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Le billet vert continue de s’effriter sous le poids des incertitudes économiques, fiscales et politiques américaines. Dans le même temps, l’euro se renforce et l’or, valeur refuge séculaire, revient au cœur des allocations stratégiques. Décryptage avec Lucas Meric, stratégiste chez Indosuez Wealth Management.
Depuis la mi-mai 2025, le dollar américain poursuit son recul sur les marchés des changes. Ce paradoxe une devise qui chute alors même que les taux longs américains restent élevés s’explique, selon Lucas Meric, par une combinaison de facteurs défavorables au billet vert :Une inflation qui surprend à la baisse pour le quatrième mois consécutif ;Un sentiment de défiance grandissant des investisseurs étrangers, notamment vis-à-vis de la soutenabilité de la dette américaine ;Une perception négative du projet de loi budgétaire américain, qui entend taxer davantage les investissements étrangers jugés non alignés avec les intérêts fiscaux des États-Unis.S’ajoutent à cela des éléments de positionnement de marché : les opérateurs ont largement réduit leur exposition au dollar ces dernières semaines, rendant tout rebond ponctuel improbable sans catalyseur fort.
Pour autant, quelques facteurs de soutien temporaires subsistent. En cas de hausse des tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, le dollar reste un actif refuge historique. De même, une résilience inattendue de l’économie américaine pourrait contraindre la Fed à maintenir une politique monétaire restrictive, soutenant temporairement le dollar.Mais au-delà du court terme, le rééquilibrage structurel est en marche, estime Indosuez. La parité de pouvoir d’achat du dollar demeure élevée, et les grandes institutions internationales réallouent progressivement leurs portefeuilles. Objectif : réduire leur dépendance au dollar.Le World Gold Council, dans son rapport 2025, révèle un basculement historique : près de 75 % des banques centrales déclarent vouloir réduire la part du dollar dans leurs réserves d’ici cinq ans (contre 42 % en 2022).
Le grand bénéficiaire de cette recomposition ? L’or, qui atteint désormais 20 % des réserves des banques centrales, dépassant pour la première fois l’euro (16 %). La tendance s’est accélérée depuis 2024 avec :L’accumulation d’or par les banques centrales des pays émergents ;La hausse spectaculaire du prix de l’or, stimulée par l’incertitude géopolitique, l’inflation persistante et la quête de diversification.Indosuez considère que cette dynamique devrait se poursuivre. 95 % des banques centrales interrogées s’attendent à une poursuite de la hausse des réserves en or d’ici 12 mois.Par ailleurs, l’euro bénéficie en miroir d’un regain d’intérêt, notamment de la part des investisseurs asiatiques et du secteur assurantiel, dans une logique de rééquilibrage global.Le recul du dollar n’est plus conjoncturel, il devient structurel. Dans ce monde post-unipolaire, la diversification monétaire est plus qu’un réflexe : c’est une stratégie de souveraineté financière. Et dans cette logique, l’or s’impose à nouveau comme l’actif universel par excellence.
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