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Tourisme de masse : saturation en vue



Le tourisme de masse abîme les sites et augmente parfois le coût de la vie des populations locales. Pour protéger leur patrimoine et leurs habitants, certains pays et villes commencent à agir pour limiter le nombre de visiteurs. Mais le tourisme étant source d'emplois et développement économique, l'équation reste difficile à résoudre.


Temps de lecture : 4 minute(s) - | Mis à jour le 05-08-2019 16:58:00 | Publié le 05-08-2019 16:43  Photo : (c)Shutterstock, paquebot devant Venise  
Tourisme de masse : saturation en vue

Le difficile équilibre entre les avantages et les inconvénients du tourisme de masse

Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), la planète comptait 1,3 milliard de touristes en 2017. Le développement des congés payés dans les pays industrialisés, le déploiement des vols low-cost, la baisse du prix des hébergements et les services apportés par Internet permettent à un nombre croissant de personnes de voyager.

De prime abord, la venue de ces nombreux visiteurs a un impact positif sur les économies locales. Ils consomment et font travailler beaucoup de personnes. En Europe, le tourisme rapporte 400 milliards d'euros de recettes et représente 10 millions d'emplois (source OMT).

Mais ce tourisme de masse a des côtés sombres. Selon les propos de l'anthropologue Jean-Didier Urbain rapportés par l'AFP, le tourisme de masse a ainsi « des effets extrêmement clivants sur la population locale : d'un côté, des gens s'enrichissent et, de l'autre, des gens subissent, sont prolétarisés et marginalisés ». Consommation d'énergie et d'eau parfois au détriment des locaux, forte augmentation des loyers pour les habitants...

Si l'on ajoute les déchets produits en quantité et les incivilités des voyageurs, certains sites peuvent même être amenés à disparaître du fait d'une fréquentation déraisonnée, emportant avec elle tous les avantages économiques du tourisme sur le long terme.

D'après les projections de l'OMT, le trafic aérien pourrait doubler d'ici 2036 et le nombre de touristes passer à 1,8 milliard. Pour protéger leur patrimoine et leur population, certains pays ou villes commencent à agir pour limiter le nombre de visiteurs tout en essayer de préserver un équilibre financier. L'équation reste difficile à résoudre.
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Venise veut canaliser son flot de touristes

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Venise, ce sont 30 millions de visiteurs chaque année pour seulement 54 000 habitants. La ville construite sur pilotis, dont les fondations sont déjà fragilisées par l'érosion liée à l'eau de mer, souffre du tourisme de masse. Les Vénitiens se plaignent notamment des ruelles bondées et du manque de civilité de certains visiteurs. Pour leur redonner de l'oxygène, le maire de la Sérénissime a décidé de prendre plusieurs mesures visant à limiter le nombre de voyageurs.

Venise fera ainsi bientôt payer jusqu'à 10 euros de droit d'entrée aux touristes en haut de saison et balise déjà leur parcours, leur interdisant l'accès à certaines rues.
De même, le nombre de participants au carnaval sur la place Saint-Marc est désormais limité à 20.000. En parallèle, la création de nouveaux hôtels en centre-ville est interdite.

Enfin, régulièrement décriés comme contribuant à l'érosion du fait des remous qu'ils occasionnent, les impressionnants paquebots de croisière qui longent la ville seront désormais priés de rester au large.

En France, le Mont-Blanc, 3ème site naturel le plus fréquenté du monde, limite depuis cette année le nombre de touristes à 214 par jour pour endiguer l'afflux de visiteurs.



A Barcelone, les voyageurs ne sont pas toujours les bienvenus


L'Espagne est le deuxième pays le plus fréquenté au monde après la France, et Barcelone arrive en tête des villes ibériques avec 7 millions de touristes par an. Mais cette nouvelle ne ravit pas tout le monde, notamment pour une conséquence économique : l'explosion du nombre de locations en AirBnB fait progressivement augmenter les loyers des habitants, et finit par les chasser de leur propre ville.

Cette situation exaspère les Barcelonais. Ainsi il n'est plus rare de lire le message « Tourist go home » (« Touriste, rentre chez toi », ndlr) sur les murs, le sol ou des banderoles. Durant l'été 2018, 500 habitants s'étaient réunis pour manifester leur mécontentement. Un an plus tôt, un groupe d'activistes avait même attaqué un bus touristique, peignant le message « le tourisme tue les quartiers » sur le pare-brise du véhicule.

La mairie a décidé d'agir, luttant contre les locations saisonnières en obligeant les propriétaires à être titulaires d'une licence de location. Les plateformes AirBnB et Homeaway se sont vu infliger une amende de 600.000 € pour avoir publié des annonces ne respectant pas ces critères.

Le climat n'est pas plus propice aux hôtels. Plus aucune ouverture n'est autorisée en centre-ville, et ceux qui voudraient engager des travaux de rénovation sont contraints de réduire le nombre de chambres.

A lire également : Paris inflige une amende à AirbnB

Amsterdam suit les traces de Barcelone. Les locations AirBnB vont y être restreintes, et même interdites dans certains quartiers pour éviter l'explosion des loyers. Les cars et les bateaux de tourisme sont désormais bannis du centre-ville, comme les hôtels flottants ou les calèches. Enfin, la mairie compte alourdir la taxe de séjour, qui pourra atteindre jusqu'à 10 euros par nuit.



En Asie du Sud-est, les îles victimes de leurs visiteurs

Le tourisme de masse est aussi source de déséquilibres, voire de catastrophes écologiques. Les incivilités des visiteurs et la pollution supplémentaire coûtent cher à des écosystèmes déjà fragiles. La Thaïlande, qui compte 35 millions de touristes par an, voit ainsi ses fonds marins se dégrader progressivement du fait des nombreux bateaux qui emportent une partie de la flore sous-marines avec leur ancre et des touristes qui marchent sur les coraux.

En 2018, le pays a dû prendre la décision radicale d'interdire l'accès à Maya Bay, site qui a servi de décor au film La Plage avec Leonardo DiCaprio en 2000. Avec 5000 visiteurs par jour, une bonne partie du récif corallien a été détruite et la plage a subi une forte érosion. Le site devrait rouvrir en 2021, mais le nombre de visiteurs autorisés à s'y rendre sera limité et les bateaux auront interdiction d'y jeter l'ancre.

Au Viêt-Nam, c'est la baie d'Along qui inquiète. 15 000 visiteurs s'y pressent chaque jour dans un balai incessant de bateaux de tourisme. Conséquence : le site est pollué par d'innombrables déchets qui flottent et laissent des odeurs nauséabondes. Malgré cela, les autorités se refusent pour le moment à limiter le nombre de touristes pour des raisons économiques.

En 2017, pas moins de 400 bateaux de croisière avaient jeté l'ancre près de l'île de Santorin en Grèce. En comptant les touristes logés sur place, la célèbre île des Cyclades accueillait 70 000 touristes par jour. Les autorités ont décidé de limiter le nombre de personnes débarquant à 8000 par jour.

L'Italie fait la chasse aux touristes « sans-gênes »

Du côté italien, ce sont les incivilités croissantes des visiteurs qui exaspèrent, notamment lorsqu'il s'agit des monuments historiques.

A Florence, la mairie est lassée des touristes mangeant leurs sandwichs sur les marches des monuments. Pour empêcher ces pique-niques, les marches sont régulièrement arrosées le midi.

Du côté de Rome, manger une nourriture « salissante » en pleine rue peut coûter cher, comme se baigner dans une fontaine. Les valises à roulettes et les poussettes sont également interdites dans les escaliers des monuments. Les amendes peuvent être lourdes.

Certaines villes sont dépassées par le succès de séries

En Croatie, la ville de Dubrovnik est victime du succès de la série Game of Thrones. Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979, ses autorités ont décidé de réduire le flot de visiteurs en le faisant passer de 10 000 à 4000 par jour.

En Ukraine, ce sont les sites de Tchernobyl et Pripiat qui suscitent un intérêt croissant, suite à la diffusion d'une série dont le sujet est la catastrophe nucléaire de 1986. Si la visite ne soulève, selon des scientifiques, pas de risques sanitaires, ce sont les photos indécentes que prennent certains touristes sur les lieux de la tragédie qui soulèvent la polémique.

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