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Dernière mise à jour : 25/06/2025 - 17:35:05 - Euronext

L’action Société Générale en pleine réévaluation, mais les signaux de valorisation restent contrastés

Le titre Société Générale a plus que doublé sur trois ans, avec une progression de +76,7 % depuis le 1er janvier 2025, portant le cours à 48,00 € au 24 juin. Cette envolée, portée par une nette amélioration des résultats trimestriels et des perspectives bénéficiaires revues à la hausse, invite à une réévaluation du potentiel du titre. Mais cette dynamique est-elle durable ou simplement le rattrapage d'un titre historiquement décoté ?

La réponse passe par une analyse complète des fondamentaux, des catalyseurs et des risques qui pèsent encore sur la banque de la Défense.

L’action Société Générale en pleine réévaluation, mais les signaux de valorisation restent contrastés
Temps de lecture : 5 minute(s) - Par | Mis à jour le 25-06-2025 09:14 | Publié le 25-06-2025 08:59

Contexte fondamental : des résultats solides, portés par tous les métiers

Le premier trimestre 2025 a marqué un tournant pour Société Générale. Le groupe a publié un produit net bancaire de 7,1 milliards d’euros, en progression de 6,6 % par rapport au T1 2024, et même de 10,2 % hors effets de périmètre. Tous les pôles d’activité ont contribué à cette croissance, à commencer par la Banque de détail en France, qui voit ses revenus grimper de 14,1 %, tirés par un rebond de la marge nette d’intérêt (+28,4 %). Cette performance repose en partie sur une forte production de prêts à l’habitat, en hausse de 115 % sur un an, et une collecte significative en assurance-vie (+5 % d'encours), avec un maintien élevé des unités de compte (40 %).

La Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs (BGCSI) s’inscrit également dans une dynamique porteuse, avec un chiffre d’affaires en hausse de 10 %, porté notamment par les activités actions (+21,8 %) et les activités de financement et conseil (+10,5 %). Sur ce segment, Société Générale affiche un résultat net part du groupe de 856 millions d’euros, en hausse de 22,8 %, et une rentabilité normative (RONE) de 18,7 %, l’une des meilleures au sein du groupe.

Le pôle Mobilité, Banque de détail et Services financiers à l’International, bien que pénalisé par les cessions réalisées en Afrique et en Europe centrale, affiche également un résultat net en hausse de 14,5 %, avec une rentabilité normative de 11,2 %. La croissance organique reste présente, notamment en Roumanie et République tchèque (+5,4 % de revenus à périmètre constant), tandis que la filiale Ayvens (ex-ALD/LeasePlan) maintient ses marges dans la mobilité automobile.

Ces résultats, salués par un ROTE de 11,0 % (contre 4,1 % au T1 2024), s’inscrivent déjà au-dessus des objectifs annuels de la banque. Même retraité des gains de cession d’environ 200 millions d’euros et de l’effet IFRIC 21, le ROTE ajusté atteint 10,9 %, confirmant une amélioration structurelle de la rentabilité.

En parallèle, la banque a poursuivi ses efforts de réduction des coûts avec des frais de gestion en baisse de 4,4 % hors périmètre, permettant de ramener le coefficient d’exploitation à 65 %, en avance sur la cible de 66 % pour 2025.

Enfin, le coût du risque est resté modéré à 23 points de base, inférieur à la fourchette cible de 25-30 points, grâce à une politique prudente et à une couverture renforcée des encours sains (3,1 milliards d’euros de provisions, soit plus de deux fois le coût du risque annuel). Le taux brut d’encours douteux est stable à 2,82 %, et le taux de couverture net s’établit à 82 %.

Au total, le résultat net part du groupe ressort à 1 608 millions d’euros sur le trimestre, soit une multiplication par 2,4 par rapport à l’année précédente.

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Catalyseurs et freins : une dynamique bénéficiaire, mais des défis structurels

La principale force actuelle de Société Générale réside dans la qualité de son exécution stratégique. Les objectifs du plan 2025 sont déjà dépassés sur plusieurs indicateurs clés (ROTE, coefficient d’exploitation, coût du risque), ce qui offre une marge de manœuvre précieuse. Le groupe est en avance sur son programme de cession d’actifs non stratégiques (SGEF, Suisse, Kleinwort Hambros) et sur son plan de rachat d’actions (872 millions d’euros en 2024).

Dans le même temps, Société Générale affirme son positionnement sur les thématiques ESG, en particulier dans le secteur de l’énergie, avec une réduction de 50 % de son exposition upstream au pétrole et au gaz depuis 2019, et un alignement sectoriel jugé crédible. La banque entend aussi capitaliser sur les projets de transition énergétique, en se positionnant comme conseil financier exclusif sur des projets de centrales électriques avec captage carbone au Royaume-Uni.

Par ailleurs, BoursoBank confirme sa dynamique de conquête, avec 460 000 nouveaux clients au T1 2025 (soit +20,7 % sur un an), portant le total à 7,6 millions. Avec un taux d’attrition bas, une forte collecte (assurance-vie, courtage) et un NPS de +54, la filiale continue de gagner en influence sur le marché français.

Cependant, plusieurs freins demeurent. Sur le plan opérationnel, la rentabilité du groupe reste en moyenne inférieure à celle de ses pairs. Le rendement historique des fonds propres (ROE) sur cinq ans reste faible à 3,8 %, contre 10,4 % pour l’industrie bancaire européenne. De même, la marge nette avant impôts (EBIT) se situe autour de 14 %, contre 28 % en moyenne dans le secteur.

Autre limite, le dividende attendu de 3,3 % pour les douze mois à venir est inférieur à la moyenne du secteur (5,7 %), alors même que la croissance des bénéfices est projetée à 12,4 % par an. Cette politique de distribution prudente peut rassurer en matière de solidité bilancielle, mais elle réduit l’attrait immédiat pour certains investisseurs à la recherche de rendement.

Enfin, bien que la structure de capital soit solide, la banque reste exposée à des risques géopolitiques et réglementaires, notamment sur les marchés émergents, où la dynamique reste contrastée. En Afrique et Outre-Mer, les revenus ont légèrement reculé au T1 malgré une hausse des dépôts.




Analyse de valorisation : un rattrapage significatif, mais un profil encore hybride

Avec un PER estimé de 6 pour 2027, Société Générale reste l’un des titres les moins chers du secteur bancaire européen, dont la médiane se situe autour de 7. Ce niveau traduit encore une prime de risque sur le profil du groupe, en raison de son exposition aux métiers de marché, de son historique de rentabilité faible et de sa sensibilité aux conditions de marché.

Mais ce faible multiple doit être relativisé. D’une part, la croissance bénéficiaire estimée à 12,4 % dépasse largement celle du secteur (9 %), ce qui place le ratio croissance/valorisation (PEG) à un niveau attractif. D’autre part, la performance boursière du titre est spectaculaire : +76,7 % depuis le début de l’année, +110 % sur trois ans, +115 % sur douze mois. Il s’agit d’un des meilleurs parcours parmi les grandes banques européennes.

Le titre reste légèrement sous-évalué par rapport à sa valeur théorique, avec un objectif de cours fixé à 57 €, soit un potentiel de progression de près de +19 % par rapport au cours du 24 juin 2025.

Le dividende, bien que modeste à 3,3 %, est couvert à hauteur de près de 20 % seulement des bénéfices estimés, ce qui laisse une marge importante pour un éventuel relèvement futur, notamment si le plan stratégique est respecté.

La sensibilité du titre est jugée faible, avec une volatilité en baisse et un comportement plus défensif en phase de marché baissier. Ce profil plus robuste face aux turbulences contribue à renforcer l’attractivité du titre auprès des investisseurs long terme.

Toutefois, la valorisation actuelle, bien que toujours modeste, ne reflète plus une situation de détresse. Le rattrapage est réel et pose la question de la soutenabilité de la surperformance. En l’absence de relèvement significatif du dividende ou de confirmation d’une rentabilité structurellement supérieure, le potentiel pourrait se tasser à moyen terme.



Positionnement stratégique : un profil en amélioration, mais encore en transition

Avec des résultats en forte progression, une discipline de coûts renforcée et des signaux positifs de la part du marché, l’action Société Générale retrouve une crédibilité stratégique qu’elle avait perdue depuis plusieurs années. La gouvernance affiche une exécution rigoureuse du plan 2025, et les signaux sur le premier trimestre renforcent la visibilité pour les trimestres à venir.

Dans un portefeuille diversifié, le titre retrouve un statut d’opportunité contrariante en voie de normalisation. Il ne peut pas encore être classé comme valeur défensive au sens classique du terme, compte tenu de la volatilité historique de ses résultats et de son exposition aux activités de marché. En revanche, il devient de plus en plus difficile de le considérer comme un « pari spéculatif » ou une simple « banque à restructurer ».

L’entrée immédiate peut être envisagée sur faiblesse technique, pour un investisseur capable de supporter une volatilité résiduelle. À plus long terme, une confirmation du ROTE au-delà des 10 % et un relèvement du dividende au-dessus de 4 % pourraient transformer définitivement la perception du titre.

Pour les investisseurs à la recherche de croissance bénéficiaire combinée à un potentiel de revalorisation, Société Générale redevient une option crédible, à condition de valider la trajectoire au second trimestre. Le rendez-vous du 31 juillet, avec les résultats semestriels, constituera à ce titre une étape décisive.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

Saxo

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