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Les banques vont-elles bientôt taxer les comptes courants ?

Il est loin le temps où les banques réfléchissaient à rémunérer les dépôts sur les comptes courants. L'entrée dans l'ère des taux négatifs a aujourd'hui des conséquences sur la rentabilité des banques. En Europe, les banques privées se mettent progressivement à répercuter leurs pertes en taxant les dépôts de leurs clients fortunés.

Temps de lecture : 2 minute(s) - Par Céline Dulary | Mis à jour le 03-01-2021 21:35:00 | Publié le 10-10-2019 12:13  Photo : Siège d'UniCrédit  
Les banques vont-elles bientôt taxer les comptes courants ?

Les banques paient des pénalités lorsqu'elles ont trop de liquidités

Face au ralentissement de l'économie, la Banque Centrale Européenne a fait le choix de pratiquer une politique de taux d'intérêt très bas, voire négatifs. Depuis 2014, les banques paient une pénalité lorsqu'elles déposent des liquidités auprès d'elle.

Or, la Banque Centrale impose à tous les établissements bancaires commerciaux de déposer auprès d'elle un pourcentage des dépôts qu'elles collectent. Avec cette politique contraignante, elle souhaite soutenir la croissance, en incitant les banques à prêter de l'argent aux agents économiques afin qu'ils achètent ou investissent. Mais plus leurs clients conservent de l'argent sur leur compte courant, plus les banques se retrouvent dans l'obligation de payer.

Ces taux négatifs sont donc synonymes de pertes pour les établissements bancaires. Pour les banques privées, qui gèrent les avoirs de personnes fortunées, la facture peut s'avérer très lourde : selon un rapport du cabinet McKinsey, un tiers des dépôts effectués par leurs clients ne sont pas investis.

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Les banques privées européennes ont commencé à taxer les dépôts

Face à cette situation qui se prolonge dans le temps, les professionnels réfléchissent à s'adapter. Certaines banques privées étrangères ont déjà décidé de taxer les dépôts de leurs clients, répercutant ainsi le coût des dépôts auprès des banques centrales. La banque suisse UBS, les danoises Jyske Bank et Sydbank ont par exemple mis en place une politique de « taux d'intérêt négatif » pour tous les comptes courants dépassant 1 million d'euros.

UBS a récemment annoncé étendre cette politique aux comptes garnis de plus de 500 000 euros, avec un taux négatif de 0,6% par an. Les banques allemandes ont également sauté le pas, au taux de 0,4% pour les dépôts supérieurs à 400 000 euros. La banque italienne UniCrédit vient d'annoncer faire de même dès 2020 pour les comptes supérieurs à 100 000 euros.

L'objectif de toutes ces banques : inciter leurs clients à aller vers de l'investissement plutôt que de conserver des liquidités sur les comptes courants. « Nous offrons des alternatives aux clients, qui peuvent choisir d'investir dans des fonds de trésorerie avec des rendements proches de zéro plutôt que d'avoir un taux négatif en dépôt (…). Mais de plus en plus, ces taux négatifs vont être passés aux clients qui ont de gros dépôts », a expliqué Jean-Pierre Mustier, directeur général d'UniCrédit et président de la Fédération bancaire européenne (FBE), lors d'un entretien sur BFM Business début octobre.

En France, la banque privée Lombard Odier est pour le moment la seule qui ait commencé à taxer les dépôts de ces clients. Depuis octobre, les comptes courants dépassant 1 million d'euros sont soumis aux taux négatifs. Il n'est pas exclu que d'autres banques privées puissent suivre le mouvement.




Avec une politique de taux négatif à 0,6%, un client qui disposerait de 600 000 euros sur son compte courant serait prélevé de 3600 euros à la fin de l'année.

Les banques françaises traditionnelles pourraient-elles taxer les dépôts ?

Le gouverneur de la Banque de France a récemment tenté de calmer les craintes, rappelant que le phénomène ne touche que les établissements bancaires destinés aux très gros patrimoines. « Aucune banque française n'applique aujourd'hui de taux négatifs à ses déposants particuliers habituels ou à ses PME, et nous comptons bien que cela demeure en l'état. (...) Il n'est pas question que ceci s'applique aux particuliers habituels ou aux PME », a martelé François Villeroy de Galhau.

Les banques grand public sont en effet pour l'instant très loin de vouloir taxer les dépôts, bien que les Français conservent plus de 440 milliards d'euros sur leurs comptes courants. Contrairement à de nombreuses banques étrangères, elles avaient par le passé toujours refusé de rémunérer les comptes courants lorsque les taux étaient positifs. Vouloir les taxer alors que les taux sont devenus négatifs serait probablement très mal perçu par les particuliers et les entreprises.

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