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Pourquoi les entreprises cotées rachètent leurs propres actions

En 2024 et 2025, les rachats d’actions ont atteint des niveaux records aux États-Unis, mais aussi en Europe. Ce mécanisme, parfois critiqué, souvent mal compris, s’impose comme un levier stratégique de gestion du capital pour les sociétés cotées. Mais derrière la mécanique financière, les motivations et les conséquences sont multiples et parfois ambivalentes.

Pourquoi les entreprises cotées rachètent leurs propres actions
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par | Publié le 26-06-2025 07:00

Un outil pour améliorer le rendement des actionnaires… sous conditions

Racheter ses propres actions permet à une entreprise de réduire le nombre de titres en circulation. À bénéfice constant, cela augmente mécaniquement le bénéfice par action (BPA), un indicateur scruté par les marchés. Cette hausse du BPA peut soutenir le cours de Bourse, ce qui profite aux actionnaires restants, notamment les fonds d’investissement en quête de rendement.

Mais il faut nuancer : l’effet positif sur le cours n’est ni automatique, ni durable si la performance opérationnelle ne suit pas. Un rachat d’actions réalisé à un prix trop élevé ou dans un contexte de croissance atone peut même détruire de la valeur à long terme. L’exemple de TotalEnergies, qui a racheté pour 9 milliards de dollars d’actions en 2023 puis renouvelé son programme en 2024, illustre une utilisation massive de ce levier dans un contexte de profits exceptionnels. LVMH, de son côté, a lancé un programme de 1,5 milliard d’euros en 2023, affichant sa confiance dans sa capacité à générer du cash malgré un environnement moins porteur.

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Fiscalité : un avantage relatif, à manier avec précaution

Contrairement aux dividendes, qui déclenchent une imposition immédiate (30 % de flat tax pour les particuliers en France), les rachats d’actions ne génèrent pas de fiscalité tant que l’actionnaire ne vend pas ses titres sur le marché. Toutefois, si le rachat prend la forme d’une offre publique de rachat (OPRA) ou d’un rachat direct auprès des actionnaires, la fiscalité peut être immédiate, l’opération étant assimilée à une cession classique. L’avantage fiscal dépend donc du mode de rachat et du contexte réglementaire.


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Un signal au marché… pas toujours sincère

Le rachat d’actions est souvent présenté comme un message fort : celui d’un management convaincu que le titre est sous-évalué. C’est un signal de confiance, censé rassurer les investisseurs sur la solidité des perspectives. Mais cette lecture est à relativiser. Les rachats servent parfois à optimiser artificiellement le BPA ou à répondre aux attentes de marché, sans conviction réelle sur la sous-évaluation du titre. Dans certains cas, ils peuvent même masquer un manque de projets d’investissement ou de croissance organique.



Des effets ambivalents sur l’investissement et la structure financière

L’un des reproches majeurs adressés aux rachats d’actions concerne leur impact potentiel sur l’investissement productif. Lorsqu’une entreprise privilégie la distribution de cash aux actionnaires au détriment de la R&D, de l’innovation ou de l’emploi, elle prend le risque de sacrifier sa croissance future. Ce phénomène a été observé chez plusieurs géants américains (Amazon, Apple, Meta), qui ont intensifié leurs rachats en 2023 malgré des contextes opérationnels contrastés.

Autre point de vigilance : le recours à l’endettement pour financer les rachats. Profiter de taux bas pour racheter massivement ses actions peut fragiliser l’entreprise si les conditions de marché se retournent ou si la rentabilité future n’est pas au rendez-vous. En 2025, plusieurs entreprises industrielles allemandes ont vu leur perspective abaissée par Fitch, notamment en raison de rachats massifs dans un contexte de marges en déclin.

Souplesse et limites : un outil à manier avec discernement

La force du rachat d’actions réside dans sa flexibilité : à la différence du dividende, il peut être suspendu ou ajusté à tout moment. Cette souplesse rassure les dirigeants, mais peut brouiller la lisibilité pour les investisseurs, qui peinent parfois à anticiper la politique de retour aux actionnaires. La crise de 2020 l’a montré : la quasi-totalité des entreprises du CAC 40 ont interrompu leurs programmes de rachats face à l’incertitude. En 2025, les sociétés qui utilisent les rachats d’actions de manière ciblée, tout en maintenant un niveau d’investissement élevé et une discipline financière stricte, conservent un avantage en matière de gestion de leur structure de capital. Airbus, par exemple, a annoncé un programme de 1 milliard d’euros sur deux ans, sans renoncer à ses ambitions en matière d’innovation.

Un équilibre à trouver

Les rachats d’actions ne sont ni bons ni mauvais en soi : ils constituent un outil de gestion du capital, dont l’impact dépend du contexte, de la stratégie de l’entreprise et de la discipline financière des dirigeants. Utilisés à bon escient, ils peuvent renforcer la confiance du marché et optimiser le rendement pour les actionnaires. Mal employés, ils risquent de fragiliser la structure financière et de détourner l’entreprise de ses priorités de long terme. Pour les investisseurs, la clé est donc d’analyser la cohérence de ces programmes avec la trajectoire opérationnelle et les perspectives de croissance de chaque entreprise.

Saxo

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