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À 218,90 € au 3 juin 2025, l’action Schneider Electric accuse un repli de 9 % depuis le début de l’année, mais affiche encore une progression de plus de 67 % sur trois ans. Une performance remarquable, portée par la qualité industrielle du groupe et sa forte exposition aux tendances structurelles comme l’électrification, la digitalisation et la durabilité. Cependant, la valorisation actuelle, supérieure à celle du secteur, commence à interroger dans un contexte de révisions bénéficiaires à la baisse et d’incertitudes macroéconomiques persistantes.
Au premier trimestre 2025, Schneider Electric a enregistré un chiffre d’affaires de 9,325 milliards d’euros, en croissance organique de 7,4 %, et en progression publiée de 8,4 % grâce à un effet de change favorable. Cette dynamique est très largement soutenue par l’activité de gestion de l’énergie, en hausse de 9,6 % à périmètre constant. L’autre grand pôle du groupe, les automatismes industriels, recule de 0,9 % en organique. La performance sectorielle traduit une forte traction des systèmes destinés aux centres de données, aux infrastructures et aux grands projets. En revanche, le segment des produits reste plus contrasté, notamment dans le bâtiment résidentiel, où la demande reste faible. L’effet calendaire (moins de jours ouvrés qu’en 2024) a également pesé à hauteur de -1 point sur la croissance totale du trimestre. Sur le plan géographique, la croissance est très inégalement répartie. L’Amérique du Nord affiche une croissance organique de 15,2 %, portée par les ventes de systèmes liés aux data centers et aux infrastructures de transport. L’Asie-Pacifique progresse de 9,3 %, grâce à l’Inde et à la Chine, cette dernière enregistrant un redressement progressif sur les automatismes industriels. En revanche, l’Europe de l’Ouest est en recul de 3,6 %, plombée par les reports de projets et un climat d’investissement plus frileux. Les logiciels, qui représentent environ 8 % du chiffre d’affaires du groupe, sont en croissance organique de 3 %, portés par la montée en puissance du modèle SaaS et des abonnements récurrents. AVEVA, en particulier, affiche une hausse de 14 % de son ARR au 31 mars 2025. Ce basculement vers des revenus récurrents est un facteur de stabilité à moyen terme.
Dans un contexte où la confiance des investisseurs est mise à l’épreuve par des tensions géopolitiques, Schneider a choisi de réaffirmer ses objectifs pour l’exercice en cours. Le groupe vise une croissance organique du chiffre d’affaires comprise entre 7 % et 10 %, et une progression de l’EBITA ajusté entre 10 % et 15 %. Cela correspond à une marge d’EBITA ajustée attendue entre 18,7 % et 19 %. Pour soutenir cette ambition, le management mise sur plusieurs leviers : poursuite des gains de productivité, accroissement des ventes de services et de logiciels, et discipline sur la gestion des coûts d’approvisionnement dans un contexte d’inflation persistante. Le positionnement multi-hub du groupe est également mis à profit pour optimiser la chaîne d’approvisionnement et limiter les effets de change. Par ailleurs, Schneider affiche un engagement très fort en matière de durabilité. Son programme « Schneider Sustainability Impact » atteint un score de 7,95 sur 10 au T1, et l’entreprise reste reconnue comme l’une des plus responsables au monde. Ces engagements renforcent l’image ESG du titre, un atout dans un univers d’investissement de plus en plus orienté vers les critères extra-financiers.
Le PER 2027 estimé s’établit à près de 22, contre 16 pour la moyenne sectorielle européenne. Ce niveau traduit une prime de valorisation assumée par le marché, liée à la qualité de l’exécution, au profil de croissance visible et à l’exposition aux segments porteurs. Mais il induit aussi un niveau d’exigence élevé. Le rendement du dividende s’inscrit à 2 %, en ligne avec la politique prudente du groupe, qui privilégie la rétention de ressources pour financer sa croissance externe et ses investissements stratégiques. Le ratio de distribution reste modéré, à 42,2 % des bénéfices estimés. Les fondamentaux restent solides : marge EBIT de 18 %, ROE de 14 %, ratio d’endettement contenu et génération de cash-flow libre proche de 100 % du résultat net sur l’année. L’intégration de Motivair (refroidissement liquide) et la joint-venture Schneider eStar (mobilité électrique) illustrent une stratégie industrielle cohérente et ciblée.
Dans un portefeuille à thématique de croissance durable ou de transition énergétique, Schneider Electric s’impose naturellement. Son exposition aux data centers, à l’électrification des usages, à la rénovation des infrastructures et à la digitalisation industrielle lui confère un positionnement unique en Europe. Pour autant, la valorisation tendue et la sensibilité du titre aux mauvaises nouvelles imposent une entrée mesurée. Le bêta élevé et la volatilité à 12 mois (plus de 37 %) signalent un comportement amplifié en cas de correction du marché. Certains analystes ont ainsi commencé à réviser leurs prévisions à la baisse depuis avril, notamment en lien avec un ralentissement temporaire des automatismes industriels. Aussi, si Schneider reste un actif de qualité, le point d’entrée idéal se situerait plutôt sous les 200 €, en cas de repli du marché ou de publications moins favorables. Dans l’immédiat, les investisseurs déjà positionnés pourront conserver, tandis que les nouveaux entrants gagneront à temporiser ou à accumuler progressivement sur faiblesse.
Schneider Electric conserve tous les attributs d’une valeur cœur de portefeuille à long terme. Son profil ESG, ses marges solides, sa maîtrise technologique et son exposition à des marchés de croissance séculaire en font une entreprise de référence. Le groupe a su gérer avec efficacité les cycles industriels, tout en structurant une offre complète allant du produit au logiciel, du projet au service. Néanmoins, le niveau de valorisation atteint en 2024-2025 limite le potentiel à court terme, sauf accélération inattendue des perspectives. Pour l’investisseur stratège, l’action mérite d’être surveillée de près, en attendant une opportunité d’achat plus confortable.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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