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Dernière mise à jour : 31/07/2025 - 17h38
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Travailler les pieds dans l'eau : un vrai luxe ?

D'une plage d'Arcachon au cœur de Séoul, le monde entier devient un potentiel espace de travail pour les « digital nomads ». Mais attention : la frontière entre travail et vacances est plus fine qu'il n'y paraît.

Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°5.

Travailler les pieds dans l'eau : un vrai luxe ?
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par | Publié le 30-07-2025 06:00

Un phénomène en pleine ascension

Vendredi 13 juin, 12 h 14, quai 9 à Montparnasse : valises cabine empilées, gobelets de latte tièdes, oreillettes vissées. Dans le TGV vers Arcachon, la moitié du wagon pianote déjà sur Slack. Plutôt que de poser un RTT, ces voyageurs ont opté pour le « workation », hybride de work et vacation. Entre deux tunnels, les dossiers avancent, et l’océan n’est qu’à trois heures. Selon un sondage Ipsos pour l’Alliance France Tourisme, publié en mai, 24?% des vacanciers prévoient de travailler depuis leur lieu de séjour. Ou plutôt vivent-ils leurs vacances... depuis leur lieu de travail ?

Chez les 18-34 ans, ils sont 45 % à adopter ce modèle hybride de « Tracances », mélange entre travail et vacances. Les mini-breaks connaissent aussi un essor : 13 % des personnes sondées envisagent d’en faire plus souvent, surtout parmi les CSP+ et les hauts revenus. Pour Camille, cadre dans le numérique, c’est devenu la norme : « On part à six, on est quatre à télétravailler. Ça crée une dynamique assez stimulante, surtout quand on peut faire une pause au bord de l’eau », explique-t-elle. Cette flexibilité est rendue possible par la confiance de son employeur : « Il regarde les résultats, pas les horaires. » Cette logique de responsabilisation s’inscrit dans une tendance de fond. Selon une étude YouGov, un tiers des salariés se disent plus productifs en télétravail, et près de la moitié serait prêts à démissionner en cas de retour à temps plein au bureau. La génération Z va encore plus loin : 40 % cherchent à découvrir d’autres cultures via le télétravail mobile, 35 % veulent rompre avec la routine quotidienne.

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Un atout RH et touristique

« Le télétravail est désormais un acquis social plus qu’un simple avantage », estime Éric Gras, expert emploi chez Indeed, interrogé par RMC en mai. « Plus vous laissez d’autonomie à vos collaborateurs, plus ils vous le rendent en productivité, et cela réduit le turnover ». Dans les ressources humaines, certaines entreprises adoptent désormais dès l'embauche une clause de multi-localisation du poste. « C’est un levier d’attractivité très fort, surtout auprès des profils pénuriques », complète Caroline Diard, professeur et spécialiste du télétravail à Toulouse Business School. Côté tourisme, Le groupe Accor adapte plusieurs de ses hôtels via son programme ALL (Accor Live Limitless), avec Wi-Fi premium, bureaux dédiés et pass piscine. Marriott, un forfait « Stay for 30 ». Les plateformes de location ajoutent le filtre « bureau + fibre ». Coworksurf propose des abonnements dans des espaces de coworking situés dans des destinations de surf comme Ericeira, Biarritz ou Tenerife. Les formules incluent un bureau, des boissons, et parfois un espace de rangement pour planche.


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L’essor des visas « digital nomad »

Le visa de « nomade numérique » séduit de plus en plus de pays, avec plus de 65 destinations désormais engagées dans cette démarche. Les ressortissants de l’Union européenne peuvent désormais résider deux ans en Corée du Sud avec conjoints et enfants, contre seulement 90 jours auparavant, sous certaines conditions : il faut justifier d’au moins un an d’expérience professionnelle dans le même secteur, percevoir un revenu annuel minimum de 58 000 euros et disposer d’une assurance santé personnelle. Aux Émirats Arabes Unis, le visa est valable un an et renouvelable, à condition de justifier d’un salaire mensuel d’au moins 5 000 dollars. Ces programmes visent à attirer des travailleurs plus stables et plus dépensiers. Pour les entreprises, c’est l’opportunité de conserver des talents motivés, à condition de bien encadrer cette nouvelle forme de mobilité.



Les limites d’un rêve tropical

Mais tout n’est pas aussi rose que les couchers de soleil post-Zoom. Les risques juridiques, fiscaux et sécuritaires sont encore nombreux. D’après une enquête Remoters / OpinionWay, 60?% des dirigeants jugent la pratique inapplicable, notamment à cause des fuseaux horaires, de la sécurité des données, et des contraintes légales (RGPD, conventions bilatérales, responsabilité en cas d’accident). Stéphane Leclerc, développeur web installé trois mois à Saint-Martin, raconte en visio : « L’ambiance est idyllique, mais il m’arrive de me sentir très seul. Le soir, les appels WhatsApp ne remplacent pas les apéros entre amis. » Il parle aussi du risque d’effacement des frontières entre vie pro et vie perso. « J’ai parfois du mal à m’arrêter. » Jana Kühnel, psychologue du travail à l’université de Francfort, invite d’ailleurs à la prudence dans les colonnes de Vogue : « Le workation reste du travail. Il ne doit jamais se substituer à de vraies vacances. Sinon, on accentue le stress au lieu de le réduire ».

Les bonnes pratiques pour télétravailler sans s’épuiser

Pour éviter les écueils, les entreprises les plus avancées mettent en place des chartes de mobilité encadrée. Voici les préconisations les plus répandues :
• Durée limitée : 2 à 6 semaines par an.
• Fuseaux horaires raisonnables : ±3 h max.
• VPN, chiffrement des données et cloud sécurisé.
• Responsabilité assurantielle partagée : notamment en cas d'accident hors sol français.
• Check-ins réguliers et gestion par objectifs.

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