Le style « Haussmannien » est emblématique de la
ville de Paris. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. C'est il y a seulement 150 ans, en plein milieu du XIXème siècle, que Napoléon III va charger le baron Haussmann de transformer la capitale.
A l'époque, Paris a un visage bien différent que celui que les touristes du monde entier viennent admirer aujourd'hui. La capitale ressemble à une cité moyenâgeuse, surpeuplée, insalubre et sombre, en proie à toutes sortes d'épidémies. Elle a récemment été le théâtre des révolutions de 1789, 1830 et 1848, et ses multiples ruelles sinueuses la rendent particulièrement dangereuse.
Des taudis et maisons de fortune s'entassent un peu partout. Des quartiers aujourd'hui très chics comme l'île de la cité ou les abords du Louvre sont de véritables coupe-gorges. On manque d'eau, d'air, d'arbres, et d'hygiène.
Avant son arrivée au pouvoir en 1848, Napoléon III n'avait que peu séjourné en France. Exilé depuis ses six ans, il avait notamment vécu à Londres, ville à la pointe de la modernité au début du XIXème siècle. Reconstruite entièrement après l'incendie de 1666, la capitale britannique faisait alors figure de modèle européen avec ses trottoirs, ses égouts et ses squares.
C'est sur ce modèle que le baron Haussmann, nommé préfet de Paris, fut chargé par le nouvel Empereur de faire de la capitale française l'une des villes les plus modernes du monde, en y apportant «
de l'eau, de l'air et de l'ombre », selon la formule de son prédécesseur Rambuteau. Le projet pharaonique de transformation sera intitulé «
Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie ».
A partir de 1855, Paris devient un gigantesque chantier. En 17 ans, 300 kilomètres de rues seront percés. 20.000 immeubles insalubres seront rasés et remplacés par 30.000 bâtiments nouveaux, créant le fameux style architectural « Haussmannien », dont les façades en pierres de taille font aujourd'hui sa réputation à travers le monde. Les égouts feront leur apparition, les Bois de Boulogne et de Vincennes seront créés.
Entre 1862 et 1868, alors que les travaux révèlent leur ampleur titanesque, Haussmann demande au photographe Charles Marville d'immortaliser le souvenir de ces ruelles, avant qu'elles ne disparaissent sous les tracées de celui que l'on nommera «
le préfet éventreur ».
L'initiative d'utiliser cette nouvelle technologie (la photographie existe alors depuis une quinzaine d'années à peine), sera accueillie avec enthousiasme par Napoléon III : «
Ceci permettra de suivre à travers les siècles les transformations de la ville qui, grâce à votre infatigable activité, est aujourd'hui la plus splendide ». Nombre de ces clichés deviendront célèbres, comme celui du percement de l'
avenue de l'Opéra.
Les photos originales de Charles Marville sont visibles sur le site de la bibliothèque spéciale de Paris.
Renseignements pratiques :
Exposition « Paris Avant – Après », jusqu'au 22 décembre 2018 puis à partir du 22 janvier 2019 jusqu'au 29 juin 2019
Galerie Hélène Nougaro
17 Rue du Petit Pont, 75005 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 14H30 à 19H00
Entrée libre
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