Le salaire de la peur

Ils étaient censés galérer, jongler entre factures impayées et clients fantômes. Et pourtant, surprise : les freelances gagnent presque deux fois plus que les salariés. Pendant que la France débat du « travailler plus », eux travaillent mieux, souvent seuls, toujours libres, et manifestement plus rentables. Le problème ? Les salariés n’y croient pas une seconde.

📠 Indépendants : la revanche des sans-patron

A métiers équivalents, les indépendants gagnent en moyenne 96 % de plus que les salariés.

Un chiffre qui bat en brèche le mythe du freelance précaire. Ce que révèle l’étude Selon le cabinet ACASI, plus d’un Français sur deux (53 %) pense qu’il gagnerait moins en se lançant à son compte. Or, dans les faits, les revenus explosent : 127 000 € nets pour un consultant indépendant contre 67 000 € pour un salarié, +159 % dans le commerce, +129 % dans le BTP.

Le salaire de la peur

61 % des salariés déclarent pourtant avoir peur de se lancer, citant l’incertitude des revenus (82 %), l’isolement (77 %) et la paperasse (71 %) comme principaux freins.

Ce que cela dit

L’envie d’indépendance est là, mais les Français restent culturellement attachés à la sécurité du salariat. L’étude montre que 89 % voudraient avoir des contrats signés avant de se lancer — signe que le besoin de stabilité reste prioritaire.

Source : ACASI / INSEE 2025

📊 Actionnariat salarié : record historique dans le SBF 120

L’actionnariat salarié atteint des sommets : 43 opérations collectives en 2024 pour 4,7 milliards d’euros levés. Une pratique désormais ancrée dans la culture des grandes entreprises françaises. Pourquoi ça compte Selon le Panorama Eres 2025, un salarié sur trois du SBF 120 est désormais actionnaire de son entreprise, et 6 entreprises comptent leurs salariés parmi les actionnaires majoritaires.

Les champions du BTP

Le secteur du BTP reste le plus en pointe, avec 11,3 % du capital détenu par les salariés, contre 3 % en moyenne. Bouygues, Eiffage et Vinci caracolent en tête, avec jusqu’à 22 % de participation.

Le détail

Décote moyenne de 19 %, fidélisation renforcée (8,1 % de départs volontaires contre 12,1 % ailleurs), ancienneté plus élevée… L’actionnariat salarié se révèle un outil de cohésion et de performance.

Source : Eres, Panorama de l’actionnariat salarié 2025

👴 Retraites : la revalorisation symbolique

Au 1er novembre 2025, les pensions Agirc-Arrco seront revalorisées de +0,6 % à +1 %, soit 3 à 6 € par mois pour une retraite moyenne. Un geste plus psychologique qu’économique. Ce que révèle l’étude L’enquête ASAC-FAPES / IFOP montre que 49 % des actifs se projettent négativement dans leur retraite. Les écarts régionaux sont frappants : 67 % d’optimistes en Île-de-France, contre 36 % en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.

Ce que cela dit

Les inégalités patrimoniales se doublent d’un fossé culturel : 53 % possèdent une assurance-vie, 20 % un PER, avec un net avantage francilien.

En résumé

Les Français comprennent que leur retraite dépend désormais de leur épargne personnelle. Comme le résume Nathalie Lejeune (FAPES Diffusion) : « Constituer une épargne par capitalisation devient un levier essentiel pour préserver son pouvoir d’achat. »

Source : ASAC-FAPES / IFOP 2025

⚙️ Marchés : pluie d’accords dans les semi-conducteurs

« Une pluie d’accords » — c’est ainsi que Mary-Sol Michel, directrice de la gestion sous mandat chez Swiss Life Gestion Privée, décrit l’effervescence du secteur américain. Ce qu’il faut retenir Septembre a été le meilleur mois boursier depuis 15 ans pour le S&P 500 (+3,5 %) et le Nasdaq (+5,6 %). La raison : un cocktail gagnant de baisses de taux de la Fed, de croissance révisée à la hausse, et surtout, de mégacontrats dans les semi-conducteurs.

Le détail des deals

Intel recapitalisé à 10 % par l’État américain, Nvidia investit 4 % dans Intel, OpenAI signe 300 Md$ avec Oracle, et prend 10 % d’AMD. Une chaîne d’investissements spectaculaire qui tire toute la tech vers le haut.

La suite

Swiss Life GP reste neutre mais constructive : une correction technique en octobre pourrait précéder une nouvelle vague de hausse, portée par des résultats T3 solides et un momentum technologique intact.

Source : Swiss Life Gestion Privée

🇺🇸 Fed : naviguer à vue sans chiffres officiels

Depuis douze jours, les États-Unis vivent un shutdown qui paralyse la production des statistiques économiques. Résultat : la Fed et les marchés avancent à l’aveugle. Inflation : prévisions sous incertitude Les chiffres d’inflation de septembre sont reportés, mais la Fed de Cleveland estime +3 % sur un an via un modèle de nowcasting. La plateforme Truflation et le projet Harvard Tracking Tariffs Impact prennent le relais pour suivre les prix.

Emploi : tendance au ralentissement

Les créations d’emplois sont gelées, mais les données ADP et Challenger confirment une dégradation lente du marché du travail. Le taux de chômage serait resté stable à 4,3 %, selon la Fed de Chicago.

Ce que cela dit

Le brouillard statistique américain révèle la fragilité d’un système dépendant de ses données. Comme le résume Florent Wabont (Ecofi) : « Difficile de naviguer à l’aveugle… mais il faut bien avancer. »

Sources : Fed de Cleveland, Harvard, Ecofi, Truflation

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