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À contre-courant du pessimisme ambiant, la croissance française a accéléré à +0,5 % au troisième trimestre 2025, selon l’Insee. Portée par l’aéronautique et les exportations, cette dynamique témoigne de la résilience de l’économie hexagonale, malgré un contexte politique tendu et la faiblesse persistante de la consommation des ménages.
Le moteur industriel français, souvent décrié, montre enfin des signes de redémarrage. La production totale de biens et services a progressé de +0,8 % au T3, contre +0,3 % au trimestre précédent.L’industrie manufacturière a bondi de +1,1 %, portée par l’énergie et les matériels de transport, tandis que les services marchands progressaient de +0,7 %.
Les raffineries, après un printemps morose, ont rebondi de +10,6 %, et l’aéronautique confirme son rôle stratégique : les exportations de matériels de transport progressent de +8,9 %, après un recul de –2,3 % au trimestre précédent.
« L’aéronautique reste la vitrine industrielle de la France », rappelle Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. « C’est aujourd’hui le principal vecteur d’exportation et de croissance, dans un contexte où la demande mondiale repart. »
Les industries chimiques et pharmaceutiques ont également soutenu la croissance, tandis que l’agroalimentaire continue de souffrir (–1,3 %), pénalisé par la hausse des coûts et la contraction de la consommation.
C’est le point noir du trimestre : la consommation des ménages reste atone (+0,1 %), freinée par la prudence face aux tensions politiques et à la stagnation du pouvoir d’achat. Les Français maintiennent un taux d’épargne élevé (autour de 18,8 % du revenu disponible brut), symbole d’un comportement de précaution persistant.
Les achats de biens stagnent (+0 %), avec une consommation alimentaire en recul (–1 %), tandis que les dépenses d’énergie progressent légèrement (+1,3 %), portées par un début d’automne plus frais.Dans les services, les contrastes sont marqués : information-communication (+1,6 %) et services aux entreprises (+1,2 %) soutiennent l’activité, mais hébergement-restauration (–0,5 %) et transports (–0,6 %) marquent le pas.
« La panne de la consommation s’explique par le climat politique et la dégradation du sentiment économique », souligne Philippe Crevel. « Les ménages ont le réflexe d’attendre plutôt que de dépenser. »
Ce ralentissement du moteur intérieur souligne la fragilité du modèle français : une économie qui résiste grâce à son industrie, mais peine à mobiliser sa demande interne.
Avec +0,5 % sur le trimestre et +0,8 % attendus sur l’année, la France reste sur une trajectoire modérée mais stable. L’économie démontre une capacité d’adaptation étonnante, portée par l’investissement, les exportations et la diversification sectorielle.
« Malgré un environnement international chaotique et des finances publiques sous tension, la France évite le scénario de stagnation », résume Philippe Crevel. « Mais la croissance reste fragile, dépendante de secteurs très ciblés. »
Le défi reste celui de la demande intérieure : sans redémarrage de la consommation, la reprise restera technique plutôt que sociale. L’économie française a prouvé qu’elle pouvait rebondir — mais pas encore décoller.