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Malgré un contexte macroéconomique volatil, le titre Veolia Environnement affiche une progression de +10,55 % depuis le début de l’année, pour s’échanger autour de 29,96 € au 25 juin 2025. Le rebond est plus modeste sur trois ans (+25,35 %), et le cours reste à environ 8 % sous son plus haut annuel. Les fondamentaux opérationnels sont solides, mais le marché semble encore hésiter à valoriser pleinement le potentiel du groupe dans la transition écologique. Comment interpréter ce paradoxe ?
Veolia a publié pour le premier trimestre 2025 des résultats solides, alignés avec ses objectifs annuels. Le chiffre d’affaires atteint 11,5 milliards d’euros, en croissance organique de +3,9 % hors prix de l’énergie. L’EBITDA ressort à 1,695 milliard d’euros, en hausse de +5,5 % à périmètre et change constants, et la marge d’EBITDA s’établit à 14,7 %, en progression de 60 points de base. L’EBIT courant augmente quant à lui de +8,4 % pour atteindre 915 millions d’euros.La performance repose sur un modèle diversifié qui combine des activités « socles » (eau municipale, déchets solides, chauffage urbain) et des activités « boosters » (technologies de l’eau, déchets dangereux, bioénergies, flexibilité énergétique). Ces dernières affichent une croissance particulièrement vigoureuse, avec une hausse de +7,2 % sur le trimestre, contre +3,9 % pour les activités socles.La dynamique est bien répartie géographiquement. En France et en Europe, la croissance reste modeste mais régulière, avec des effets prix favorables et une météo plus rigoureuse soutenant les volumes dans l’énergie. En Amérique du Nord, l’activité progresse de +3,1 %, portée par les déchets dangereux et la revalorisation des contrats d’eau régulée. En Asie, les performances sont solides, notamment en Chine, au Japon et à Taïwan, où les activités municipales et de traitement des déchets sont bien orientées.Les métiers historiques (eau, déchets, énergie) continuent de croître. L’eau progresse de +2,4 %, portée par des hausses tarifaires (+1,8 %) et une amélioration des volumes. Les déchets affichent +3,7 %, avec un bon effet commerce et une contribution positive des matières recyclées. L’énergie, en repli de -1,9 % en brut, croît néanmoins de +5,3 % hors effet prix des commodités, grâce à la bioénergie, à la flexibilité et à l’efficacité énergétique.Au plan financier, Veolia maintient un endettement net sous contrôle à 18,855 milliards d’euros, avec un levier financier ramené à 2,75x l’EBITDA, contre 2,88x un an plus tôt. La génération de cash reste robuste et la trajectoire de désendettement est respectée.Enfin, la direction confirme tous ses objectifs pour 2025 et pour le plan stratégique GreenUp 2024-2027. Celui-ci vise un EBITDA supérieur à 8 milliards d’euros à horizon 2027, avec 350 millions d’euros d’économies par an, un levier financier maintenu sous 3x, une croissance du résultat net courant de l’ordre de 10 % par an et un dividende en hausse au même rythme.À noter également, la société a procédé le 16 juin 2025 à une augmentation de capital à la suite de l’attribution définitive d’actions gratuites dans le cadre du plan de 2022. Cette opération a porté le capital social à 3,7 milliards d’euros, renforçant le socle de fonds propres et la capacité de dilution maîtrisée à long terme.
Plusieurs leviers peuvent soutenir la valorisation de Veolia dans les prochains trimestres.Le premier réside dans la montée en puissance des « activités boosters », en particulier les technologies de l’eau et les services liés à l’efficacité énergétique. La finalisation de l’acquisition des 30 % de CDPQ dans Water Technologies & Solutions pour 1,75 milliard de dollars (environ 1,5 milliard d’euros) illustre cette volonté d’accélérer sur les segments à plus forte croissance et plus forte marge. L’opération valorise l’actif autour de 11 fois l’EBITDA post-synergies et permet à Veolia de prendre le contrôle total de cet actif stratégique, notamment en Amérique du Nord.Autre catalyseur : la réalisation du plan d’économies et de synergies issues de l’intégration de Suez. À fin mars, 460 millions d’euros de synergies avaient déjà été réalisées, avec un objectif porté à 530 millions d’euros fin 2025. Par ailleurs, 91 millions d’euros de gains d’efficacité ont été générés dès le premier trimestre, avec un taux de rétention de 42 % après partage avec les clients. Ce pilotage de la performance permet à Veolia de stabiliser ses marges malgré un environnement inflationniste et volatil.Le portefeuille d’actifs du groupe, désormais largement internationalisé, constitue aussi un rempart contre les chocs locaux. Avec plus de 215 000 salariés, une présence sur tous les continents, et une capacité à combiner services d’eau, d’énergie et de déchets, Veolia se positionne comme un opérateur global de la transformation écologique.Parmi les initiatives structurantes du trimestre figure aussi le lancement d’un vaste plan d’actionnariat salarié à l’échelle mondiale. Destiné à plus de 190 000 collaborateurs, il vise à renforcer la stabilité de l’actionnariat tout en favorisant l’engagement interne. La période de réservation court jusqu’au 30 juin 2025, avec un prix de souscription fixé le 30 juillet. Cette démarche pourrait contribuer à aligner durablement les intérêts du management, des collaborateurs et des actionnaires.Cependant, quelques limites subsistent.La tendance technique de l’action est négative depuis le 13 mai 2025, et la performance relative par rapport au STOXX600 reste légèrement inférieure sur 4 semaines (-0,3 %), malgré un environnement sectoriel globalement positif. Ce signal de faiblesse technique pourrait limiter la capacité du titre à franchir rapidement des seuils majeurs, tant que le marché ne réévalue pas la visibilité sur les résultats à moyen terme.Par ailleurs, les niveaux de fonds propres restent modestes (13,3 % du total des actifs), bien en deçà de la moyenne du secteur (25,7 %). Cela traduit une structure de bilan plus tendue que certains pairs, même si le levier est contenu. Cette caractéristique peut limiter les marges de manœuvre en cas de choc externe majeur.Enfin, la rentabilité sur fonds propres (ROE) reste historiquement inférieure à celle des meilleurs acteurs du secteur (7 % en moyenne sur cinq ans contre 9 % pour le groupe de référence), même si elle progresse à 11 % sur les derniers exercices. La marge nette avant impôts, en hausse à 6 %, reste aussi inférieure à la moyenne du secteur (16 %), signalant une capacité à transformer les revenus en résultats encore perfectible.
Avec un PER estimé à 11 pour 2027, Veolia se négocie en dessous de la médiane historique (11,8) et sous le niveau moyen de son secteur (12,3). Cette valorisation modérée reflète à la fois une sous-performance technique et la prudence persistante du marché vis-à-vis de la cyclicité implicite de certaines activités (notamment l’énergie).Pour autant, les perspectives de croissance bénéficiaire (+10 % par an) et un dividende généreux (5,3 % attendus) offrent un profil rendement/risque attractif. Le dividende représente 59 % des bénéfices estimés, niveau considéré comme couvert. Il évolue en ligne avec le résultat net courant par action et pourrait donc progresser mécaniquement si les objectifs GreenUp sont atteints.Le ratio de valorisation combiné croissance/PER (PEG) se situe autour de 1,1, ce qui traduit une valorisation raisonnable pour un groupe opérant dans un secteur stratégique, bien positionné sur les enjeux ESG et soutenu par des flux d’investissement structurels (eau, décarbonation, économie circulaire).Le prix cible est estimé aux alentours de 35 €, soit un potentiel de hausse de +16,5 % par rapport au cours actuel. Cette estimation repose sur une approche combinant les attentes bénéficiaires et le rendement offert.Enfin, la volatilité est contenue (10 % à un mois, 22 % à un an), et la sensibilité au marché est jugée faible (bêta de 0,72), ce qui renforce l’intérêt du titre dans un portefeuille équilibré, notamment en cas de correction de marché. Veolia tend à mieux résister dans les phases baissières.
Veolia Environnement reste aujourd’hui une valeur de fond de portefeuille, bien positionnée dans la transition écologique, avec une visibilité stratégique renforcée par la mise en œuvre du plan GreenUp. Son modèle diversifié, sa capacité à générer des synergies, et ses positions dominantes dans les technologies de l’eau et les déchets dangereux, en font un actif résilient à long terme.À court terme, le titre souffre encore d’une dynamique technique hésitante, qui appelle à la prudence pour un point d’entrée immédiat. Le marché attend probablement une validation des objectifs sur le semestre avant de revaloriser le titre. Le rendez-vous du 31 juillet, avec la publication des résultats du S1 2025, sera déterminant pour confirmer la trajectoire.Dans une optique de long terme, Veolia peut être intégré dans un portefeuille à dominante défensive ou diversifiée, notamment pour les investisseurs recherchant un rendement régulier et une exposition équilibrée aux enjeux environnementaux. Le profil du titre conviendra aussi aux investisseurs ESG, compte tenu de ses notations extra-financières solides et de son rôle central dans l’économie circulaire.Un renforcement pourra être envisagé en cas de franchissement technique clair au-dessus des 32 €, seuil proche du plus haut annuel, ou à l’inverse sur repli vers les 28 €, en l’absence de dégradation des perspectives.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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