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Après une décennie de croissance hors normes et une nouvelle progression à deux chiffres au premier trimestre 2025, l’action Hermès semble marquer une pause. Si les indicateurs financiers restent d’une qualité rare, le titre cristallise aujourd’hui une tension classique entre la solidité d’un modèle et l’exigence d’un marché devenu plus sélectif.
À près de 2 384 euros début juin 2025, l’action Hermès affiche une progression de plus de 3 % depuis le début de l’année. Sur trois ans, la hausse est vertigineuse, avec un gain de 119 %, contre seulement 20 % pour l’indice STOXX600 sur la même période. Pourtant, malgré cette dynamique, le titre reste sous ses plus hauts (2 839 €), avec une consolidation amorcée ces dernières semaines. La tendance technique à moyen terme s’est récemment dégradée, basculant de neutre à légèrement négative fin mai. En parallèle, la performance relative à un mois s’est enfoncée sous la barre des -2 %, signe d’un désengagement progressif d’investisseurs, sans doute plus attentifs aux niveaux de valorisation qu’à la robustesse intrinsèque du groupe.
Hermès a publié un chiffre d’affaires trimestriel de 4,13 milliards d’euros au 1er trimestre 2025, en hausse de 9 % à taux courants et de 7 % à taux constants. Ce rythme de croissance reste solide compte tenu d’une base de comparaison très élevée en 2024. Toutes les zones géographiques contribuent positivement à cette performance. Le Japon (+17 %) et la France (+14 %) affichent les plus fortes croissances, suivis de l’Europe hors France (+13 %), des Amériques (+11 %) et du Moyen-Orient (+14 %). L’Asie hors Japon est en légère progression (+1 %), freinée par une baisse de trafic en Chine continentale. Cette diversité géographique offre à Hermès une résilience précieuse face aux soubresauts économiques et géopolitiques, sans dépendance excessive à une région.
Le modèle Hermès repose sur une maîtrise rare de la chaîne de valeur, du design à la distribution, avec une intégration verticale poussée et un contrôle exclusif de son réseau. Cette organisation permet d’atteindre des niveaux de rentabilité exceptionnels dans le secteur du luxe. En 2024, la marge opérationnelle ressortait à 40,5 %, le résultat net à 30,3 % du chiffre d’affaires, et le retour sur fonds propres à 27 %. La société dispose d’un matelas de trésorerie nette de 11,6 milliards d’euros pour un bilan faiblement endetté (8 % de dettes à long terme sur total bilan). Sur le premier trimestre, la Maroquinerie-Sellerie reste le moteur principal (+10 %), mais toutes les divisions sont bien orientées, à l’exception de l’Horlogerie (-10 %) et des Parfums (stables). L’investissement dans les capacités de production se poursuit, avec trois nouveaux sites prévus d’ici 2027.
Le principal sujet d’interrogation autour du titre Hermès concerne aujourd’hui sa valorisation. Le PER estimé à long terme atteint 42, soit 2,4 fois la moyenne du secteur, et largement au-dessus de ses comparables, y compris LVMH (18) et Kering (17). Si la croissance attendue des bénéfices (27 % par an) peut partiellement justifier ce niveau, elle ne suffit pas à dissiper les doutes dans une période de normalisation des taux et de plus grande exigence sur les multiples. C’est d’ailleurs sur ce point que les analystes apparaissent divisés. Un consensus estime que le titre pourrait continuer sa progression, avec un objectif moyen de cours autour de 2 660 €, soit un potentiel haussier de +11 %. D’autres, en revanche, considèrent qu’il est déjà surévalué, avec une estimation de juste valeur autour de 2 110 €, soit un repli théorique de -13 % par rapport au cours actuel. La moyenne de ces deux estimations donne un objectif théorique neutre de 2 386,5 €, quasiment équivalent au cours du jour. Cette divergence traduit bien l’incertitude ambiante : certains voient dans Hermès un actif rare à conserver quoi qu’il en coûte, tandis que d'autres y perçoivent un risque de retour à la moyenne, voire un début de reflux en cas de déception même marginale.
Du côté des catalyseurs, la force de la marque, la stratégie patrimoniale, la capacité d’innovation (notamment dans la maroquinerie et les accessoires), et l’ancrage français via les pôles industriels soutiennent une croissance durable. Le groupe reste aussi un modèle de gouvernance et de capitalisme familial, ce qui rassure sur le long terme. Mais à court terme, les signaux sont plus mitigés. Les révisions des analystes sont orientées à la baisse depuis avril, les volumes de trading s’essoufflent, et l’environnement économique reste incertain, notamment en Chine. La faible sensibilité du titre aux bonnes nouvelles dans un marché pourtant haussier est un autre facteur à surveiller.
Hermès reste l’un des très rares groupes européens à conjuguer croissance, rentabilité, visibilité et structure financière d’une telle qualité. C’est une valeur cœur de portefeuille pour un investisseur de long terme, avec une logique de transmission patrimoniale. Mais à ce niveau de valorisation, toute décision d’achat doit s’appuyer sur une conviction forte à long terme — ou attendre une opportunité plus favorable. Dans une allocation d’actifs équilibrée, Hermès peut être positionnée comme une valeur défensive de luxe, mais certainement pas comme un pari de court terme. La prudence est de mise, et le timing d’entrée doit s’appuyer sur des signaux techniques plus favorables ou une révision haussière des perspectives.
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