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Les Jeux Olympiques 2024 peuvent-ils être rentables pour la France ?

L'organisation des Jeux Olympiques 2024 à Paris est un enjeu majeur aussi bien sur le plan sportif qu'économique. Si elle suscite des inquiétudes quant au poids pour les finances publiques, l'économie française pourrait en récolter les fruits... ou pas.

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par C Dulary | Publié le 05-02-2024 09:30 
Les Jeux Olympiques 2024 peuvent-ils être rentables pour la France ?

5,2 milliards d'euros d'argent public pour financer les JO de Paris

Lorsque la France a déposé son dossier de candidature pour l'organisation des JO de 2024, elle affichait un budget de 6,8 milliards d'euros. À 5 mois de l'allumage de la flamme, le coût approcherait finalement des 12 milliards d'euros. 5,2 milliards seraient financés par de l'argent public, selon les estimations provisoires du cabinet Astarès.

L'écart entre le prévisionnel et le réel ne cesse de se creuser au fil des mois. Selon Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, la différence s'explique par une estimation de départ qui « n'était tout simplement pas réaliste ». Le phénomène ne semble pas unique. L'organisation des Jeux Olympiques de Londres en 2012 avait vu son budget initial de 3 milliards d'euros s'envoler, pour atteindre finalement environ 14 milliards d'euros.

L'universitaire Patrick Bouvet, dans son enquête « Les retombées des évènements sportifs sont-elles celles que l’on croit ? », décrivait en 2013 la « malédiction du vainqueur ». Selon lui, le Comité International Olympique (CIO) privilégierait les villes ayant une image forte et une capacité d'organisation supposée, sans considération suffisante pour la faisabilité budgétaire. Cette approche conduirait souvent à une surestimation des recettes et une sous-estimation des coûts.

Le budget global de l'organisation est réparti entre trois principaux pôles :
- le Comité d'organisation des Jeux Olympiques (Cojo), aurait ainsi budget de 4,4 milliards d'euros, principalement financé par des fonds privés au travers de sponsoring, de la billetterie, des partenariats et de la dotation du CIO ;
- la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) nécessiterait 4,4 milliards dont la moitié d'argent public pour la construction d'infrastructures liées aux jeux ;
- Les autres dépenses nécessaires financées par l'Etat et les collectivités pour environ 3 milliards d'euros, afin d'adapter les services publics, comme l'organisation de la sécurité et des transports.

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Des Jeux Olympiques rentables ? Difficile à dire

Les Jeux Olympiques de Paris pourront-ils être rentables pour les finances publiques ? Malgré les différentes estimations, cela reste difficile à déterminer : si le coût total n'est pas encore connu, les recettes et retombées sont encore plus ardues à évaluer.

Les JO de Paris devraient stimuler l'économie française et générer des recettes fiscales et sociales. « Les dépenses liées à l’organisation des Jeux généreront 137 000 emplois, 12 milliards d’euros de valeur ajoutée et 5,3 milliards d’euros de recettes fiscales et sociales (1,7 milliard d’euros de TVA, 2,6 milliards d’euros de cotisations salariales et patronales, 0,2 milliard d’euros d’impôt sur le revenu, 0,2 milliard d’euros d’impôt sur les sociétés et 0,6 million d’euros d’autres impôts) », indique l'étude provisoire du cabinet Astarès. Avec à la clé, des recettes supplémentaires de l'ordre de 5,3 milliards d'euros pour l'Etat.

Ce montant reste globalement équivalent aux dépenses publiques engagées, ce qui place l'estimation dans la marge d'erreur : un peu plus de dépenses ou un peu moins de recettes, et le potentiel de rentabilité peut rapidement basculer.




Incertitudes et potentiel impact à long terme

Ces chiffres sont à prendre avec précaution. L'impact budgétaire total des Jeux ne pourra être définitivement établi qu'une fois l'évènement terminé, voire après quelques années seulement... ou même jamais. De nombreux facteurs, tels que l'effet de l’événement sur l'image de la ville, l'attractivité du pays et l'impact à long terme des infrastructures, restent difficilement quantifiables.

Différentes échelles de rentabilité sont aussi à explorer. Les Jeux Olympiques pourraient ainsi bénéficier à certains secteurs, , certains emplois, certaines entreprises privées et beaucoup moins à d'autres. Dans le même temps, selon le rapport, les Jeux pourraient également perturber le fonctionnement de certaines entreprises locales, avec un impact potentiellement négatif sur les recettes fiscales. Dans ce contexte, l'effet à long terme sur les finances publiques implique tant de paramètres que les effets positifs à long terme restent hypothétiques.

En termes de retombées touristiques, les impacts sur plusieurs années sont par exemple peu prévisibles, le pays étant déjà le plus visité du monde avec 72,4 millions de touristes en 2023 selon le WTM GlobalTravel Report.



Les exemples des JO de Londres et d'Athènes

Si l'on se tourne vers le passé, les Jeux Olympiques ont eu des effets contrastés sur les pays organisateurs. Les JO de Montréal en 1976 sont un exemple notoire de déficit, avec des dettes qui ont persisté pendant 30 ans. Les expériences de Londres en 2012 et d'Athènes en 2004 offrent deux autres visions des opportunités à générer des bénéfices durables.

Le budget des JO de Londres a explosé, c'est une certitude. Mais 12 ans plus tard, les retombées sont encore sujettes à débat. Certains y voient les premiers jeux rentables de l'Histoire, quand d'autres contestent les estimations et méthodes de calcul employées pour arriver à cette conclusion. Certaines études évaluent les retombées jusqu'à 53 milliards d'euros sur 8 ans, principalement grâce à l'accroissement de la visibilité internationale et à l'impulsion donnée au secteur du tourisme. Une évaluation trop complexe pour être valable sur du long terme, notamment dans le contexte du Brexit. De même, d'autres critiques se font entendre sur l'échec de la reconversion des sites olympiques.

Les Jeux d'Athènes ont représenté un défi économique majeur pour la Grèce. Avec un coût estimé entre 9 et 13 milliards d'euros, l'organisation de l'événement en 2004 aurait considérablement alourdi le déficit public du pays. Les travaux préparatoires ont eu un impact négatif sur le tourisme, contrairement aux attentes, et la fréquentation n'a pas connu l'augmentation espérée l'année suivante.

Le président du CIO de l'époque, Jacques Rogge, avait estimé que les Jeux avaient contribué à hauteur de « 2% à 3% de la dette extérieure » du pays, contribuant à le précipiter dans l'une des plus importantes crises économiques de son Histoire. Les infrastructures, construites spécifiquement pour les Jeux ont été abandonnées, faute de planification efficace pour leur réutilisation. Cette situation a laissé derrière elle des sites en décrépitude, illustrant le manque de vision à long terme dans l'exploitation de l'héritage olympique.

Ces deux cas offrent des leçons précieuses pour les futures villes hôtes des Jeux Olympiques, soulignant l'importance d'une planification minutieuse et d'une gestion financière prudente pour tenter de transformer l'événement en un investissement rentable et bénéfique à long terme.

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Commentaires (7)

C'est quand même drôle cette façon de présenter les choses, non ? On nous parle d'un potentiel impact à long terme, mais on ne sait même pas si ces jeux olympiques seront rentables ou non. On injecte des milliards d'euros d'argent public sans avoir la moindre idée de ce qu'on va en tirer. Pour moi, ce n'est pas de l'investissement, c'est du pari. Et je ne suis pas sûr que parier avec l'argent du contribuable soit une très bonne idée. En tout cas, j'ai hâte de voir comment tout cela va se dérouler.

Bonjour à tous, ce qui me chiffonne c'est cette histoire de 5,2 milliards d'euros. On va sortir une telle somme d'argent pour un événement de quelques semaines ? Ce serait pas plus sage de s'en servir pour booster notre économie nationale, renforcer nos infrastructures pour le long terme ? J’espère que nos politiques ont bien calculé le coup et qu'on va pas se retrouver avec une facture salée pour des résultats mitigés. Les JO c'est beau sur le papier, mais il faut pas que ça se fasse à notre détriment. Voilà, c'est juste mon avis. Bonne journée à tous.

Alors là, vous m'en bouchez un coin ! On parle souvent des bénéfices que les JO peuvent engendrer pour le pays hôte, mais on oublie souvent le côté sombre de la médaille... Le poids de ces investissements sur nos finances publiques, c'est un truc à ne pas prendre à la légère. J'espère que nos dirigeants sont bien conscients des risques. Du coup, je ne suis plus aussi convaincu que ces JO soient une si bonne affaire pour la France.

Sacré dilemme, hein ? Si on considère les Jeux Olympiques comme un investissement, alors on est face à un pari risqué. Ok, 5,2 milliards d'euros c'est une belle somme, mais si le retour consiste en retombées économiques supplémentaires, ça peut valoir le coup. Le hic, c'est que c'est pas garanti... Faudrait que l'État arrive à bien gérer les coûts (ce qui n'est pas gagné d'avance) et que l'événement drainant du monde, on ressente un véritable impact sur l'économie. Je reste sceptique, mais qui sait...

Eh bien, voilà encore un sujet chaud, mes amis ! 5,2 milliards d'euros d'argent public, tout ça pour des JO ! Ça fait bobo au porte-monnaie, hein ? Pas sûr que ce soit un bon coup pour notre économie. Enfin, qui vivra verra...