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L'action Renault en repli malgré un leadership affirmé sur l'électrique et l'hybride

L'action Renault affiche une baisse de 13,8 % depuis le début de l'année 2025, à 40,54 € au 3 juillet, dans un contexte boursier pourtant favorable au secteur automobile européen. Si elle reste en hausse de 66 % sur trois ans, la sanction récente interroge : comment expliquer ce décrochage malgré la performance commerciale, marquée par un retour au sommet des ventes en France et une stratégie produit saluée ? L'enjeu est désormais de comprendre si ce reflux constitue un point d'entrée ou le symptôme de fragilités plus structurelles.

L'action Renault en repli malgré un leadership affirmé sur l'électrique et l'hybride
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Publié le 07-07-2025 07:00

Contexte fondamental : un regain de compétitivité porté par la gamme électrifiée

Renault est redevenu, au premier semestre 2025, le premier constructeur automobile sur le marché français, avec 204 064 immatriculations et une part de marché de 19,9 %. Ce leadership repose sur une stratégie produit en rupture : la marque a massivement investi sur l’électrique (EV) et l’hybride (HEV), avec un positionnement de montée en gamme assumée.

Sur l’électrique, Renault domine le marché avec 20,4 % de parts en VP, près de 10 points devant son principal concurrent. La Renault 5 E-Tech electric, élue voiture de l’année 2025, s’impose comme le modèle le plus vendu en France dans sa catégorie. Sur l’hybride, le groupe conserve aussi son avance avec 32,5 % de part de marché VP, Clio et Symbioz occupant les deux premières places. Ce recentrage sur des modèles électrifiés contribue à la baisse des émissions moyennes de CO?, à 93,9 g/km sur les cinq premiers mois de 2025, en ligne avec les exigences réglementaires européennes.

Côté volumes, les ventes mondiales du groupe progressent de 2,9 % à 565 000 unités au T1 2025. Le mix géographique évolue : si l’Europe reste en léger retrait (-11,3 %), Renault progresse en Amérique latine (+21,1 %), en Afrique et Moyen-Orient (+10,2 %) et en Asie-Pacifique (+13,9 %, hors Chine). La diversification géographique commence à porter ses fruits.

Mais les chiffres d’affaires ne suivent pas totalement cette dynamique. Le groupe a réalisé 11,68 Md€ de chiffre d’affaires au T1 2025, en recul de 0,3 % (mais +0,6 % à changes constants). La division automobile, cœur de métier, voit ses revenus reculer de 3 % à 10,13 Md€. La baisse s’explique par des effets volumes (-2,6 pts) et un recul des ventes à partenaires (-3,5 pts), partiellement compensés par un mix-produit favorable (+3,7 pts) grâce aux versions haut de gamme.

En revanche, les services financiers de Mobilize affichent une forte croissance : +22,3 % de chiffre d’affaires à 1,52 Md€, tirés par l’augmentation des encours (+8,9 %) et des nouveaux financements (+10 %). Cela traduit une dynamique saine sur le plan du financement des ventes, dans un contexte où l’accès au crédit automobile reste clé.

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Catalyseurs et freins : un positionnement stratégique séduisant, mais une rentabilité encore sous pression

Le redéploiement stratégique de Renault s’articule autour de plusieurs leviers : innovations technologiques (OpenR Link, Solarbay, châssis 4Control), montée en gamme, électrification, offres financières attractives, et mobilisation de son réseau avec Mobilize. L’offre devient plus différenciante, tout en restant compétitive sur le prix d’appel (Clio sous les 17 000 €).

Le succès de cette stratégie se lit dans les niveaux de finition choisis par les clients : au S1 2025, près d’un tiers des ventes concernent les finitions hautes (Iconic, Esprit Alpine), contre un quart en 2024. Ce basculement vers la valeur, et non plus seulement les volumes, est cohérent avec les ambitions du plan Renaulution. Il devrait soutenir les marges à moyen terme.

L’adhésion du public est également renforcée par un travail d’image en profondeur. Renault est redevenu en juin 2025 la marque automobile préférée des Français selon le baromètre Posternak/Ifop, avec un gain record de 10 points. Les partenariats sportifs et culturels (Roland-Garros, rugby, AS Monaco) visent à installer une proximité émotionnelle durable.

Côté freins, plusieurs signaux de prudence émergent. Les analystes ont révisé à la baisse leurs prévisions de bénéfice au 4 juillet 2025, avec une baisse de -4 % sur trois mois. Le consensus reste néanmoins positif sur le long terme (+26 % de croissance annuelle moyenne des bénéfices projetée), mais cette inflexion récente traduit une inquiétude sur les marges à court terme. Renault pâtit encore d’une base de coûts élevée et d’une rentabilité structurellement inférieure à ses concurrents.

Les ratios financiers confirment cette tension : marge d’exploitation (EBIT) moyenne sur cinq ans à 1 %, contre 7 % pour le secteur ; ROE de 2 % en 2024, en amélioration mais encore loin des standards. L’EBIT s’établit à 4,26 Md€ en 2024 (7,6 % de marge), mais cette performance reste fragile face aux aléas du pricing power et aux exigences réglementaires (comme les pénalités CAFE).

Autre point de vigilance : la structure financière. Avec seulement 23 % de fonds propres contre 32 % pour le secteur, Renault reste plus endetté et potentiellement plus sensible aux hausses de taux ou à un retournement de cycle.

Enfin, la baisse de l’action de près de 14 % depuis janvier, malgré un environnement sectoriel positif, reflète une certaine défiance du marché. Le secteur dans son ensemble affiche +4,5 %, et Renault sous-performe de -7,2 % par rapport au Stoxx600 sur un mois glissant.


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Analyse de valorisation : un titre peu cher mais techniquement fragile

Avec un PER projeté de 4 pour 2027, Renault se paie largement en dessous de la moyenne sectorielle (7). En absolu, cela semble traduire une décote significative, d’autant que le dividende attendu de 6,8 % est très supérieur à la moyenne du secteur (3,7 %). La distribution est bien couverte (28 % des bénéfices estimés), ce qui renforce l’attractivité du rendement.

La valeur comptable (book value) par action est estimée à 104,55 €, soit un ratio price-to-book de seulement 0,39. Cela signifie que l’action s’échange à un niveau très inférieur à la valeur nette de ses actifs, renforçant l’argument d’une sous-valorisation fondamentale.

Cependant, l’analyse nuance cette vision : la baisse récente du cours et des révisions bénéficiaires a entraîné une dégradation de la notation fondamentale. La tendance technique à moyen terme est négative depuis fin mai (à 45,40 €), et la performance relative reste sous pression.

Le consensus des analystes place l’objectif de cours à 48 €, soit un potentiel de hausse modéré par rapport au cours du 4 juillet. Ce potentiel est réel, mais la dynamique actuelle incite à la prudence. La volatilité reste élevée (43 % sur un mois, 33 % sur un an), avec un bêta de 1,2, ce qui traduit une sensibilité supérieure à la moyenne aux mouvements de marché.



Renault dans un portefeuille d’investisseur exigeant : conviction à affiner, signal technique à attendre

Renault offre aujourd’hui un cas d’école pour l’investisseur contrariant à la recherche de valeur dans un grand nom industriel en mutation. Le rebond de l’image, le retour au leadership commercial en France, et le repositionnement sur des véhicules électrifiés différenciants sont autant d’éléments porteurs pour le long terme. La croissance anticipée des bénéfices, un rendement élevé (6,8 %), et une valorisation inférieure à la valeur comptable plaident pour une revalorisation à moyen terme.

Mais plusieurs éléments incitent à la patience. La tendance technique est baissière, les révisions bénéficiaires viennent d’être revues à la baisse, et la rentabilité reste inférieure à celle du secteur. La solidité financière de Renault est encore en reconstruction : les niveaux de fonds propres sont modestes, la dépendance aux incitations publiques pour l’électrique demeure, et les marges restent sous pression dans un contexte de guerre des prix dans l’automobile.

Dans une logique de portefeuille diversifié, Renault peut trouver sa place dans un compartiment contrariant ou cyclique, avec un horizon de 2 à 3 ans. Un retour au-dessus de 45 € accompagné d’une inflexion haussière des révisions bénéficiaires constituerait un signal plus clair pour initier ou renforcer une position. À court terme, le titre pourrait rester volatil, au gré des données macroéconomiques et des prochaines publications trimestrielles.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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