF et AMF Finance Durable, Nathan D'Ercole est spécialisé en finance, épargne et patrimoine.
Article très intéressant, mais je me demande quand même si ces notations ESG ne sont pas un peu biaisées ? Comment peut-on réellement mesurer l'impact sociétal et environnemental d'une entreprise ? C'est un peu comme mettre une note sur la gentillesse ? C'est assez subjectif si vous voulez mon avis !