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Depuis le début de l’année, l’action TotalEnergies recule légèrement de 1 %, malgré une hausse de 11,76 % sur trois ans. Le deuxième trimestre 2025 confirme une robustesse opérationnelle mais aussi des pressions sur les résultats, en lien avec la baisse des prix de l’énergie. Dès lors, la valorisation actuelle reflète-t-elle une opportunité d’entrée ou le besoin d’un point d’inflexion stratégique plus net ?
Au deuxième trimestre 2025, TotalEnergies affiche un cash-flow de 6,6 milliards de dollars, en recul de 5 % par rapport au trimestre précédent, et un résultat net ajusté de 3,6 milliards de dollars, en baisse de 15 %. Sur l’ensemble du premier semestre, le résultat net ajusté s’élève à 7,8 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport à l’an dernier. Le résultat net IFRS, pour sa part, atteint 6,5 milliards de dollars, en recul de 31 % sur un an.La principale cause de cette baisse est externe : les prix du brut ont diminué de 15 % entre le premier semestre 2024 et 2025 (Brent moyen à 71,9 $/baril contre 84,1 $ un an plus tôt). Le GNL a également subi un recul de son prix moyen de vente de 9 % sur le trimestre, pénalisant la division Integrated LNG.En dépit de ce contexte baissier, TotalEnergies a démontré une forte résilience opérationnelle. La production d’hydrocarbures atteint 2,53 millions de barils équivalent pétrole par jour au deuxième trimestre, en hausse de 2,5 % sur un an, grâce à la mise en service anticipée des projets Mero-4 (Brésil) et Ballymore (États-Unis). Sur le semestre, la croissance atteint +3 %. La diversification vers l’électricité progresse également : la production d’électricité grimpe de 20 % sur un an au S1 2025, atteignant 23 TWh, portée par les énergies renouvelables et les capacités à gaz flexibles au Royaume-Uni. La capacité brute installée dans le renouvelable passe à 30,2 GW fin juin, en croissance de 26 % sur un an.Par secteur, l’Exploration-Production demeure le pilier de la rentabilité avec un résultat opérationnel net ajusté de 1,974 milliard de dollars sur le trimestre, suivi par le GNL (1,041 milliard), l’aval (raffinage + marketing, 801 + 412 millions) et l’électricité (574 millions). Integrated Power poursuit sa montée en puissance, bien que sa rentabilité reste encore moindre comparée aux activités historiques.L’EBITDA ajusté du groupe ressort à 9,7 milliards de dollars sur le trimestre, en baisse de 8 % sur trois mois, confirmant que la dynamique de résultat reste liée au prix des commodités, malgré la diversification du portefeuille.
L’actualité stratégique de TotalEnergies au deuxième trimestre montre un rythme soutenu d’investissements ciblés et de rotation d’actifs. Le groupe a finalisé l’acquisition du développeur VSB en Allemagne et de 50 % du portefeuille d’AES en République dominicaine. Il a également renforcé ses positions dans le solaire et les batteries au Royaume-Uni, obtenu une concession pour un parc éolien offshore de 1 GW en Allemagne, et noué un partenariat avec RGE pour un projet en Indonésie destiné à alimenter Singapour.Côté hydrocarbures, TotalEnergies a démarré la production de plusieurs champs offshore (Mero-4, Ballymore), tout en cédant des participations non opérées au Nigéria (Bonga) et au Brésil (Gato do Mato), montrant une discipline sur les coûts et les émissions. L’entreprise a également pris des licences d’exploration aux États-Unis, en Malaisie, Indonésie et Algérie, et acquis 25 % du Bloc 53 au Suriname.La division Integrated LNG a sécurisé un accord d’achat de 1,5 Mt/an sur 20 ans auprès de Rio Grande LNG (Train 4, Texas), et s’est positionnée sur le projet canadien Ksi Lisims. Un partenariat logistique avec CMA CGM à Rotterdam renforce aussi sa présence dans le soutage GNL.Dans le domaine des molécules bas carbone, le groupe a cédé 50 % de PGB, leader du biogaz en Pologne, et signé un contrat d’approvisionnement long terme en huiles usagées avec Quatra pour ses bioraffineries. Le partenariat stratégique avec Mistral AI pour un laboratoire commun d’innovation vise quant à lui à accroître la performance et l’efficacité énergétique des activités bas carbone.Cependant, certaines lignes d’activité restent confrontées à des vents contraires. Les marges de raffinage en Europe, bien qu’en amélioration sur le trimestre (ERM à 35,3 $/t contre 29,4 $/t au T1), restent faibles historiquement et pénalisées par une surcapacité structurelle. Le taux d’utilisation des raffineries devrait d’ailleurs être affecté au T3 2025 par plusieurs arrêts techniques à Anvers, Port Arthur et HTC.Autre fragilité : les effets de saisonnalité, qui impactent notamment la division Integrated Power et les flux de trésorerie. La volatilité des marchés gaziers réduit aussi la rentabilité du négoce de GNL, qui avait pourtant été un soutien au résultat lors des pics de prix précédents. Enfin, les investissements (11,6 G$ sur six mois) continuent de peser sur le cash-flow libre, qui ressort à seulement 2,1 G$ sur le semestre.
À 52,81 € au 29 juillet 2025, le cours de l’action TotalEnergies est en hausse de 0,78 % sur une journée, mais affiche une baisse de 1,01 % depuis le 1er janvier. Il reste néanmoins en progression de 11,76 % sur trois ans, témoignant d’une performance défensive dans un environnement énergétique fluctuant.Le résultat net ajusté dilué par action atteint 1,57 $ au T2 2025 et 3,41 $ au S1, contre 4,14 $ un an plus tôt, soit une baisse de 18 % sur six mois glissants. En euros, cela représente 3,12 € par action au premier semestre, avec un taux de change moyen €/$ de 1,09.Le dividende trimestriel s’élève à 0,85 € par action, en hausse de 7,6 % par rapport à 2024. Il représente un rendement attractif pour les actionnaires, dans un contexte de retour accru au capital : 3,7 milliards de dollars ont été consacrés aux rachats d’actions sur le premier semestre, soit 62 millions d’actions. La participation des salariés au capital a également atteint près de 9 %, suite à une opération de souscription réussie.Le gearing (ratio d'endettement) ressort à 17,9 % au 30 juin 2025, contre 14,3 % au 31 mars. Ce niveau reste maîtrisé malgré la hausse saisonnière du besoin en fonds de roulement. Le ratio d’endettement normalisé s’établit à 15 %, offrant une bonne flexibilité financière pour poursuivre les investissements ou renforcer la politique de retour à l’actionnaire.La rentabilité des capitaux propres (ROE) sur un an glissant est de 14,1 %, contre 18,7 % sur un an fin juin 2024, et celle des capitaux employés (ROACE) s’établit à 12,4 %, en baisse mais encore compétitive pour un groupe multi-énergies.En l’absence d’un multiple de PER directement fourni dans le communiqué, on peut toutefois inférer, à partir du résultat net ajusté semestriel (7,8 G$ soit environ 7 G€) et d’une capitalisation de l’ordre de 130 G€, un PER implicite supérieur à 9. Il demeure attractif relativement aux majors pétrolières intégrées, surtout si les résultats se stabilisent dans la deuxième moitié de l’année.
La trajectoire de TotalEnergies reste celle d’un géant énergétique en mutation ordonnée. Le portefeuille multi-énergies permet une certaine résilience dans un contexte de prix bas, comme l’ont montré les résultats du T2 2025. Mais cette diversification ne compense pas encore totalement les effets de cycle de l’amont pétrolier et gazier.L’action conserve un profil défensif pour un portefeuille diversifié : dividende en hausse, gearing contenu, rentabilité toujours solide, et exposition partielle à la croissance des renouvelables. Elle peut être considérée comme une valeur de rendement de long terme, capable d’absorber les cycles énergétiques, avec un potentiel de hausse modéré à court terme.Pour les investisseurs à la recherche de stabilité, de distribution régulière et d’exposition modérée aux renouvelables, le timing d’entrée peut s’avérer intéressant, sous réserve d’une stabilisation des prix du brut au second semestre. En revanche, pour une thèse de croissance, le titre devra démontrer un levier plus significatif sur ses activités électriques ou un regain d’efficacité sur le GNL et l’aval.Un catalyseur possible pourrait venir d’une remontée des cours de l’énergie ou de la monétisation accélérée d’actifs renouvelables. Mais en l’absence de surprise positive sur les prix ou sur la rentabilité des divisions hors hydrocarbures, la dynamique boursière pourrait rester contenue dans les mois à venir.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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