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L’action Engie en progression régulière, entre solidité opérationnelle et prudence sur les perspectives

Depuis le début de l’année, l’action Engie affiche une hausse de plus de 28 %, traduisant un regain de confiance des marchés envers le modèle intégré du groupe. Avec un cours de 19,65 € au 18 juin 2025, proche de ses plus hauts annuels, le titre surperforme largement les indices de référence et son secteur. Cette dynamique s’appuie sur des résultats robustes au premier trimestre, portés par les infrastructures gazières, les services énergétiques et une stratégie d’investissement ciblée. Mais le titre conserve une valorisation modérée et les analystes ont récemment révisé en baisse leurs prévisions. Dès lors, la question se pose : cette progression boursière est-elle durable ou reflète-t-elle déjà l’essentiel des bonnes nouvelles ?

L’action Engie en progression régulière, entre solidité opérationnelle et prudence sur les perspectives
Temps de lecture : 5 minute(s) - Par | Publié le 20-06-2025 08:00

Un modèle robuste, porté par les réseaux et une stratégie recentrée

Le groupe Engie a publié des résultats solides au premier trimestre 2025, malgré une base de comparaison exigeante et un environnement macroéconomique incertain. L’EBIT hors nucléaire ressort à 3,7 milliards d’euros, en progression organique de 77 millions d’euros par rapport à la même période en 2024. Le chiffre d’affaires consolidé n’est pas détaillé dans le transcript, mais la génération de cash-flow opérationnel (CFFO) atteint 4 milliards d’euros. L’endettement économique du groupe recule de 4 % à 46 milliards d’euros, équivalent à 3x l’EBITDA, sous le plafond fixé à 4x.

Cette solidité reflète l’effet conjugué de plusieurs moteurs. Le segment des infrastructures contribue pour 1,45 milliard d’euros à l’EBIT, en hausse organique de 469 millions d’euros, porté par la révision des tarifs de transport et de distribution de gaz en France, l’effet climat (hiver plus froid) et les développements en Amérique latine. Les réseaux gaziers, historiquement stables, bénéficient désormais d’un rôle stratégique dans la transition énergétique, en tant que leviers de flexibilité et d'intégration des gaz verts.

Les activités renouvelables et de production flexible (FlexGen) génèrent un EBIT de 1,15 milliard d’euros, en retrait de 176 millions d’euros sur un an. Ce recul s’explique essentiellement par la normalisation de l’hydrologie en Europe après un T1 2024 exceptionnel, et par des prix plus modérés. Les nouveaux actifs mis en service en Amérique et en Europe apportent néanmoins un soutien partiel, avec un impact positif de 50 millions d’euros.

L’EBIT du segment Supply & Energy Management (ex-GEMS) s’établit à 1,29 milliard d’euros, en baisse de 245 millions d’euros, avec des effets de calendrier notables : un hiver plus froid a gonflé les volumes en B2C, mais les contrats B2B présentent un effet de saisonnalité inversée. Les dirigeants rappellent que le premier trimestre concentre historiquement environ 40 % des volumes annuels, ce qui limite l’extrapolation de la performance à l’année entière. Malgré ces effets de temporalité, le management reste confiant dans sa capacité à générer 2 milliards d’euros d’EBIT sur le périmètre ancien de GEMS sur l’ensemble de l’année.

Le nucléaire, isolé comme segment spécifique, enregistre un EBIT de 406 millions d’euros, en repli de 55 millions, notamment du fait de l’arrêt de Doel 1 en février. Ce chiffre reste temporairement marginal dans la nouvelle trajectoire du groupe, qui a officialisé au T1 la finalisation du deal nucléaire avec l’État belge. Ce dernier reprend la gestion des déchets de catégories B et C, allégeant le bilan d’Engie de 12,2 milliards d’euros de provisions, contre paiement d’une première tranche de 12 milliards d’euros. Les tranches restantes seront versées au redémarrage des réacteurs Doel 4 et Tihange 3 prévu pour fin 2025.

La recomposition du portefeuille se poursuit, avec la cession d’activités non stratégiques (Koweït, Pakistan, centrale à charbon de Safi, etc.), et l’acquisition de capacités hydroélectriques au Brésil (612 MW) et solaires au Royaume-Uni (157 MW). La capacité installée en renouvelables s’établit à 51,6 GW, avec 8,5 GW en construction répartis sur 101 projets. La dynamique reste soutenue sur les marchés émergents où Engie est solidement implantée (Inde, Brésil, Chili, Égypte).

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Flexibilité géographique et discipline financière au service de la croissance

La stratégie d’Engie repose sur une combinaison d’initiatives de croissance ciblées, de simplification organisationnelle et d’optimisation du capital. Le groupe bénéficie d’une présence historique dans des zones de forte croissance, comme l’Amérique latine ou le Moyen-Orient, qui lui offrent des relais d’investissement face aux incertitudes réglementaires aux États-Unis (IRA, droits de douane). Il dispose également d’un pipeline de 115 GW en développement, dont 80 GW hors Amérique du Nord, offrant une grande marge d’allocation flexible du capital.

Le recentrage stratégique initié début 2024, avec une nouvelle organisation opérationnelle, commence à porter ses fruits. Le programme de simplification a généré un gain de 72 millions d’euros d’EBIT au T1 2025, et vise un impact cumulé supérieur à 1 milliard d’euros d’ici 2027.

Côté capital, la discipline est au rendez-vous. Le ratio dette financière nette sur EBITDA ressort à 2,1x, et la dette économique sur EBITDA à 2,9x, en ligne avec les engagements. Le cash-flow opérationnel couvre largement les investissements bruts de 1,5 milliard d’euros sur le trimestre. Le dividende est maintenu à un taux de distribution de 65 à 75 % du résultat net récurrent, avec un plancher de 1,10 € par action. Le rendement implicite s’établit ainsi à 6,8 %, nettement au-dessus de la moyenne du secteur (4,5 %).

Le groupe confirme sa guidance 2025 : EBIT hors nucléaire entre 8 et 9 milliards d’euros, résultat net récurrent part du groupe entre 4,4 et 5 milliards d’euros. À noter que 81 % des volumes nucléaires et hydrauliques pour 2025 sont déjà couverts, ce qui assure une certaine visibilité sur les revenus.

Des incertitudes demeurent néanmoins sur la rentabilité des activités de production thermique en Europe, qui ne bénéficient plus des spreads de crise de 2022–2023. Le groupe anticipe désormais ses marges dans un cadre de marché plus normalisé. Il reste exposé aux arbitrages tarifaires en Europe, aux conditions de marché de l’électricité et du gaz, ainsi qu’aux contraintes d’investissement dans les réseaux et les batteries.




Une valorisation attractive malgré les révisions de bénéfices

Le consensus s'accorde sur une combinaison favorable : évaluation fondamentale positive, tendance technique haussière et performance relative soutenue. Le titre surperforme le STOXX600 de +7 % sur les quatre dernières semaines, et a progressé de +28 % depuis janvier, contre 3,7 % pour le CAC 40.

Le PER anticipé à horizon 2027 est de 10, inférieur à la moyenne sectorielle (12). Le dividende attendu représente près de 7 % du cours et couvre près de 70 % des bénéfices prévisionnels. Le titre est considéré comme sous-évalué, même si la croissance des bénéfices attendue reste modérée et en deçà de la moyenne sectorielle.

Le ratio valeur comptable/prix s’établit à 0,8, ce qui suggère une valorisation prudente par rapport aux actifs nets. La rentabilité des fonds propres (ROE) progresse à près de 13 %, contre une moyenne historique de 4,9 %, traduisant les effets combinés du recentrage stratégique, de la réduction du levier, et d’une bonne exécution opérationnelle.

Malgré ces atouts, les analystes ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance bénéficiaire. Cette inflexion reflète sans doute une prudence accrue sur les marges dans les métiers du gaz, de la flexibilité thermique et de la gestion de l’énergie (GEMS), dans un contexte de volatilité en baisse sur les marchés de gros. La corrélation du titre avec les marchés reste très faible, confirmant son profil défensif.



Une valeur défensive solide, mais dont la hausse pourrait plafonner sans catalyseur supplémentaire

L’action Engie bénéficie d’un momentum positif alimenté par des fondamentaux assainis, une discipline financière retrouvée et une stratégie de croissance sélective. Le recentrage sur les infrastructures critiques, les renouvelables et les services à forte marge commence à produire ses effets. La finalisation du dossier nucléaire belge et la réduction du levier renforcent la lisibilité du modèle économique, tandis que le rendement du dividende constitue un attrait évident dans un environnement toujours incertain.

Dans un portefeuille, le titre Engie a toute sa place comme valeur défensive. Il intéressera en particulier les investisseurs à la recherche d’une exposition équilibrée à la transition énergétique, sans les à-coups des pure players solaires ou hydrogène. Son faible bêta et son exposition géographique diversifiée en font également un bon stabilisateur de performance en période de volatilité.

Pour autant, le potentiel de revalorisation paraît désormais plus limité à court terme, sauf nouvelle accélération de la croissance ou révision haussière du consensus. Le cours actuel, à 19,65 €, se rapproche de l’objectif fixé à 20,70 €. Une poursuite de la progression nécessiterait soit une amélioration tangible des perspectives de résultats, soit des annonces d’investissements à forte valeur ajoutée dans les réseaux ou les renouvelables.

La trajectoire reste solide, mais le titre semble avoir intégré une large part des bonnes nouvelles. Pour un investisseur prudent, une prise de position partielle ou un renforcement progressif sur repli pourrait être envisagé. Quant aux investisseurs déjà en portefeuille, ils peuvent s’appuyer sereinement sur le dividende et la stabilité du modèle en attendant d’éventuels catalyseurs.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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