Sur 30 ans, le revenu médian des classes moyennes dans les pays membres de l'OCDE a progressé trois fois moins vite que celui des 10% les plus riches. Elles ont vu leurs revenus stagner, voire régresser depuis ces dix dernières années. Un fait qui avait été
rappelé récemment au Sénat par l'économiste Michel Didier, président de Rexecode, lors d'une audition sur l'efficacité de la transformation de l'Impôt sur la Fortune Immobilière.
L'organisme indique que la proportion des ménages français qui peinent à boucler leurs fins de mois est supérieure à celle des autres pays de l'OCDE (52% vs 47%). Pour les foyers à bas revenus, l'écart est encore plus important puisque les Français sont 81% à avoir des difficultés, contre 70% pour les autres pays. La faute notamment à la progression importante des prix des logements, "qui a augmenté 3 fois plus vite que le revenu médian des foyers".
Pour être considéré comme faisant partie de la classe moyenne en France, il faut qu'un foyer ait des revenus annuels compris entre 16 000 € et 42 000 €. Dans le rapport, le revenu est exprimé en dollars pour assurer une comparabilité internationale en parité de pouvoir d'achat.
Selon l'OCDE, la génération des "Millénials" (17-35 ans dans l'étude) est beaucoup moins bien lotie que celle des "baby boomers". 70% de cette génération née après la Seconde Guerre mondiale parvenait à intégrer la classe moyenne dès leur vingt ans, contre seulement 60% des "Millénnials" aujourd'hui. La génération précédente a pu profiter d'emplois stables, d'une vie active, de la facilité de devenir propriétaire, surtout au sein des pays les plus riches. Mais ces facilités se sont essoufflées depuis le début des années 80.
« Aujourd'hui, la classe moyenne ressemble de plus en plus à un bateau qui naviguerait en eaux troubles », a déclaré le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, à propos du rapport présenté avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à New York.
Bien que la situation des classes moyennes se dégrade continuellement, il n'en demeure pas moins que celles-ci sont vitales pour un pays. L'OCDE souligne leur rôle crucial dans l'économie dans la mesure où elles soutiennent la consommation et stimulent les investissements dans différents secteurs tels que l'éducation, la santé, le logement ou la protection sociale.
Ce rapport questionne les gouvernements et les décideurs politiques sur les mesures à mettre en place en vue de sauver, ou, tout du moins, faciliter la vie de ces classes moyennes qui souffrent en silence depuis près de 30 ans. Cette dégradation généralisée du niveau de vie de tout un pan de la société a de forte chance d'être à l'origine de la montée en force des partis populistes, de droite ou de gauche, et de mouvements contestataires importants
comme les gilets jaunes. Aux élus politiques de trouver des solutions et d'apporter des réponses.
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