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Dernière mise à jour : 11/07/2025 - 17h35

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DPE : 850 000 logements reclassés… et la rénovation reléguée ?

Le gouvernement réforme le mode de calcul du DPE en 2026, revalorisant mécaniquement des centaines de milliers de logements chauffés à l’électricité. Si les propriétaires applaudissent, les défenseurs du climat dénoncent une rupture de cohérence dans la politique de rénovation énergétique.

DPE : 850 000 logements reclassés… et la rénovation reléguée ?
Temps de lecture : 2 minute(s) - Par | Publié le 11-07-2025 07:30

Le thermomètre change, mais la température ?

Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu ces dernières années un véritable outil de politique publique. Étiquette rouge pour les logements classés F ou G, aides à la rénovation à la clé, interdictions de location progressives… jusqu’à présent, la trajectoire était claire : éradiquer les passoires thermiques d’ici 2034.

Mais voilà que Matignon annonce une réforme du mode de calcul du DPE, applicable dès 2026, qui fera mécaniquement sortir 850 000 logements de la catégorie F ou G. L’enjeu ? Un nouveau coefficient de conversion de l’électricité, désormais plus favorable, censé mieux refléter le mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire.

En clair, les logements chauffés à l’électricité, jusqu’ici pénalisés, verront leur note DPE s’améliorer sans travaux. Pour les propriétaires concernés, c’est une valorisation bienvenue, qui ouvre la porte à des hausses de loyers, à une revente facilitée, ou à la fin d’interdictions de location.

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Des arbitrages politiques sous haute tension

Mais cette annonce soulève des critiques. Car si le nouveau calcul paraît techniquement défendable, il envoie un signal politique ambigu. Après les assouplissements de février 2024 (qui avaient sorti 140 000 petits logements de la catégorie F/G), cette nouvelle réforme ressemble à un recul stratégique sur la rénovation énergétique.

Dans les faits, le gouvernement change les règles sans changer les logements. Résultat : les ménages les plus exposés aux hausses de facture (locataires de logements mal isolés) risquent de subir durablement les effets de l’inefficacité énergétique, sans pouvoir compter sur une amélioration concrète. En parallèle, les aides publiques à la rénovation fondent : le budget de MaPrimeRénov’ passe de 5 milliards en 2023 à 3,6 milliards en 2026, et le dispositif est suspendu depuis juin pour les gros chantiers.

Les critiques pleuvent : pour plusieurs ONG, cette réforme affaiblit l’incitation à rénover. Le signal est d’autant plus préoccupant qu’il intervient alors que la stratégie nationale bas-carbone et les engagements de l’accord de Paris imposent un rythme de décarbonation accéléré.


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Entre équilibre énergétique et justice sociale

Côté gouvernement, l’argumentaire repose sur une meilleure prise en compte de la réalité physique du mix énergétique français. L’électricité étant majoritairement produite à partir de sources décarbonées (notamment le nucléaire), il était jugé injuste de la pénaliser au même niveau que le gaz ou le fioul.

Mais derrière ce rééquilibrage, plusieurs économistes alertent : l’efficacité énergétique reste le facteur clé pour réduire les consommations. Et cette réforme risque de brouiller le message adressé aux ménages et aux acteurs du bâtiment.

De nombreux observateurs appellent donc à un nouveau cadre incitatif, plus lisible et mieux financé. Car si la relance de la rénovation énergétique est vitale, elle nécessite un effort collectif sur la durée : formation des artisans, accompagnement des ménages, financement stable et indicateurs clairs.

En modifiant le thermomètre, le gouvernement apaise une partie des propriétaires… mais prend le risque d’anesthésier l’effort collectif de rénovation. Dans un pays où le logement pèse pour près de 30 % des émissions de CO?, ce genre de réforme n’est jamais neutre.



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