Un peu d'Histoire
Accompagnant ces mouvements, quand elle ne les inspirait pas, l'Église connaîtra ainsi huit siècles d'apogée, recouvrant la France de dizaines de milliers d'églises et autres édifices religieux. Assurément le plus grand musée de France, regorgeant de trésors.
Puis vint la Révolution. Dès 1789, les biens appartenant à l'Église sont confisqués, ils deviennent « biens nationaux ». Dans les grandes villes, de nombreuses paroisses sont supprimées et les moins chanceuses des églises sont abattues, dès leur vente comme bien national, ou après avoir servi durant quelques années à des usages divers, sans lien avec le culte. Pour les objets de culte, ordre a été donné de fondre ce qui pouvait l'être et de disperser le reste ! Fort heureusement tout le monde n'a pas obéi à cette injonction.
En 1795, la grande majorité des biens de l'Église sera déjà vendue. Des merveilles comme l'abbaye de Cluny, la plus vaste de la chrétienté, se retrouveront démantelées, revendues pierre par pierre par leur acquéreur. D'autres, comme le Mont-Saint-Michel, échapperont à la destruction pour être transformées en prison. Toutefois, lorsque Napoléon III ferme la prison du Mont, sans sa détermination à entamer de gigantesques travaux de restauration, ce pur joyau était considéré comme perdu. Pour beaucoup d'autres édifices, c'était trop tard.
Le Concordat de 1802 apaisera en partie les relations entre l'Église et l'État. Rome renonce aux églises de France, « affectées » au culte. Les évêques et curés, nommés par l'État, désormais avec l'accord du Pape, sont salariés par l'État. Le clergé régulier (moines et religieux) relèvera plus tard de la loi de 1901, selon laquelle les bâtiments conventuels sont eux la propriété de la congrégation.
La loi de 1905, dite « de séparation de l'Église et de l'État » met fin de façon unilatérale au Concordat et confirme notamment la mainmise de l'État sur les biens du clergé séculier (qui n'est plus nommé ni payé par l'État), ajoutant à ceux du Concordat séminaires, évêchés, bibliothèques et écoles. C'est ainsi que les 87 cathédrales en activité et construites avant 1905, toutes classées Monuments Historiques, appartiennent à l'État (à part : celles d'Ajaccio, à la Région, et d'Annecy, à la commune). Tandis que celles des nouveaux diocèses ou celles ayant perdu leur statut de siège épiscopal à la Révolution sont la propriété des communes. Quant aux quelque 40 000 églises et chapelles paroissiales de France, elles appartiennent aux communes. De même que le mobilier (calices inclus). Seules les églises et cathédrales édifiées après 1905 appartiennent aux diocèses.
L'État et les communes, propriétaires, sont donc responsables de l'entretien de ces édifices.
En 1912, la situation était déjà tellement critique que Maurice Barrès publiait « La grande pitié des églises de France ». Et en 1913 naissait la loi sur la protection des Monuments Historiques. Puis la guerre éclatait en 1914… S'ensuivirent d'autres priorités.
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