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Pourquoi la grève de la RATP est-elle aussi suivie ?



La RATP annonce une journée noire dans les transports parisiens ce vendredi 13 septembre. En cause, la protestation des agents contre la prochaine réforme qui devrait entièrement refonder leur système de retraite. Explications.


Temps de lecture : 4 minute(s) - | Mis à jour le 19-10-2021 14:52:00 | Publié le 12-09-2019 15:51  Photo : © Shutterstock  
Pourquoi la grève de la RATP est-elle aussi suivie ?

Un vendredi noir sur le réseau RATP

Il sera compliqué de se déplacer dans Paris ce vendredi 13 septembre. Le mouvement social de la RATP devrait être l'un des plus importants depuis 10 ans. Aucun métro ne circulera sur 10 lignes. Les RER du réseau RATP (A et B) se feront rares, comme les bus et tramways.

Les lignes de métro qui fonctionneront, à savoir les 4, 7, 8, et 9, seront extrêmement perturbées et ne seront ouvertes qu'aux heures de pointe (de 6h30 à 9 heures et de 17h à 20 heures). Les lignes 1 et 14, qui sont automatiques, devraient fonctionner normalement. Aucune illusion à avoir cependant : monter dans une rame risque d'être très compliqué.

Dès ce jeudi soir, des perturbations sont à prévoir sur la quasi-totalité du réseau des transports franciliens, en dehors des lignes exploitées par la SNCF et des réseaux de bus privés.

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La réforme des retraites comme déclencheur de cette grève massive

Il faut remonter à octobre 2007 pour voir une grève comparable à la RATP. A l'époque, les agents protestaient contre la réforme des retraites portée sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Même scénario cette fois, si le personnel de la RATP fait grève (agents et certains cadres compris), c'est pour s'élever contre la prochaine réforme des retraites préparée par le gouvernement.


Pourquoi la réforme est-elle problématique pour les agents ?


La réforme que souhaite porter le gouvernement (et qui n'est « pas encore écrite » selon le Premier ministre Édouard Philippe), refondrait totalement le système de retraite actuel des agents de la RATP.

En effet, le projet est celui d'une retraite « universelle », c'est-à-dire qui ne comporterait plus aucun régime spécial (il en existe 42 actuellement). Autrement dit, tous les actifs (ou presque) seraient affiliés à un régime de retraite identique, se verraient appliquer le même mode de calcul des cotisations et le même âge de départ.


Quels aspects de la réforme leur parait bloquants ?

Les agents de la RATP bénéficient d'un régime spécial actuellement plus avantageux. Ainsi ils considèrent que ce nouveau régime risque de les pénaliser à plusieurs égards, dont notamment :

- L'âge de départ en retraite : selon la Cour des comptes, il est de 55,7 ans à la RATP, contre 63,5 ans pour les salariés affilié au régime général (entreprises privées).

- Le montant des pensions : une retraite à taux plein correspond à 75% de la moyenne des salaires des 6 derniers mois de travail de l'agent. Dans le privé, la retraite à taux plein est calculée sur les 25 meilleures années. Le projet du gouvernement est de mettre en œuvre une retraite par points, dans laquelle 1 euro cotisé ouvrirait les mêmes droits à tous, quel que soit son métier. Un objectif qui fait grincer des dents, puisque la valeur du point, qui détermine le montant de la pension, peut varier.
Selon les propos d'Arnaud Moinet, un syndicaliste dont les propos sont reportés par le Parisien, « un conducteur de RER peut espérer toucher 2 500 € de pension en partant à la retraite à 55 ou 57 ans. Avec une valeur du point à 0,55 €, c'est une baisse de pension de 500 € par mois qui est à redouter ».

L'âge légal de départ en retraite est actuellement de 62 ans. L'âge moyen de départ en retraite est pourtant de 63,5 ans actuellement, car pour bénéficier d'une retraite à taux plein, il est nécessaire de cotiser au minimum 166 trimestres, soit 41,5 ans actuellement.

Que prévoit actuellement la réforme des retraites ?

Édouard Philippe s'est exprimé le 12 septembre devant le Conseil Économique et Social afin de dessiner les contours de la future réforme. Un sujet explosif, sur lequel le gouvernement est attendu au tournant. Après une longue consultation et la remise d'un rapport en juillet par Jean-Paul Delevoye, le gouvernement a déjà annoncé reporter le projet de loi à 2020.

La logique est de construire un système « universel », commun à tous quel que soit son métier. Édouard Philippe indique que cela créerait « une solidarité entre tous les métiers ». Il estime qu'actuellement le système « est injuste avec les femmes puisqu'il reproduit les inégalités salariales », ainsi que pour ceux « qui n'ont pas des parcours linéaire ». Il est également « peu lisible, en moyenne chaque Français est affilé à 3 régimes et doit attendre le dernier moment pour connaître le montant de la pension. »

Dans cette logique, « 1 euro cotisé », ouvrirait « les mêmes droits à tous quel que soit le métier », ce qui implique la « disparition des régimes spéciaux et des dérogations qui n'ont plus de raison d'exister ». Il évoque néanmoins la prise en compte des risques, de la pénibilité ou de la durée de travail dans l'ouverture des droits, notamment pour les militaires et ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans.

Le système garantirait « une pension au moins égale à 80% du SMIC », ainsi qu'une lisibilité à tout moment : « chaque Français pourra suivre ses points de retraite pour savoir où il en est ».

Sur le même thème : Retraite : avez-vous entendu parler du PERP ?

Une tentative de désamorçage des craintes

Édouard Philippe dit entendre les craintes des Français concernant cette réforme. Il faut dire que les contestations vont bien au-delà des agents de la RATP. Certaines professions libérales s'inquiètent, au même titre que les syndicats de salariés et de fonctionnaires.

Aussi le Premier ministre dit vouloir « lancer des consultations citoyennes dans une logique assez proche de celle qui a prévalu dans le grand débat ». Il poursuit : « nous voulons utiliser des formats différenciés, utiliser le numérique, utiliser les réunions publiques (...) utiliser la capacité de dialoguer directement avec les Français ».

Sur les craintes concernant la valeur du point, le Premier ministre répond vouloir assurer « un haut niveau de retraite » et que les décisions concernant « les garanties à mettre en place » pour déterminer ce qui fixe la valeur du point seront prises collectivement.

Il affirme par ailleurs que l'entrée en vigueur du nouveau système de retraite sera progressive. Elle ne devrait être applicable que pour « les personnes nées après 1963, au plus tôt. Les droits acquis dans le cadre des régimes actuels seront conservés à 100% et le nouveau système ne vaudra que pour l'avenir. (...) Le nouveau système ne s'appliquera qu'en 2040 ».

Un débat doit également être engagé sur le calcul de l'âge légal de départ à la retraite.

La réforme des retraites est-elle nécessaire ?

La réforme des retraites est une problématique récurrente depuis les années 1990. Le système actuel a été bâti après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte où la France comptait 4 actifs pour payer la pension d'un seul retraité. En 2000, il n'y avait plus que 2 actifs pour 1 retraité. Selon les projections, il ne devrait plus y avoir que 1,5 actif pour payer la pension d'un retraité en 2040. Le financement des pensions doit donc évoluer pour permettre de conserver une retraite par répartition équilibrée.

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