Disponible sur Google Play
Download on the App Store 
ideal investisseur
ideal investisseur
Annonce




🏠 Accueil   ➤    Économie & Politique


Entrepreneuriat et développement durable : peut-on concilier écologie et économie ?



Protection de l'environnement et monde de l'entreprise sont désormais intrinsèquement liés. La multiplication des outils financiers comme des investissements dans la transition énergétique, adossés à d'efficaces garde-fous, font de ce duo un schème effectif et pérenne.


Temps de lecture : 5 minute(s) - | Mis à jour le 27-02-2023 08:51:00 | Publié le 27-02-2023 08:25  Photo : Shutterstock  
Entrepreneuriat et développement durable : peut-on concilier écologie et économie ?

L'image d'Épinal d'un choix cornélien entre la planète ou la rentabilité a fait long feu. Aujourd'hui de nombreuses entreprises incarnent la capacité à concilier écologie et économie dans le quotidien des entreprises. Une diversité de modèles et d'actions fait vivre cette réalité quotidienne, qui permet d'épouser l'agenda climatique international.
Annonce
Assurance Vie

Les outils financiers : les green et les blue bonds

Milieu prépondérant du monde de l'investissement, la finance a fait adouber ses méthodes. Depuis près d'une dizaine d'années, la finance dite « verte » a pris son envol. Ce titre de dette, dit « Green bonds » est émis sur un marché financier dans l'objectif de subventionner des projets de transition énergétique ou d'autres thèmes sous la bannière écologique. Les principes des obligations vertes sont régis par l'International Capital Market Association (ICMA) et sont au nombre de quatre : utilisation des fonds, sélection et évaluation des dépenses, gestion des fonds, et reporting. Une étude de l'agence Moody's datée de 2016 évaluait alors ce marché à près de 70 milliards de dollars au niveau mondial. Pour l'année 2021, le site spécialisé Research & Markets l'estimait désormais à plus de 433 milliards de dollars. Son analyse passait au crible de grandes institutions financières comme BNP Paribas, Citigroup, Morgan Stanley ou le Crédit Agricole.

Ce dernier s'est positionné sur un enjeu de conservation croissant, la question océanique. Cette thématique est largement intégrée aux politiques européennes depuis plusieurs années au point d'être intégrée à la commission sur l'Environnement. Depuis 2018, le cas des Seychelles a gravé dans le marbre sa viabilité. Pour rembourser sa dette, le pays a décidé de créer deux aires marines protégées sans activité humaine. En échange, un groupe d'ONG dirigé par The Nature Conservancy est parvenu à lever 21 millions de dollars pour payer une partie de la dette des Seychelles améliorer la gouvernance des pêches prioritaires tout en développant l'économie océanique du pays. Christophe Crétot, directeur conseil & émission de dettes à Crédit Agricole CIB, donne des précisions sur ce marché dit des blue bonds, né en 2018 : « soutien à l'extension des aires marines protégées, préservation de la propreté des océans, […] programmes pour nettoyer la pollution plastique, financement d'éoliennes offshore » … Ce marché dans lequel s'investit le Crédit Agricole, ajoute-t-il, combine des perspectives tant économiques que durables au bénéfice des entreprises mais aussi des communautés concernées au niveau mondial. Au sein et au-delà du monde de la finance, les entreprises misent sur le long terme d'une économie fondée sur le développement durable.


La révolution « hydro » : hydrogène et hydroélectricité


C'est également le pari d'Alexandre Garese, fondateur du fonds Kouros Investment et partisan résolu de la transition énergétique. Entrepreneur indépendant de longue date et observateur du monde économique, Alexandre Garese analyse l'inexorable alignement de l'économie sur la problématique écologique : « Pour la plupart des dirigeants, toute nuisance environnementale est devenue synonyme de destruction de valeur, ce qui oriente ipso facto les investissements vers les secteurs les plus compatibles avec les principes liés au développement durable. » Ce dernier, précise-t-il, s'applique également aux entreprises, qui rompent avec le court-termisme pour réfléchir à leur pérennité sur le temps long. Pour Alexandre Garese « l'intégration de la question environnementale dans les différents business model est devenue un facteur essentiel de création de valeur ». L'implémentation de critères ESG, qui composent l'investissement social responsable (ISR), sont selon lui devenus centraux dans les stratégies d'investissement. Hyliko, son entreprise de camions à hydrogène soutenue par son fonds Kouros investments, les intègre de ce fait pleinement et les appréhende comme un « accélérateur de développement » des transports écologiques.

L'hydroélectricité figure à son tour parmi les solutions inscrites dans le temps long. À la différence de l'hydrogène porté par Kouros Investments, il s'agit de la plus ancienne des énergies renouvelables. La situation écologique mondiale lui confère aujourd'hui un regain d'intérêt et de notoriété. L'Agence internationale de l'énergie atomique soulignait en 2020 que cette énergie dispose, sur l'intégralité de son cycle de vie, de la plus basse émission médiane de CO2 par unité de production d'électricité. La Solar Impulse Foundation, créée par l'explorateur et environnementaliste suisse Bertrand Piccard, ne s'y est pas trompé. La SIF a intégré l'entreprise française Hydro Power Plant parmi ses 1000 solutions labellisées « Solar Impulse Efficient Solution » pour ses turbines hydroélectriques optimisées. Le PDG d'HPP, Pierre Pisterman, exposait à ce titre que « la petite hydroélectricité doit être reconnue par rapport à tout ce qu'elle apporte, non seulement en tant qu'énergie propre, mais aussi durable et rentable, et ce à tous les niveaux ». Le développement des labellisations et autres systèmes de notation constituent par ailleurs un garde-fou essentiel pour garantir l'intégration de la problématique environnementale dans les pratiques des entreprises.


Garde-fous : labels et bonnes pratiques

Les réseaux sociaux et les organisations de la société civile ont régulièrement critiqué le greenwashing pratiqué par de nombreuses sociétés. Sous un vernis prétendument écologique, celles-ci poursuivaient des activités dommageables pour la planète. Ces dénonciations prennent parfois d'autres formes, comme le name-and-shame, ou de manière plus localisée – en Suède – le flygskam de Greta Thunberg. Cette mise au ban de pratiques anti-écologiques a ses détracteurs, raison pour laquelle d'autres mécanismes sont apparus pour assurer le même rôle de défense mais en valorisant les actions positives. Plusieurs labels verts ont ainsi vu le jour, qu'il s'agisse du recyclage ou de la protection des forêts (Forest Stewardship Council) ou des océans (Marine Stewardship Council). En France, l'AFNOR gère par exemple l'Écolabel européen, toujours en croissance et qui s'assure que des produits demeurent respectueux de l'environnement tout au long de leur cycle de vie. En mars 2022, plus de 2 000 entreprises (dont plus de 300 françaises) en étaient titulaires. Dans le cas de l'hébergement touristique par exemple, les caractéristiques retenues sont la gestion générale, la réduction des consommations d'énergie, des consommations d'eau, la réduction et le tri des déchets et des eaux usées, ou encore la promotion des transports écologiques.

Corollaire de ces pratiques, des agences de notation dites extra-financières s'assurent que les entreprises intègrent pleinement les pratiques ESG et donc de RSE dans leur activité économique. Sollicitées par les investisseurs, elles peuvent être utilisées pour les fonds ISR et motiver les choix de soutiens à des projets ou l'intégration d'entreprises à leurs portefeuilles. Pour l'année 2020, l'agence Vigeo Eiris avait ainsi classé la Banque Postale au premier rang mondial des « banques de détail et spécialisées » en matière de RSE, et à la dixième place tous secteurs confondus. L'entreprise rapportait trois de ses actions en faveur du développement durable justifiant sa place : une neutralité carbone déjà atteinte « sur son périmètre opérationnel » ; sa place de « 1er gérant d'actifs généraliste » à avoir, en France, labellisé la totalité de ses fonds éligibles avec le label ISR ; son engagement de doubler ses encours dans le financement des projets de transition énergétique « en excluant tout financement de projets d'énergies fossiles ». La bonne santé financière de l'ensemble de ces acteurs et de ces secteurs confirment, s'il fallait encore en douter, que l'écologie et l'économie avancent désormais de concert et que cette symbiose représente un modèle d'avenir.

-> Assurance vie ISR : souscrire un contrat durable

-> Épargner pour entreprendre : le Livret d'épargne entreprise

-> Taxonomie européenne : quand l'UE incite à la finance verte


Annonce Trading

Votre avis, vos débats, vos questions

* Information obligatoire
10000

Commentaires

Pas encore de commentaires. Soyez le premier !