Rubrique en collaboration avec

Ouvrir un compte
CAC 40 :
7 546,16 pts
-2.91%


Dernière mise à jour : 01/08/2025 - 17h37
Annonce
Assurance vie




🏠 Accueil   ➤    Finance
TELEPERFORMANCE (FR0000051807)
68,02 €
-20,65 %
+ haut
75,66 €
+ bas
68,02 €

Dernière mise à jour : 01/08/2025 - 17:37:35 - Euronext

L’action Teleperformance chute après les résultats, la transformation peine à convaincre

Le titre du spécialiste des services externalisés dévisse de plus de 20 % après la publication des résultats semestriels. Malgré une activité résiliente, la baisse des marges, l’envolée de l’endettement et la pression sur les services spécialisés suscitent des doutes. L’action a perdu près de 80 % en trois ans.

L’action Teleperformance chute après les résultats, la transformation peine à convaincre
Temps de lecture : 5 minute(s) - Par | Mis à jour le 03-08-2025 12:06 | Publié le 03-08-2025 12:04

Contexte fondamental : des résultats opérationnels stables mais une dynamique fragilisée

Sur les six premiers mois de 2025, Teleperformance a généré un chiffre d’affaires consolidé de 5,116 milliards d’euros, en légère hausse de 0,8 % à données publiées et de 1,5 % à périmètre et change constants. Cette croissance modérée s’inscrit dans un environnement macroéconomique incertain et reflète une dynamique contrastée entre les activités historiques et les services spécialisés. Les activités « core services », qui constituent le cœur du modèle de Teleperformance (relation client, BPO, services techniques...), ont connu une progression de 2,9 % à données comparables, soutenue par une reprise dans plusieurs géographies, notamment en Europe, au Royaume-Uni et en Asie-Pacifique.

En revanche, la zone Amériques affiche une stabilité, masquant une amélioration en Amérique latine et une activité encore atone aux États-Unis, malgré une légère reprise au deuxième trimestre. Les services spécialisés, qui regroupent notamment LanguageLine Solutions, TLScontact et les solutions pour les gouvernements, reculent de 7 % à données comparables. Cette baisse s’explique essentiellement par le non-renouvellement d’un contrat significatif dans la gestion des demandes de visa, qui pèse mécaniquement sur l’ensemble.

Hors cet effet, la croissance aurait atteint 3 %. En matière de rentabilité, l’EBITA courant s’établit à 697 millions d’euros, en légère baisse par rapport au premier semestre 2024 (703 millions d’euros). La marge d’EBITA ressort à 13,6 %, contre 13,9 % un an plus tôt. Le résultat net part du groupe atteint 249 millions d’euros, en recul de 14,4 %, principalement du fait d’une hausse de la charge d’impôt (taux effectif porté à 33,1 %, contre 28 % en 2024) et d’un résultat financier plus fortement négatif (-158 millions d’euros contre -99 millions d’euros). Ce dernier a été affecté par des pertes de change liées notamment à la livre égyptienne, ainsi que par l’effet d’un endettement en hausse.

La rentabilité opérationnelle du groupe reste néanmoins solide dans ses activités principales : la marge d’EBITA des core services atteint 11,1 %, en progression de 10 points de base, tandis que celle des services spécialisés s’établit à 27,7 %, en retrait par rapport aux 30,7 % de l’année précédente mais avec une normalisation attendue au second semestre. L’entreprise a également enregistré une forte génération de cash-flow opérationnel (710 millions d’euros), mais son cash-flow net disponible chute à 259 millions d’euros contre 448 millions un an plus tôt, du fait de l’intensification des investissements (acquisitions, IA, cloud...) et d’une dégradation du besoin en fonds de roulement. Sur le plan financier, la situation s’est tendue : l’endettement net s’établit à 4,482 milliards d’euros au 30 juin 2025, contre 3,890 milliards à fin 2024. Cette hausse provient essentiellement du financement de l’acquisition de ZP Better Together (500,9 millions de dollars), d’investissements dans l’IA (Sanas, Ema, Parloa), du rachat de participations et du paiement du dividende (4,20 € par action, soit 247,9 millions d’euros).

Annonce

Catalyseurs et freins : une transformation stratégique mais une dette qui interpelle

Teleperformance poursuit activement sa stratégie de transformation avec deux axes majeurs : l’intelligence artificielle (plateforme TP.ai) et l’extension de son offre vers des services à plus forte valeur ajoutée. L’intégration de ZP Better Together, société américaine spécialisée dans les services linguistiques pour sourds et malentendants, constitue un levier intéressant de diversification, avec une contribution de 89 millions d’euros au chiffre d’affaires semestriel et de 29 millions d’euros au résultat opérationnel. Mais son impact reste encore marginal à l’échelle du groupe.

Par ailleurs, le groupe a renforcé son portefeuille technologique avec l’acquisition de participations minoritaires dans trois startups d’IA appliquée à l’expérience client (Sanas, Ema, Parloa). Le montant global engagé atteint 21,7 millions d’euros. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision à moyen terme mais ne sont pas encore génératrices de résultats tangibles. La croissance du chiffre d’affaires est attendue dans le bas de la fourchette initiale (2 à 4 % à données comparables en 2025), et la marge d’EBITA est désormais visée entre 15,0 et 15,1 % à change constant.

Ces ajustements témoignent d’un certain réalisme stratégique, dans un contexte de pression sur certains segments et de volatilité monétaire accrue. Le ralentissement de LanguageLine Solutions, pénalisée par l’environnement américain, et la baisse d’activité de TLScontact sont des signaux à surveiller. En parallèle, la montée de l’endettement et le poids croissant des charges financières soulèvent des questions. Le groupe a émis en janvier un emprunt obligataire de 500 millions d’euros à échéance 2030 (coupon 4,25 %), et tiré 300 millions de dollars sur sa facilité de crédit. L’endettement net atteint désormais 4,48 milliards d’euros, représentant un ratio Dette nette / EBITDA de 2,11 (selon la définition contractuelle). Le groupe respecte ses covenants, mais sa marge de manœuvre s’est réduite. Malgré ces contraintes, Teleperformance conserve une structure financière globalement robuste, avec 3,95 milliards d’euros de capitaux propres et une trésorerie disponible de 1,2 milliard d’euros. Le dividende attendu de 6,7 % pour les 12 prochains mois est largement couvert (à 27,7 % seulement des bénéfices estimés), ce qui le rend soutenable, un élément important pour les investisseurs à la recherche de rendement stable.


Newsletter Ideal Investisseur
Comme 21 000 investisseurs,
Rejoignez le briefing quotidien d'Idéal Investisseur !

Je m'inscris


Analyse de valorisation : une décote manifeste, mais sans catalyseur immédiat

Le marché a sanctionné sévèrement le titre après la publication des résultats : l’action Teleperformance a chuté de 20,65 % le 1er août, clôturant à 68,00 €. Elle abandonne désormais 18,2 % depuis le début de l’année, et affiche une baisse vertigineuse de 79,15 % en trois ans. Cette dynamique reflète la perte de confiance des investisseurs, en dépit d’un modèle qui reste structurellement rentable. À ce niveau de cours, la valorisation s’est fortement contractée. Le PER estimé à long terme ressort à seulement 5, soit un niveau historiquement bas et inférieur à la moyenne du secteur technologique européen (16). Ce multiple très faible traduit à la fois une prudence sur les perspectives et un effet de base lié à la contraction antérieure des bénéfices.

Par ailleurs, le ratio Book Value / Price atteint 93 %, signalant une valorisation proche de l’actif net comptable, un seuil rarement franchi pour des entreprises de ce profil. Les analystes financiers restent partagés : les révisions de bénéfices sur trois mois sont légèrement orientées à la baisse (-0,3 %), mais la tendance de fond reste favorable. Au total, 15 analystes suivent le dossier à horizon 2027, ce qui confère au consensus une certaine fiabilité. L’objectif de cours implicite ressort à 65,14 €, soit un potentiel négatif de -4,2 % par rapport au cours actuel. Sur le plan technique, le titre est jugé survendu à court terme, tant du point de vue du RSI (24) que de l’analyse de tendance à 40 jours. Toutefois, il reste grevé par une performance relative très inférieure à celle du marché (-17,4 % sur 4 semaines par rapport au STOXX600), et une sensibilité élevée aux chocs (beta de 1,30).



Vers un repositionnement prudent dans les portefeuilles d’investissement

La brutale correction de l’action Teleperformance réinterroge son positionnement stratégique dans un portefeuille d’investissement. Longtemps considérée comme une valeur de croissance de qualité, avec un modèle éprouvé, une rentabilité élevée et un track-record d’exécution, l’entreprise fait face à un changement de perception de marché. Le niveau d’endettement, les incertitudes sur certains segments et la transformation en cours vers l’IA et les services spécialisés créent une phase d’attente.

Dans une allocation sectorielle, le titre reste lié aux dépenses des grandes entreprises dans la relation client, les services publics et les services numériques externalisés. Il conserve donc une part de résilience, mais son profil se rapproche désormais d’un actif contrariant. Les investisseurs à la recherche d’un rebond devront intégrer la possibilité de résultats intermédiaires encore volatils, notamment en cas de poursuite de la faiblesse des changes ou d’échecs dans les nouvelles offres.

À court terme, il paraît raisonnable de privilégier une posture d’observation active. Les niveaux techniques laissent entrevoir une zone de consolidation autour de 68 € mais l’absence de catalyseur clair, en dehors d’une stabilisation des perspectives macroéconomiques ou d’un regain de visibilité sur les services spécialisés, invite à la prudence. Un signal positif sur la capacité à dégager durablement un free cash-flow annuel d’un milliard d’euros, objectif réaffirmé pour 2025 hors éléments non récurrents, pourrait justifier un repositionnement plus offensif. Sur le long terme, le groupe conserve des atouts structurels : une couverture géographique étendue, une expertise éprouvée dans la gestion externalisée et une volonté claire d’adaptation stratégique. Mais après une perte de 80 % de sa valeur en trois ans, les investisseurs attendront des preuves tangibles avant de redonner un premium de valorisation à Teleperformance.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

Assurance vie

La rédaction vous suggère :

L'action TF1 progresse, mais la croissance reste contrainte par le marché publicitaire

L'action TotalEnergies confrontée à un ralentissement des résultats malgré une stratégie multi-énergies solide