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Face à une épargne massive mais sous-exploitée, l’Union européenne s’attaque à un défi stratégique : réorienter les capitaux privés vers l’économie réelle. Un rapport co-publié par New Financial et Fidelity International propose une feuille de route concrète pour convertir l’épargne dormante en levier d’investissement productif, sur le modèle de dispositifs à succès comme l’ISK suédois.
L’Union européenne dispose d’un trésor… mais n’en tire que peu de valeur. En 2023, près de 11 000 milliards d’euros d’épargne des ménages étaient immobilisés dans des dépôts bancaires ou livrets faiblement rémunérés. Or, dans un contexte de transition énergétique, de vieillissement démographique et de transformation industrielle, les besoins en financements à long terme ne cessent de croître.Pour répondre à ce paradoxe, la Commission européenne a lancé une stratégie baptisée “Union de l’épargne et de l’investissement” (UEI). L’objectif : transformer l’UE en un marché unique de l’épargne, avec des produits harmonisés, simples et attractifs. Dans cette dynamique, le think tank britannique New Financial et Fidelity International publient un rapport ambitieux intitulé “Concevoir des comptes d’épargne et d’investissement dans l’UE”. Le document identifie 10 leviers d’action concrets, inspirés des meilleures pratiques mondiales.L’enjeu est de taille : mobiliser jusqu’à 4 800 milliards d’euros d’ici 2035, en créant des produits adaptés aux épargnants européens. À l’image de l’ISK en Suède – un compte d’investissement simple et fiscalement avantageux lancé en 2012 – les auteurs plaident pour une approche fondée sur la simplicité, la souplesse et la confiance.
Le rapport pointe d’abord l’absence d’outils harmonisés pour l’investissement individuel à long terme en Europe. Contrairement au Royaume-Uni (ISA), au Canada (TFSA) ou à la Suède (ISK), peu de pays proposent des comptes fiscalement incitatifs et faciles à utiliser. Résultat : le taux d’épargne à long terme dans l’UE plafonne à 239 % du PIB, contre 310 % au Royaume-Uni et 500 % aux États-Unis.Parmi les recommandations du rapport : créer des comptes accessibles et sans plafond trop bas, avec un reporting fiscal automatisé, une liberté de retrait, une ouverture géographique européenne et, surtout, des avantages fiscaux clairs, stables et compréhensibles. Ces éléments sont essentiels pour bâtir la confiance des ménages, qui hésitent souvent à investir par crainte de la complexité ou de l’instabilité réglementaire.Le modèle suédois fait figure d’exemple. Dix ans après sa création, le compte ISK représentait près de 30 % du PIB suédois. Sa force : un cadre simple, une fiscalité lisible et une souplesse d’usage. Selon le rapport, si des dispositifs équivalents étaient adoptés dans toute l’Union avec un taux d’adhésion similaire, entre 1 500 et 4 800 milliards d’euros pourraient être réorientés vers des actifs productifs à horizon 2035.
Christian Staub, responsable EMEA de Fidelity International, insiste : « Ce rapport souligne l’urgence de mettre en place des produits d’épargne innovants qui responsabilisent les citoyens et consolident l’avenir financier de l’Europe. » Un avis partagé par Maximilian Bierbaum, directeur de la recherche de New Financial : « Les Européens sont d’excellents épargnants, mais pas encore d’excellents investisseurs. »Le rapport recommande également de sensibiliser les jeunes à l’investissement, de renforcer la stabilité réglementaire et de mener des campagnes pédagogiques à l’échelle européenne. Une condition sine qua non pour transformer l’UE en un véritable marché intégré du capital à long terme.Au moment où les grandes puissances se réarment financièrement, la capacité de l’Europe à mobiliser son épargne devient un enjeu de souveraineté économique. Plus qu’une réforme technique, il s’agit d’un changement culturel majeur : faire passer l’épargne de la protection à la projection.
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