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Dernière mise à jour : 26/06/2025 - 16h33

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L’action Nvidia tutoie les sommets : croissance explosive, valorisation tendue

Depuis janvier, l’action Nvidia a gagné près de 15 %, atteignant un sommet historique à 154,45 dollars au 26 juin 2025. La performance est saisissante sur douze mois (+22 %) et vertigineuse sur trois ans (+815 %). Mais cette ascension fulgurante soulève une interrogation : cette valorisation peut-elle encore s’appuyer sur des fondamentaux durables, ou l’action a-t-elle franchi un cap où la spéculation domine la logique économique ?

L’action Nvidia tutoie les sommets : croissance explosive, valorisation tendue
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Mis à jour le 26-06-2025 10:37 | Publié le 26-06-2025 10:36

Une croissance sans précédent, portée par l’explosion de l’IA

Les résultats du premier trimestre de l’exercice fiscal 2025, clos fin avril, témoignent d’un changement d’échelle brutal pour Nvidia. Le chiffre d’affaires atteint 26 milliards de dollars, en hausse de 262 % sur un an. Le résultat net GAAP bondit de 628 % à 14,9 milliards de dollars, soit une marge nette exceptionnelle de 57,1 %. La rentabilité opérationnelle frôle les 65 % sur les douze derniers mois.

Cette croissance est presque intégralement tirée par la division Data Center, qui représente désormais 87 % du chiffre d’affaires (22,6 milliards de dollars au T1). Elle progresse de 23 % par rapport au trimestre précédent, et de 427 % sur un an. L’engouement mondial pour l’intelligence artificielle générative pousse les hyperscalers, les entreprises et les États à se doter massivement de GPU Nvidia. Les plateformes Hopper et désormais Blackwell sont devenues la norme pour les calculs à l’échelle du billion de paramètres.

Autour de cette plateforme, Nvidia construit une infrastructure logicielle complète (NVIDIA AI Enterprise, NIM) qui renforce son ancrage dans l’économie des services IA, au-delà du simple matériel. Cette stratégie intégrée – hardware, software, cloud – confère à Nvidia un avantage concurrentiel unique, en particulier face à des concurrents comme AMD ou Intel, plus fragmentés.

La dynamique ne se limite pas aux États-Unis. À l’occasion du salon VivaTech à Paris, Jensen Huang a annoncé le décuplement de la capacité de calcul IA en Europe sur deux ans, ainsi qu’un partenariat majeur avec MistralAI. Ce virage stratégique vise à rassurer les États européens sur la souveraineté des données et à sécuriser un relais de croissance hors du marché américain.

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Des relais de croissance puissants mais exposés aux cycles technologiques

Si l’IA générative constitue le cœur de la performance de Nvidia, l’entreprise continue de diversifier ses relais de croissance. Le segment automobile, bien que plus modeste, croît de 17 % sur le trimestre et atteint 329 millions de dollars. La plateforme Drive Thor, basée sur l’architecture Blackwell, a séduit plusieurs acteurs majeurs de la mobilité électrique, dont BYD, XPENG et Lucid.

Nvidia étend également ses capacités dans le cloud (DGX SuperPOD), la simulation industrielle (Omniverse), les jumeaux numériques (partenariat avec Siemens), la robotique (Isaac et le modèle GR00T) et les PC grand public (RTX AI PC). Ces segments demeurent secondaires mais posent les jalons d’une entreprise omniprésente dans toutes les applications intensives en calcul.

Mais ce foisonnement technologique s’accompagne d’un risque bien connu : celui de l’essoufflement cyclique. Nvidia a déjà connu dans le passé des corrections brutales liées à l’effondrement des ventes de GPU gaming ou à des retournements dans les crypto-actifs. La capacité de l’entreprise à maintenir une cadence de croissance à trois chiffres dans le Data Center est nécessairement limitée dans le temps, une fois les investissements d’infrastructure initiaux achevés.

Autre aléa structurel : la sensibilité du titre aux mouvements de marché. Le bêta de 2,02 illustre une amplification des hausses comme des baisses. Lors des corrections, Nvidia sous-performe le S&P 500 de 1,8 % en moyenne. C’est le signe d’un titre perçu comme risqué, où toute révision négative des attentes peut déclencher des ventes massives.




Une valorisation tendue malgré une rentabilité hors normes

Sur le plan fondamental, Nvidia affiche des ratios de rentabilité hors normes : un retour sur fonds propres (ROE) de 92 %, une marge brute de 75 %, une marge opérationnelle de 62 %, et un ratio cash-flow / revenus supérieur à 50 %. La structure financière est également très saine, avec un ratio de liquidité de 4,4, une dette long terme réduite (7,6 % des capitaux propres) et une trésorerie nette supérieure à 30 milliards de dollars.

Malgré cela, le marché commence à s’interroger sur les niveaux atteints par le titre. À 147,90 dollars après split, l’action se situe au plus haut historique, avec un PER 2027 de 26, légèrement supérieur à la moyenne du secteur technologique (23). Le prix d’objectif moyen des analystes, en ordre de bataille dispersé (de 133 à 171 dollars) matérialise une nécessaire prudence dans les anticipations.

La valorisation peut encore s’expliquer par la croissance projetée des bénéfices (+31 % par an), mais elle intègre déjà un scénario quasi-idéal. Le ratio valeur comptable sur prix (Book-to-Price) est faible (3 %), illustrant la part infime des actifs nets tangibles dans la valorisation du titre. En clair : l’investisseur paie avant tout une anticipation de flux futurs, non des actifs actuels.

Même le dividende – symbolique à 0,01 dollar par action post-split – ne constitue pas un levier d’attractivité. Il représente 0,7 % des bénéfices projetés, ce qui garantit sa couverture, mais reste sans impact réel sur le rendement pour l’actionnaire.



Un titre structurant mais déjà richement valorisé dans un portefeuille technologique

L’action Nvidia incarne une force de dissuasion autant qu’une tentation. Son ascension a été la vitrine de la révolution IA, et elle reste la valeur incontournable de l’ère post-cloud. Sa domination sur les GPU pour le calcul massif, son écosystème logiciel en croissance, et ses partenariats industriels multiples en font un pilier stratégique des portefeuilles technologiques.

Mais elle n’est pas sans risque. À ces niveaux de valorisation, toute déception (ralentissement des commandes, tension sur les chaînes d’approvisionnement, régulation extraterritoriale, ou simple stabilisation de la demande) pourrait ramener le cours à des niveaux plus raisonnables. En ce sens, les objectifs de cours variant de 133 dollars à 171 dollars apparaissent comme des repères de prudence nécessaires.

Dans un portefeuille, Nvidia doit être considérée comme une valeur de croissance de conviction, mais à volatilité élevée. Elle peut tenir un rôle moteur dans un compartiment technologique, mais nécessite une gestion active du timing. À court terme, le titre semble intégrer une grande partie des bonnes nouvelles. Le sommet du cycle de croissance IA pourrait se prolonger encore quelques trimestres, mais les catalyseurs exogènes deviennent plus décisifs : taux d’intérêt, réglementation, évolution de la concurrence.

À long terme, Nvidia est l’un des rares acteurs à incarner une transition technologique globale et multisectorielle. Sa trajectoire rappelle parfois celle d’Intel dans les années 1990, ou de Microsoft dans les années 2010. La question n’est plus de savoir si Nvidia gagnera à l’échelle de l’industrie, mais à quel prix elle continuera d’offrir de la performance à ses actionnaires.

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