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Après une progression de 12,86 % depuis le début de l’année, le titre Air Liquide marque une pause technique autour de 177 €, sous ses moyennes mobiles. Les résultats du premier semestre 2025 confirment la robustesse du modèle, mais posent la question de la dynamique future dans un environnement incertain.
Le premier semestre 2025 d’Air Liquide s’inscrit dans une trajectoire de croissance maîtrisée, dans un contexte macroéconomique qui reste peu porteur sur le plan industriel. Le chiffre d’affaires consolidé du groupe s’établit à 13,72 milliards d’euros, en hausse de 2,6 % en données publiées et de 1,8 % à périmètre et change constants. Le cœur de métier – l’activité Gaz & Services – représente 97 % du chiffre d’affaires total et suit le même rythme de progression à données comparables.Derrière cette apparente modération, les performances opérationnelles témoignent d’une capacité d’adaptation renforcée. Le résultat opérationnel courant atteint 2,74 milliards d’euros, en croissance de 5,2 % (et de 7,2 % à données comparables), soutenu par un effet de levier positif sur la marge, qui gagne 100 points de base hors effet énergie pour atteindre 19.9 % au niveau groupe. La division Gaz & Services affiche même une marge de 22,0 %, en hausse de 130 points de base.L’entreprise bénéficie à plein de son plan d’efficacité, avec 287 millions d’euros d’économies dégagées sur le semestre, en hausse de 23 % par rapport à l’an dernier. Ces efforts portent notamment sur la digitalisation industrielle et la réorganisation de la Santé à Domicile en France. Les hausses de prix dans les activités Industriel Marchand et Santé (respectivement +2,6 % et +3 % sur la période) participent également à l’expansion des marges.Le résultat net part du groupe ressort à 1,80 milliard d’euros (+7,2 %), tandis que le résultat net récurrent atteint 1,84 milliard d’euros (+9,6 %), en hausse de 10,3 % à change constant. Le bénéfice net par action progresse dans les mêmes proportions, à 3,12 €.La génération de cash-flow reste solide, avec une capacité d’autofinancement de 3,25 milliards d’euros (+3,1 %) et un flux net opérationnel de 2,98 milliards d’euros. La dette nette s’établit à 9,8 milliards d’euros au 30 juin, en baisse sur 12 mois, malgré un paiement de 2,0 milliards d’euros de dividendes en mai. Le ROCE récurrent atteint 11 %, au-dessus de la cible stratégique.Ces chiffres soulignent la qualité d’un modèle industriel fondé sur des contrats longs, une clientèle diversifiée, des investissements constants et une rigueur de gestion. Mais le taux de croissance organique reste modeste, et le marché attend désormais des signaux plus tangibles sur les relais de croissance à moyen terme.
Le principal levier de croissance identifié par Air Liquide réside dans son programme d’investissements industriels. Les décisions prises sur les six premiers mois atteignent un niveau record de 2,3 milliards d’euros, en hausse de 39 % par rapport au S1 2024. Cette enveloppe se répartit entre projets dans l’électronique (près de 1,6 milliard), la transition énergétique (plus de 2 milliards) et les activités cœur comme la santé ou l’industriel marchand.Parmi les projets emblématiques figurent deux électrolyseurs d’envergure aux Pays-Bas et en France, destinés à produire de l’hydrogène bas carbone en partenariat avec TotalEnergies. Des investissements majeurs sont aussi prévus aux États-Unis (Louisiane, Texas), en Allemagne (Silicon Saxony), en Chine et à Singapour. Le portefeuille de projets en cours d’exécution atteint 4,6 milliards d’euros, en progression par rapport au trimestre précédent.Le pipeline à 12 mois se maintient à un niveau élevé de 4,1 milliards d’euros, dont plus de 40 % sont liés à la transition énergétique et un tiers à l’électronique. Ces projets ne génèrent pas immédiatement du chiffre d’affaires, mais constituent une réserve de croissance future – à condition que leur mise en œuvre se déroule dans les délais.Côté conjoncture, les dynamiques régionales sont contrastées. L’Amérique du Nord reste bien orientée, avec une croissance comparable de 2,9 % portée par l’hydrogène et la santé. L’Asie bénéficie des démarrages d’unités de production en électronique, avec +3,5 % dans ce segment. En revanche, la zone EMEA stagne (+0,5 %), pénalisée par la baisse des cogénérations au Bénélux et une faible demande en Italie.La Santé progresse de 5 % sur l’ensemble du groupe, confirmant son statut de moteur défensif. L’Électronique, pourtant très ciblée dans la stratégie d’Air Liquide, n’enregistre qu’une croissance modeste de +0,9 % sur le semestre, du fait de ventes cycliques en retrait dans les équipements et installations.Malgré des initiatives fortes, le niveau d’incertitude reste élevé, tant sur la soutenabilité des prix dans certaines zones (notamment l’Asie), que sur la matérialisation des projets dans un calendrier prévisible. L’effet de levier opérationnel permet d’amortir la faiblesse des volumes, mais ne peut suffire à relancer durablement la dynamique boursière sans inflexion visible du chiffre d’affaires.
À 177,04 € au 29 juillet 2025, l’action Air Liquide affiche une performance de +12,86 % depuis le début de l’année, et +46,21 % sur trois ans. Elle se traite avec une prime significative par rapport à ses pairs industriels, à un niveau que les résultats du S1 confortent mais ne justifient pas d’étendre sans accélération visible.Le PER implicite ressort autour de 29 fois le résultat net 2025 (sur la base d’un BPA de 6,1 € annualisé à partir du S1). C’est un niveau historiquement élevé pour le titre, qui s’explique par la perception de solidité du modèle, la régularité des dividendes, et la thématique de la transition énergétique. Le rendement du dividende reste modeste, de l’ordre de 1,9 % sur la base d’un coupon estimé à 3,40 € pour 2025.La valorisation boursière repose sur trois piliers : la résilience opérationnelle (marges, génération de cash), la visibilité stratégique (pipeline d’investissements) et l’attractivité ESG du groupe (hydrogène, électrolyseurs, CO2 biogénique). À ce stade, les marchés restent dans une logique d’attente. Le RSI (40) est neutre, les bandes de Bollinger sont resserrées, et les indicateurs techniques court terme sont contrastés (stochastique haussier, OBV stable, CMF négatif).La moyenne mobile à 50 jours (178,6 €) joue un rôle de résistance immédiate. Le seuil de résistance suivant est situé à 182,24 € (+2,9 %), tandis que le support court terme se situe à 171,60 € (-3,1 %), ce qui crée une zone d’hésitation autour du pivot des 172,45 €.L’analyse graphique suggère que le marché attend une confirmation, soit par une publication complémentaire (T3 en octobre), soit par des annonces stratégiques capables de déclencher une nouvelle jambe de hausse.
Air Liquide reste une des valeurs industrielles les plus robustes de la cote européenne, à la fois par son positionnement stratégique, sa solidité financière et sa capacité à dégager de la marge même en environnement contraint. Dans une optique de portefeuille, elle conserve sa place dans une poche défensive à long terme, combinant croissance régulière et faible risque sectoriel.Néanmoins, la valorisation actuelle intègre déjà beaucoup de ces qualités. Pour justifier une nouvelle expansion de multiple, ou même une continuation de la hausse actuelle, le marché devra être rassuré sur deux points : la traduction rapide du plan d’investissement en croissance visible, et le maintien de la rentabilité dans un environnement énergétique et géopolitique instable.Le timing d’entrée semble moins favorable après la hausse de près de 13 % depuis janvier, et la configuration technique appelle à la prudence sur le court terme. Un repli vers la zone 171 € pourrait constituer un point d’observation plus serein, à condition que les fondamentaux ne soient pas remis en cause d’ici là.Pour les investisseurs déjà en position, la logique reste celle d’un maintien en portefeuille. Pour les nouveaux entrants, le titre peut être surveillé en vue d’une consolidation ou d’une annonce stratégique forte, notamment dans le domaine de l’hydrogène bas carbone ou de l’électronique, deux axes clés de valorisation à moyen terme.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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