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L'action LVMH sous pression : les rachats d’actions massifs des Arnault peuvent-ils inverser la tendance ?

Depuis le début de l’année, l’action LVMH a perdu plus de 29 %, se repliant fortement par rapport à ses sommets historiques. Cette chute, accentuée par des révisions négatives des perspectives bénéficiaires, interroge sur la soutenabilité de la valorisation et sur la perception du secteur du luxe dans un environnement de consommation plus incertain. Face à cette pression, les sociétés de la galaxie Arnault — Financière Agache et Christian Dior SE — ont multiplié les rachats d’actions en Bourse, mobilisant des centaines de millions d’euros ces dernières semaines. Ce soutien familial, spectaculaire par son intensité, est-il le signal d’un point bas stratégique ou le reflet d’une valorisation jugée redevenue attractive ?

L'action LVMH sous pression : les rachats d’actions massifs des Arnault peuvent-ils inverser la tendance ?
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Mis à jour le 27-06-2025 10:38 | Publié le 27-06-2025 10:11

Marge historique et solidité opérationnelle : LVMH conserve des fondamentaux puissants

Sur le plan fondamental, les chiffres du premier trimestre 2025 confirment un ralentissement de la croissance, sans toutefois remettre en cause la solidité opérationnelle de LVMH. Le groupe a publié un chiffre d'affaires de 20,31 milliards d'euros, en baisse organique de -3 % par rapport au premier trimestre 2024 (20,69 milliards d'euros).

Cette contraction traduit un essoufflement conjoncturel, mais aussi une base de comparaison élevée, après plusieurs années d'expansion exceptionnelle.Géographiquement, l'Europe reste bien orientée en données comparables, tandis que les États-Unis affichent un léger recul. Le Japon est en baisse malgré de bonnes performances ponctuelles dans certains segments, et le reste de l’Asie évolue sur une dynamique similaire à 2024.

La division Mode & Maroquinerie, cur économique du groupe, recule de -5 % en organique à 10,1 milliards d'euros. Ce tassement est partiellement compensé par une forte croissance au Japon. Les Vins et Spiritueux poursuivent leur repli, à 1,3 milliard d'euros (-9 %), dans un environnement de consommation plus sélectif. Les Parfums & Cosmétiques (2,18 milliards) et les Montres & Joaillerie (2,48 milliards) restent stables.L’ensemble traduit une forme de résilience, mais avec des moteurs qui tournent moins vite. La dynamique commerciale est sous pression, en particulier sur les marchés américains et chinois, et les marges pourraient subir l’effet de mix produit moins favorable à court terme.

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Ralentissement conjoncturel et rachats familiaux : un double signal à interpréter

L’environnement sectoriel est aujourd’hui globalement défavorable aux valeurs du luxe, du moins en Bourse. Sur 12 mois glissants, le titre LVMH a reculé de près de 38 %, contre -14 % pour son groupe sectoriel. Cette sous-performance s’explique par une série de révisions baissières des estimations bénéficiaires, amorcées dès le mois de mars 2025, sur fond d’infléchissement de la demande asiatique, de désaffection de la clientèle américaine et d’un ralentissement de l’activité travel retail.

Depuis le 25 mars 2025, les analystes ont revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices pour le groupe, avec une révision de -4 % sur les dernières semaines. Cette pression se reflète dans une tendance technique dégradée : l’action évolue en tendance baissière depuis le 4 mars, avec une sous-performance relative de -4,5 % sur les quatre dernières semaines par rapport au STOXX 600.

Dans ce contexte, la multiplication des achats d’actions par la famille Arnault interpelle. Entre mars et juin 2025, plus de 20 opérations de rachat ont été déclarées par Financière Agache et Christian Dior SE, pour un montant cumulé qui excède 500 millions d’euros, incluant plusieurs blocs de plus de 20 millions d’euros chacun. Ces achats, répartis sur les cours allant de 610 € à 447 €, traduisent un soutien actif à l’action dans sa phase de repli.

Ces opérations n’ont rien d’anecdotique : elles représentent une accumulation nette importante à des niveaux de valorisation plus bas que ceux observés durant l’année 2023. Le fait que plusieurs membres de la famille Arnault soient mentionnés comme liés à ces entités renforce le message : le cur actionnarial de LVMH juge le repli exagéré, ou souhaite, au minimum, en profiter pour renforcer sa position dans une logique de contrôle ou de signal.

Faut-il pour autant y voir un catalyseur immédiat de retournement ? La prudence reste de mise. Ces achats ne modifient pas la dynamique de demande dans les différents segments (mode, horlogerie, parfums), ni la perception des investisseurs institutionnels à court terme. Ils peuvent en revanche indiquer un plancher psychologique à proximité de 450 €, en cohérence avec les derniers niveaux d’intervention de la famille, et soutenir un scénario de stabilisation.




Valorisation : un niveau redevenu raisonnable mais pas encore attractif selon le marché

À 445,20 € au 27 juin 2025, l’action LVMH se négocie 39 % en dessous de son plus haut à 750,60 € sur les 12 derniers mois, et à proximité de son plus bas à 449,95 €. Son PER 2025 ressort à 17,6 fois les bénéfices estimés, un niveau en ligne avec la moyenne sectorielle (17,2), mais en dessous de sa propre médiane historique de 20.

Cela signifie que le marché intègre désormais une moindre croissance structurelle pour LVMH, avec une projection de croissance des bénéfices de 12,1 %, légèrement inférieure à celle du secteur (13,6 %). Le rendement du dividende, à 2,9 %, est lui aussi en ligne avec le groupe, avec un taux de distribution de 51 % des bénéfices.

Le consensus des analystes place l’objectif de cours à 420 €, soit une décote théorique de 7,6 % par rapport au niveau actuel. Ce point est crucial : malgré une valorisation redevenue raisonnable en apparence, le marché ne considère pas encore que le point bas soit atteint. L’absence d’élément catalyseur fort à court terme (relance en Chine, rebond aux États-Unis, amélioration du travel retail) pèse sur la capacité du titre à enclencher une dynamique haussière durable.

Le ratio de « book value / price » est passé de 16 % à 21 % sur la période récente, ce qui signifie que l’écart entre la valeur comptable et le cours boursier se réduit, offrant un peu plus de soutien à la valorisation. Mais cela reste faible comparé aux standards de la place.

Enfin, la sensibilité de LVMH est jugée moyenne : son bêta de 1 et sa volatilité annualisée de 33 % sur 12 mois indiquent une exposition relativement corrélée au marché, sans effet d’amortisseur ou d’accélérateur marqué. Autrement dit, en l’absence de choc sectoriel positif, LVMH suivra sans doute la tendance générale, à moins que les achats familiaux n’enclenchent une réévaluation collective.



Un actif patrimonial sous pression, mais stratégiquement renforcé par son actionnariat

Dans un portefeuille, LVMH conserve sa pertinence comme actif patrimonial de long terme, mais sa place en tant que valeur défensive est aujourd’hui sujette à caution. La décompression de sa valorisation depuis mars 2024, les révisions baissières des analystes et la défiance sur la demande dans les grands marchés asiatiques imposent une posture d’attente ou de renforcement progressif.

Le soutien massif de la famille Arnault via Financière Agache et Christian Dior SE agit comme un filet de sécurité implicite. Il indique que le cur du pouvoir capitalistique considère le niveau de valorisation comme redevenu compatible avec une accumulation stratégique. Ces rachats d’actions, même s’ils n’ont pas inversé la tendance, peuvent limiter le risque de décrochage supplémentaire et favoriser une normalisation si la conjoncture s’améliore.

À court terme, un investisseur exigeant privilégiera une attitude prudente : attendre une stabilisation confirmée des résultats, voire un retour à la hausse des révisions bénéficiaires, avant de renforcer une position. À long terme, la qualité intrinsèque de LVMH, la profondeur de ses marques, sa discipline financière et la solidité de son actionnariat en font un candidat crédible à la réévaluation.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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