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Au deuxième trimestre de son exercice fiscal 2025, Apple a publié des résultats en croissance, avec un chiffre d’affaires en hausse de 5 % à 95,4 milliards de dollars et un bénéfice par action diluée en progression de 8 %, à 1,65 dollar. La performance financière reste impressionnante, notamment grâce à la croissance à deux chiffres de ses Services. Pourtant, l’action affiche une baisse de 19,7 % depuis le début de l’année. Le marché semble en attente de signaux plus forts pour se repositionner, alors même que les fondamentaux restent puissants. Faut-il y voir un creux d’opportunité ou les prémices d’un cycle plus compliqué ?
Apple confirme trimestre après trimestre une solidité opérationnelle hors normes. Au T2 2025, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 95,4 milliards de dollars, contre 90,8 milliards un an plus tôt. La progression repose essentiellement sur la croissance des Services, dont les revenus grimpent de 11,7 % à 26,6 milliards de dollars. Les ventes de produits, elles, restent stables à 68,7 milliards (+2,7 %). Dans le détail, la ligne iPhone reste le pilier du groupe, avec 46,8 milliards de dollars de revenus, en progression modeste (+1,9 %), tandis que les ventes de Mac et d’iPad s’améliorent plus franchement, respectivement à 7,95 milliards (+6,7 %) et 6,4 milliards (+15,2 %). Le groupe affiche une marge brute de 47 %, en légère progression, tirée par la rentabilité élevée des Services, et un bénéfice net trimestriel de 24,78 milliards de dollars. L’efficience d’exploitation se maintient à un niveau exceptionnel : les charges R&D et SG&A restent contenues (respectivement 8,55 et 6,73 milliards de dollars), pour un résultat opérationnel de 29,6 milliards, en hausse de 6 % sur un an. Le cash-flow opérationnel ressort à 53,9 milliards de dollars sur le semestre, en léger retrait par rapport à 2024, mais reste très élevé. Cela permet à Apple de poursuivre son retour aux actionnaires, avec 29 milliards de dollars redistribués ce trimestre (dont 49,5 milliards de rachats d’actions sur six mois) et une augmentation de 4 % du dividende, désormais fixé à 0,26 dollar par action. La base installée d’appareils actifs continue de croître à un rythme soutenu dans toutes les zones géographiques, preuve de la fidélité de la clientèle et de la puissance de l’écosystème. Les revenus régionaux sont particulièrement dynamiques au Japon (+16,6 %), contrastant avec une légère baisse en Chine (-2,3 %), dans un contexte de concurrence locale exacerbée.
Apple conserve un profil de rentabilité exceptionnel, avec une marge opérationnelle (EBIT) de 31 %, très supérieure à la moyenne du secteur (7,7 %), et un ROE (retour sur fonds propres) de 165 %, soit plus de vingt fois supérieur à la moyenne des concurrents. Mais cette qualité intrinsèque ne suffit plus à séduire les marchés dans un contexte où les investisseurs arbitrent en faveur des dossiers à plus fort levier sur l’IA ou la croissance des infrastructures. D’autant que la structure de bilan se détériore légèrement. Les capitaux propres représentent désormais 17 % du total bilan, contre 47 % pour le secteur en moyenne. Le levier financier reste élevé, avec une part importante de dettes longues (78,6 milliards de dollars) et une trésorerie en repli à 28,2 milliards. Surtout, la croissance des bénéfices attendue à long terme est estimée à 17,5 %, inférieure à celle du secteur technologique (20,8 %). Les analystes, après une séquence de révisions à la baisse depuis février 2025, n’ont toujours pas redressé leurs anticipations. Le PE long terme ressort à 27, supérieur à celui du secteur (24) et à la médiane historique du titre (25), ce qui suggère une valorisation exigeante au regard des perspectives. Le rendement du dividende reste faible à 0,5 %, largement couvert par les résultats (seulement 14 % des profits redistribués), mais insuffisant pour justifier un positionnement défensif.
Depuis le début de l’année, l’action Apple recule de 19,7 %, alors que le S&P 500 progresse de 5 % et le secteur Technologie de 8,1 %. La tendance technique à moyen terme est passée en territoire négatif depuis mars, confirmée par une sous-performance relative de -3,8 % sur les quatre dernières semaines. Ce décalage avec l’environnement porteur du secteur souligne une dynamique spécifique, moins portée par les catalyseurs du moment. À 201 dollars au 27 juin, le titre reste 22 % sous son plus haut de 12 mois (258,2 dollars). L’objectif de cours est fixé à 223 dollars, soit un potentiel de rebond de 11 %. Cette évaluation traduit un scepticisme croissant quant à la capacité du titre à surperformer dans le cycle actuel. En particulier, Apple pourrait présenter la perte de momentum dans tous les compartiments analysés : révisions bénéficiaires, tendance technique, évaluation et performance relative. Le marché semble considérer qu’Apple est trop cher pour sa croissance attendue, dans un environnement où d’autres valeurs technologiques affichent une meilleure combinaison croissance/prix (à l’image de Super Micro Computer ou Seagate Technology). Ce réalignement des attentes sur le titre explique en partie l’atonie du cours malgré des résultats solides.
Dans une optique de gestion de portefeuille, Apple reste une valeur de qualité, emblématique d’un modèle intégré maîtrisé et générateur de cash-flows récurrents. Son écosystème unique, sa base client fidèle et son positionnement premium assurent une résilience structurelle. Le recentrage stratégique sur les Services, la maîtrise des coûts et la discipline capitalistique en font une référence dans son segment. Mais dans l’environnement actuel, marqué par une recherche de croissance forte, l’action peine à séduire. La décote relative du secteur face à des acteurs plus offensifs en matière d’innovation ou de déploiement d’IA joue contre elle. Le faible rendement du dividende, la stagnation des anticipations de résultats et la valorisation supérieure à la moyenne rendent le dossier moins attractif à court terme. Pour un investisseur à long terme, Apple peut rester une ligne de fond de portefeuille, en particulier dans une approche de stabilité et de visibilité. En revanche, le momentum actuel et l'absence de catalyseurs clairs appellent à la prudence pour les arbitrages de court terme. Une reprise du cycle des révisions bénéficiaires ou un repositionnement stratégique plus marqué sur les technologies d’avenir pourraient constituer des points d’entrée plus intéressants.
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