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Guerre commerciale États-Unis/Chine : pourquoi Pékin dévalue sa monnaie ?



Dans la guerre commerciale qui l'oppose aux États-Unis, la Chine vient de faire chuter le cours du Yuan à son niveau le plus bas depuis 2008. Washington accuse Pékin de manipuler sa monnaie pour soutenir ses exportations, en réponse à l'augmentation des droits de douane imposée par Donald Trump. De part et d'autre, les stratégies s'avèrent périlleuses pour l'économie mondiale. Explications.


Temps de lecture : 2 minute(s) - | Mis à jour le 07-08-2019 17:28:00 | Publié le 07-08-2019 17:10  Photo : (c)Shutterstock  
Guerre commerciale États-Unis/Chine : pourquoi Pékin dévalue sa monnaie ?

Une guerre commerciale à coup d'augmentations de droits de douane

La guerre commerciale fait rage entre les États-Unis et la Chine. Depuis 18 mois, les deux géants s'affrontent dans de violentes relations nées de la volonté de Donald Trump de réduire le déficit commercial de son pays. Le président affirme que les États-Unis importent trop de produits et tente de remédier au problème en augmentant les droits de douanes sur de nombreux produits.

La Chine a vivement répondu en limitant également l'accès des produits américains à son marché intérieur. La dévaluation de sa monnaie, le Yuan, est le dernier épisode en date de ce conflit.

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Une dévaluation pour relancer les exportations ?

Le cours d'une monnaie est l'une des premières armes économiques d'un pays. En dévaluant le Yuan, c'est-à-dire en faisant baisser son cours par rapport à celui des autres monnaies, la Chine s'octroie l'avantage d'avoir des produits plus compétitifs à l'export. En effet, les produits chinois deviennent moins chers pour les étrangers si le taux de change de la monnaie leur devient plus favorable.

Par exemple (si l'on fait abstraction des frais de change), 1 dollar s'échangeait contre 6,27 yuans en mars 2018. Un produit vendu 1000 yuan coûtait donc 159 dollars. Le 6 août, après la dévaluation, 1 dollar pouvait s'échanger 7,13 yuans. Le même produit à 1000 yuans ne coûtait donc plus que 140 dollars, soit 12% de moins.

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La Chine nie avoir manipulé le cours du Yuan


Si cette dévaluation peut effectivement redonner un peu de compétitivité aux produits chinois, elle est loin de compenser les droits de douane supplémentaires imposés par les États-Unis (entre 10 et 25%). Elle a, de plus, contribué à déstabiliser les marchés financiers : le 5 août, les bourses de New York, Tokyo, Hong Kong, Paris et Londres ont fini en baisse.

Washington accuse Pékin d'avoir sciemment manipulé le cours de sa monnaie, ce que réfute la banque centrale chinoise. Son patron, Yi Gang, a expliqué que la Chine « ne s'engagera pas dans une dévaluation compétitive (...) pour faire face aux problèmes extérieurs comme les différends commerciaux », s'engageant à « maintenir un taux de change du yuan à un niveau raisonnable et stable ».

Laisser sa monnaie dévisser est en effet une stratégie dangereuse pour la Chine. La dévaluation du Yuan est un facteur de fuite de capitaux, ce contre quoi le pays lutte depuis 2015. De plus, si une monnaie faible est bonne pour les exportations, elle est au contraire délétère pour les importations. Les résidents chinois risquent ainsi de voir le prix des marchandises et matières premières importées nettement augmenter, comme par exemple le pétrole.

Or, l'économie chinoise est elle-même en perte de vitesse, signant sa plus faible performance depuis 1992 au deuxième trimestre (avec +6,2% tout de même). Il est donc important pour les autorités du pays de stabiliser la monnaie.

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Un signal d'alerte pour les États-Unis

Dans un contexte économique qui pourrait devenir difficile pour la Chine, la plupart des analystes ne pensaient pas que le pays irait jusqu'à utiliser l'arme ultime qui consiste à dévaluer sa propre monnaie. Cet évènement a surpris les investisseurs, ce qui explique le recul des marchés financiers qui a suivi.

Face à cette nouvelle inattendue, les États-Unis vont peut-être se voir contraints d'adoucir le ton. La Chine est en effet le premier créancier du pays : elle détient 1120 milliards de dollars de bons du Trésor américain, soit 17% de la dette acquise par des étrangers. Une liquidation massive de ces titres pourrait forcer les États-Unis à augmenter leurs taux d'intérêt pour pouvoir continuer à emprunter sur les marchés. Ce qui pourrait conduire à une augmentation de ses taux directeurs, avec des conséquences sur l'économie toute entière.

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Une guerre commerciale qui dure depuis mars 2018
En mars 2018, Donald Trump ouvrait le premier front en décidant d'augmenter de 25% les taxes sur les importations d'acier et d'aluminium. En réaction, la Chine publiait la liste d'une centaine de produits qui seraient surtaxés si les deux pays ne trouvaient pas d'accord. Quelques jours plus tard, les États-Unis ripostaient avec leur propre liste de produits qui pourraient à leur tour être taxés, à laquelle la Chine répondait immédiatement avec... une nouvelle liste.

Après un réchauffement des relations au printemps, la guerre reprenait à l'été 2018, lors de l'entrée en vigueur des taxes américaines. Un fait qui a rapidement déclenché de nouvelles taxations en chaîne des deux côtés du Pacifique.

En fin d'année, les deux clans marquaient une pause, avant de reprendre le conflit de plus belle à partir du 10 mai 2019. Washington annonçait alors augmenter les droits de douane sur 200 milliards d'importations chinoises, et interdire les réseaux de télécommunication américains de se fournir en équipement auprès de la Chine ou de vendre des technologies dans le pays. « L'affaire Huawei » démarrait, suivie de nouvelles représailles de la Chine, qui promettait d'établir une liste noire d'entreprises étrangères « non fiables ».

Fin juin, lors de leur rencontre au G20 d'Osaka au Japon, Donald Trump et Xi Jinping s'accordaient à relancer leurs négociations commerciales. Mais leur rencontre de fin juillet n'a pas abouti. Le 1er août, de nouvelles sanctions américaines sont tombées : Donald Trump promet désormais de taxer la quasi-totalité des produits chinois à compter du 1er septembre.


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