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Prometteuse, complexe, encore largement expérimentale : l’informatique quantique suscite espoirs et prudence. Pour les investisseurs, le moment est-il venu de s’y intéresser ? Elle fascine autant qu’elle déroute. L’informatique quantique, longtemps réservée aux laboratoires de recherche, entre dans une nouvelle ère. Des géants de la tech, des laboratoires publics et des gouvernements investissent massivement dans cette technologie, qui promet de bouleverser des pans entiers de l’économie : finance, cybersécurité, médecine, climat… Mais les usages concrets restent embryonnaires, et les obstacles techniques nombreux.
Selon McKinsey, les investissements publics dans l’informatique quantique ont dépassé 42 milliards de dollars en 2024. À cela s’ajoutent des milliers de brevets déposés, des annonces régulières de percées matérielles et des alliances industrielles. IBM a installé un ordinateur quantique dédié à la santé à la Cleveland Clinic, tandis que D-Wave affirme avoir résolu un problème physique réel par simulation quantique — une première revendiquée dans une revue scientifique. Amazon (avec Ocelot), Google (puce Willow), Microsoft (processeur Majorana) avancent vite. Mais tous reconnaissent que leurs machines opèrent encore à l’ère NISQ — Noisy Intermediate-Scale Quantum — des systèmes puissants, mais bruités, instables, et difficiles à généraliser.
Dans la finance, la promesse est alléchante : optimiser des portefeuilles complexes, affiner les modèles de risque, détecter les fraudes avec une puissance de calcul démultipliée. Dans la santé, on espère simuler des molécules à un niveau atomique, accélérer la découverte de médicaments ou encore personnaliser les traitements à partir de milliards de données médicales. IBM évoque déjà une IA médicale augmentée par le quantique. Mais aujourd’hui, ces applications relèvent encore du prototype ou du test en environnement contrôlé. Le saut vers l’industrialisation dépendra de la stabilisation du hardware, de la correction d’erreurs, et de la formation de talents capables de manipuler ces machines — un enjeu encore peu abordé.
Du côté des marchés, peu d’acteurs sont encore cotés. On peut investir via des ETF thématiques, comme ceux proposés par VanEck, ou via des géants impliqués dans le quantique (IBM, Google, Amazon, Microsoft). Mais les valorisations restent volatiles, et le chiffre d’affaires réel issu du quantique reste marginal. L’informatique quantique est une technologie dite « deeptech », à horizon long, aux rendements incertains mais au potentiel transformateur. Un positionnement intelligent consisterait à l’aborder comme une composante d’un portefeuille innovant, en l’associant à des secteurs connexes (semi-conducteurs, IA, cybersécurité). Encore au stade exploratoire, l’informatique quantique pourrait connaître dans la décennie un saut d’usage majeur. Pour les investisseurs patients, c’est un pari sur l’avenir, à manier avec discernement. La prochaine rupture technologique ne sera peut-être pas celle qu’on attend… mais ceux qui l’auront anticipée pourraient en récolter les fruits.
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