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Annoncé à l'issue du grand débat national, le premier Conseil de défense écologique s'est tenu le 23 mai. L'objectif : coordonner l'action du gouvernement sur les questions d'environnement. Quelques annonces ont été formulées à l'issue de ce rendez-vous, mais l'événement est loin de convaincre.
Réunis le 23 mai autour d'Emmanuel Macron, Édouard Philippe et plusieurs ministres (écologie, transport, agriculture, économie, affaires étrangères, budget) ont tenu le premier Conseil de défense écologique. Dans l'esprit du « Conseil de défense » qui se saisit des questions militaires, celui-ci est destiné à coordonner les politiques publiques autour des objectifs environnementaux. L'enjeu dépasse effectivement le seul ministère de l'Écologie. Si une transition écologique doit avoir lieu, elle doit être effective dans tous les domaines gérés par l'État et accompagnée par toutes les politiques publiques. Selon Édouard Philippe, ce Conseil « traduit une double prise de conscience (...). Conscience que nous devons aller plus loin, plus vite (...) et conscience que nous devons, sans renoncer à notre ambition de produire plus de richesse en France, mobiliser davantage pour aider les Français, les partenaires sociaux, les associations et les collectivités qui partagent notre ambition écologique ».
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S'étant « penché sur la façon de mobiliser les investissements publics et privés vers la transition écologique », le gouvernement a constaté un « déficit d'investissement vert dans l'économie française de 20 milliards d'euros par an ». Un manque qu'il souhaite combler, notamment en « utilisant les investissements publics pour réorienter les investissements privés » et en mobilisant « les acteurs financiers publics et privés notamment avec l'ADEME, la Caisse des Dépôts et la Banque Publique d'investissement pour faciliter l'accès au financement des porteurs de projets ». Le Premier ministre a par ailleurs annoncé la mise en place de 3 milliards d'euros de prêts supplémentaires aux collectivités afin de financer des projets liés à la mobilité quotidienne et la rénovation de bâtiments éducatifs. L'enveloppe des prêts concernant la rénovation thermique des logements sociaux sera quant à elle augmentée de 1 milliard d'euros. Le gouvernement souhaite également mettre en œuvre une démarche de « budget vert » dès la prochaine loi de finances. Concrètement, les budgets votés chaque année par le Parlement seront évalués au regard des engagements environnementaux pris par la France pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. Enfin, Édouard Philippe a rappelé l'ambition de porter au niveau européen la mise en place d'une banque du climat.
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Un des sujets attendus était la décision relative à l'ouverture d'une immense mine d'or à ciel ouvert en Guyane (projet « Montage d'Or »), contre laquelle se battent les associations écologistes. Édouard Philippe a précisé que le projet « est incompatible avec les exigences de préservation de la biodiversité que nous nous sommes fixées ». Les associations restent sceptiques et attendent des faits concrets.
La mise en place de ce premier Conseil de défense écologique reçoit de nombreuses critiques. Celles-ci ne portent pas sur le fond. Les attentes du public sont fortes, notamment chez les plus jeunes, en conséquence de quoi la plupart des partis politiques ont donné une couleur plus ou moins écologique à leurs projets. Les voix qui s'élèvent font majoritairement part de doutes quant à la réalité des intentions du gouvernement et à l'utilité d'un Conseil de défense. L'organisation Greenpeace évoque par exemple un « comité Théodule », reprenant une expression ironique du Général de Gaulle au sujet des comités français qui n'ont aucune efficacité. L'ONG déplore qu'il n'ait été suivi « d'aucune mesure chiffrée ni aucune politique structurante ». Ce Conseil est également critiqué car il s'ajoute à une liste de comités déjà longue. D'après les chiffres rapportés par Le Dauphiné, il en existe déjà 387 dont 61 pour le seul ministère de l'écologie. Ceux-ci coûteraient déjà 1,75M d'euros sur un an. Il s'ajoute également au Conseil National de la Transition Écologique (CNTE) et au Haut Conseil pour le Climat (HCC). Certains partis d'opposition dénoncent une politique environnementale opportuniste dans le cadre des élections européennes, puisque le premier Conseil s'est déroulé seulement 3 jours avant le vote alors que le sujet environnemental est l'un des sujets de la campagne. Yannick Jadot, tête de liste d'Europe-Écologie-les-Verts (EELV) considère ainsi sa tenue comme « une bonne opportunité à quelques jours du scrutin ». Interviewé sur RMC, l'ancien ministre de l'Écologie Nicolas Hulot a salué les efforts du gouvernement, tout en invitant à aller plus loin sur la question écologique. « Tant mieux si le gouvernement s'organise pour planifier cette transition sociétale », a-t-il déclaré, se refusant à « réduire l'enjeu écologique à un enjeu partisan » et invitant l'ensemble de la classe politique à un consensus les questions environnementales. « Si on ne veut pas démoraliser les gens, ne pas décourager le gouvernement, il faut savoir apprécier ce qui va dans le bon sens. (...) Accueillons [ce] sursaut, mais n'en restons pas là (...) c'est la survie de l'humanité qui est en jeu ». Un second Conseil de défense écologique se tiendra, selon Emmanuel Macron, « au plus tard dans la première quinzaine de juillet pour faire un bilan contradictoire. »
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