Sortie le 7 novembre
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L'environnement économique international se dégrade : tensions protectionnistes, incertitudes autour du Brexit, interrogations sur l'orientation des politiques économiques dans certains pays. Partout en Europe, les prévisions de croissance sont revues à la baisse. Les politiques monétaires, si elles sont accommodantes, conduisent à des taux négatifs. Les risques internationaux s'accentuent. La France se maintient uniquement pour le moment, par sa demande intérieure. Explications de Sébastien Oum, spécialiste en gestion des risques de change.
G7, sommets européens, banques centrales, Etats… Les constats, au fil des derniers évènements prédisaient une montée des risques internationaux. La réalité vient rattraper les prévisions. En effet, l'environnement international est la cible de contradictions qui limitent les possibilités de croissance, essentiellement provoquées par les poussées protectionnistes. Brandies comme des menaces, elles se caractérisent nettement en Chine et aux Etats-Unis et déroutent les négociations commerciales en cours. Le Brexit dans ce climat, apparaît comme cumulatif. S'ajoutent aux doutes, les orientations économiques de l'Italie, de l'Espagne, de l'Allemagne qui suscitent de l'attentisme. Donc, un net recule de l'investissement des entreprises. Jusqu'ici, rien de nouveau, si ce n'est que les obstacles partout s'additionnent et prennent l'allure d'une bombe à retardement. Sur le plan monétaire, les acteurs se montrent souples avec la situation, dépourvus de marges de manoeuvre. Autant d'indicateurs qui encouragent les nations à se replier sur la demande intérieure, particulièrement les pays aux économies dites avancées. Enfin, dernière preuve d'une conjoncture en berne, l'industrie est à la peine alors que d'autres secteurs moins exposés, sont en dynamique. Dans ce scénario, la France n'est pour le moment pas affectée. Sa demande intérieure est forte. Son commerce extérieur résiste aux tensions protectionnistes et les exportations se poursuivent, notamment avec des livraisons importantes pour la fin 2019 dans le secteur naval et aéronautique. Mais que sera cette hypothèse, si le Brexit n'intervient pas de manière ordonné le 31 octobre ? En effet, il ne faut pas oublier que notre littoral, mais aussi certains secteurs de notre économie nationale pourraient rencontrer des difficultés d'approvisionnement notamment.
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Que se passe t-il alors, pour annoncer un risque international élevé et imminent ? Le feuilleton à rebondissement qu'est devenu le Brexit, a provoqué de nombreux à-coups en terme de flux commerciaux. Dans son enquête parue ce début octobre, l'INSEE révèle qu'après des importations et un stockage britanniques massifs au premier trimestre, le mouvement inverse s'est produit : la chute des importations et le déstockage ont été tout aussi brutaux au deuxième trimestre. En contrepartie, les échanges des partenaires européens du Royaume-Uni ont connu des variations notables mais d'ampleur plus modérée. Dans le même temps, le commerce mondial croît trois fois moins vite que l'an passé, en raison de la guerre sino-américaine, sapé par les hausses de droits de douane et le ralentissement économique en cours. C'est ainsi que l'INSEE révèle que le produit intérieur brut (PIB) des économies avancées ne pourrait augmenter que de +1,7 % en 2019 après +2,3 % en 2018.
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Alors que la Fed a abaissé d'un quart de point les taux directeurs américains cet été et le mois dernier, la Banque centrale européenne (BCE) en fait de même, avec son taux de dépôt et la reprise de ses achats obligataires à partir de novembre 2019, pour 20 milliards d'euros par mois. C'est pourquoi, nous assistons dans la zone euro à des taux dépaysés en territoire négatif. Cet affaiblissement volontaire des taux européens amène à la vigilance ! Car la croissance de l'espace communautaire est moins dynamique qu'aux USA. Le taux de change de l'euro s'affaiblit face au “billet vert”. Sans compter que le baril de Brent en recul cet été, repart à la hausse des suites des attaques en direction des pétroliers du Soudan. Outre la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, d'autres analyses attestent de la montée des risques. Le Brésil connaît à son tour, une baisse significative de son activité industrielle. La consommation s'est grippée en Russie du fait de la hausse de la TVA. Le Japon est chahuté pour les mêmes raisons. La crise touche durablement la Turquie et l'Argentine. Marqués par une forte dépendance de leurs partenaires européens, les Etats d'Europe centrale et orientale subissent cette conjoncture défavorable.
Au niveau mondial, les conséquences de l'escalade protectionniste en cours continuent de peser sur l'activité et sans anticipation des risques de change pour les entreprises internationales, le casse-tête risque de durer quelques mois encore. Il est dès lors indispensable d'investir dans les outils efficaces de gestion de ce risque de devises. Une nouvelle programmation de préservation de la trésorerie des entreprises d'import-export sera à affiner d'ici le potentiel dénouement du Brexit. En cas d'échec, c'est-à-dire de “no deal”, les structures de production tout comme le comportement des acteurs économiques affecteraient durablement l'activité. Par ailleurs, si les politiques monétaires et budgétaires des nations concernées par la guerre sino-américaine tentent d'amoindrir ou de corriger les effets des barrières douanières, il ne faut pas compter sur ce bouclier encore trop longtemps. Dernière précaution à prendre : l'Allemagne. Fortement impactée par une perte de confiance des consommateurs et un secteur industriel détérioré, ce pays fort de l'UE s'avance vers des difficultés. La France qui est un de ses partenaires, doit faire montre de prudence.
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