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Dernière mise à jour : 25/07/2025 - 17h39
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Club de foot : nouvelle passion des investisseurs

Grandes fortunes, agents aguerris ou enfants du territoire : tous partagent la même envie d'emmener leur club au sommet. Si certains y voient un levier d'image ou un projet structurant, d'autres s'engagent par attachement personnel ou passion assumée.

Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°5.

Club de foot : nouvelle passion des investisseurs
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par | Mis à jour le 27-07-2025 11:09 | Publié le 27-07-2025 11:05 Photo : Raphael Lafargue / Abaca Press / Alamy 
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De Paris à Créteil, les clubs attirent les grandes fortunes

Si la famille Pinault est propriétaire du Stade Rennais depuis 1998 et Frank McCourt de l’Olympique de Marseille depuis 2016, la fièvre du football gagne peu à peu d’autres personnalités fortunées. En novembre 2024, la famille Arnault a officialisé sa prise de contrôle du Paris FC. À travers sa holding Agache Sport, elle a acquis 52 % du capital. Objectif annoncé : structurer un projet ambitieux pour faire du club un acteur majeur du football français. Il se murmure qu’elle pourrait y injecter 100 millions d’euros, chiffre non démenti par les intéressés. « On n’a pas l’habitude de gâcher notre argent, on va essayer de faire les choses avec, au départ, un investissement conséquent », a déclaré Antoine Arnault. Le club, leader de Ligue 2, vise une montée rapide parmi l’élite.

Même logique, quelques mois plus tard, pour Xavier Niel. En mai dernier, le fondateur de Free a annoncé son arrivée au capital de l’US Créteil-Lusitanos, club de National 2. Il évoque une démarche apparemment plus affective que stratégique. « J’ai grandi ici. Aider les Béliers à aller le plus haut possible, c’est ma manière de rendre à cette ville un peu de ce qu’elle m’a donné », explique-t-il. Le projet porte sur la création d’un centre de formation, la professionnalisation du club et un retour rapide en Ligue 2, dix ans après en être sorti. Côté azuréen, c’est le milliardaire américain Dan Friedkin, déjà propriétaire de l’AS Rome, qui a racheté en 2023 l’AS Cannes. Le club évolue en National 2 mais vise ouvertement un retour au niveau professionnel. La ville historique d’un football formateur, où Zidane a débuté, pourrait retrouver un rayonnement perdu sous l’impulsion d’un investisseur discret mais déterminé. La formation est aussi l’un des piliers de la reprise de 80 % du Stade Malherbe Caen par Kylian Mbappé via son fonds Coalition Capital en 2024. Le champion du monde y avait failli signer en 2013.

À Grasse, Luca Mongai mise sur un modèle structuré

Dans cette vague d’investissements, Luca Mongai vient de reprendre le Racing Club Pays de Grasse avec une vision hybride, entre entrepreneuriat et attachement local. Producteur de cinéma, ancien élève d’HEC à la tête de l’agence USM Football depuis 1998, il porte l’ambition d’élever le club à un nouveau niveau. La feuille de route est claire : structurer un projet de montée vers la Ligue 2 à moyen terme, et viser la Ligue 1 à plus long terme. La montée en puissance est aussi planifiée, avec un budget annuel de 1,5 million d’euros en National 2, 4 millions en National 1, 8 millions en Ligue 2, et potentiellement 30 millions en Ligue 1. À terme, un stade aux normes professionnelles et un centre d’entraînement doté des dernières technologies sont au programme.

Le RC Pays de Grasse ne se rêve pas seulement en vitrine footballistique, mais en catalyseur d’affaires locales, avec la volonté de fédérer sponsors, mécènes et investisseurs autour d’un projet structurant. Fort de son implantation dans un territoire de 120 000 habitants, à proximité de Sophia Antipolis – première technopole d’Europe – et au coeur de Grasse, capitale mondiale du parfum, il entend s’appuyer sur ce positionnement stratégique. Parmi les initiatives notables : la création de rendez-vous « business » – rencontres entre entreprises partenaires, speed dating et mise en place d’engagements RSE forts et durables. Autant de formats pensés pour créer une dynamique économique autour du football, au-delà des seuls jours de match.

À Sochaux, la mobilisation populaire sauve le club

Dans l’ombre des grands noms, la passion populaire peut aussi déplacer des montagnes. L’exemple du FC Sochaux-Montbéliard illustre une autre voie : celle de l’actionnariat populaire. En 2023, alors que le club historique était menacé de disparition à la suite de graves difficultés financières, l’association Sociochaux a réussi à mobiliser plus de 11 000 supporters en quelques semaines. Cette levée de fonds a permis de réunir près de 700 000 euros, une somme décisive pour convaincre les collectivités locales et des entrepreneurs régionaux de compléter le plan de sauvetage. Grâce à cet engagement inédit, Sociochaux détient aujourd’hui environ 15 % du capital du club et siège au conseil de surveillance. Les adhérents, qui versent une cotisation annuelle de 12 €, participent désormais aux grandes orientations du FCSM, un modèle inspiré des « socios » espagnols mais encore rare en France. Ce mouvement a permis au club, fondé en 1928, de conserver son statut professionnel et de repartir en National, avec l’ambition de retrouver la Ligue 2 à moyen terme.

Passion et ROI ne sont pas forcément synonymes

Tous les investissements dans le football ne mènent pas forcément au succès. L’Olympique Lyonnais, propriété de l’Américain John Textor, traverse une crise profonde. Pour l’exercice 2024, le club affiche une dette financière de 581 millions d’euros et un déficit de 78,5 millions malgré une amélioration du chiffre d’affaires. Retards de paiement, menaces de sanctions de la FIFA, gouvernance instable et résultats sportifs décevants fragilisent un modèle fondé sur des promesses de levées de fonds toujours repoussées. À Lyon, le football-business montre aussi ses limites. Pour autant, qu’il s’agisse d’initiatives portées par de grands investisseurs, de professionnels du secteur ou de collectifs citoyens, tous ces projets traduisent une même réalité : le football reste un puissant levier d’engagement. À la croisée des passions individuelles, des enjeux d’image et des logiques économiques, il continue d’attirer, d’inspirer et de fédérer, bien au-delà des terrains.

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